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Les années Tito ( archives -documents )
La République fédérative socialiste de Yougoslavie (plutôt que République fédérale socialiste de Yougoslavie2) est le deuxième et dernier nom officiel employé par la Yougoslavie durant la période allant de 1945 à 1992, alors que le pays était dominé par la Ligue des communistes de Yougoslavie et, jusqu'à sa mort en 1980, par la personne du maréchal Tito (d'abord chef du gouvernement, puis chef de l'État, et enfin Président à vie).
La Yougoslavie de Tito a eu la particularité, en tant que régime communiste (dit de « démocratie populaire »), de maintenir durant l'essentiel de la guerre froide une politique de neutralité. À partir de la rupture Tito-Staline en 1948, le pays ne fut plus affilié au bloc de l'Est, et ne fut jamais membre du Pacte de Varsovie. La Yougoslavie participa à la fondation du Mouvement des non-alignés.
République fédérative socialiste de Yougoslavie1
Социјалистичка федеративна република Југославија srSocijalistička federativna republika Jugoslavija hr
Socialistična federativna republika Jugoslavija sl1945 – 1992
Drapeau
ArmoiriesDevise : Bratstvo i jedinstvo
(en français : Fraternité et unité)Hymne : Hej, Sloveni/Slaveni/Slovani
La Yougoslavie en orange
Informations générales Statut République fédérale
État communiste à parti uniqueCapitale Belgrade Langue Serbo-croate
slovène
macédonienMonnaie Dinar yougoslave Fuseau horaire UTC+1 Domaine internet .yu Indicatif téléphonique +38 Démographie Population 1989 23 725 000 hab. Densité 1989 92,7 hab./km² Superficie Superficie 255 804 km² Histoire et événements 29 novembre 1943 Les communistes annoncent leur intention d'établir une Fédération démocratique de Yougoslavie 8 mars 1945 Tito forme son gouvernement à Belgrade 29 novembre 1945 Abolition officielle de la monarchie, proclamation de la République fédérative populaire de Yougoslavie 28 juin 1948 Rupture Tito-Staline 7 avril 1963 Nouvelle constitution ; le pays devient la République fédérative socialiste de Yougoslavie 4 mai 1980 Mort de Tito avril-décembre 1990 Premières élections libres 25 juin 1991 - avril 1992 Sécessions 27 avril 1992 Nouvelle constitution, abandon de l'adjectif socialiste Président de la Ligue des communistes (1er) 1945-1980 Josip Broz Tito Chef de l'État (1er) 1945-1953 Ivan Ribar 1953-1980 Josip Broz Tito (Der) 1991 Stjepan Mesić Chef du gouvernement (1er) 1945-1963 Josip Broz Tito 1963-1967 Petar Stambolić 1986-1989 Branko Mikulić 1989-1991 Ante Marković Entités précédentes :
Entités suivantes :
- République de Slovénie (25/06/1991)
- République de Croatie (25/06/1991)
- République de Macédoine (08/09/1991)
- République de Kosova (22/09/1991)
- République de Bosnie-Herzégovine (01/03/1992)
- République fédérale de Yougoslavie (27/04/1992)
Noms
Cet État eut deux noms officiels :
- Le 29 novembre 1945, la République fédérative populaire de Yougoslavie (Federativna Narodna Republika Jugoslavija) fut officiellement proclamée, après l'abolition officielle de la monarchie.
- Le 7 avril 1963, le pays prit le nouveau nom officiel de République fédérative socialiste de Yougoslavie (Socijalistička Federativna Republika Jugoslavija), qu'il garda jusqu'au 15 janvier 1992 et à l'abandon officiel de toute référence au socialisme.
Les termes de Yougoslavie communiste3, Yougoslavie socialiste4 ou Seconde Yougoslavie5 sont utilisés pour désigner le pays de manière informelle. Pour la période allant de 1945 à 1980, le terme de Yougoslavie titiste (Titova Jugoslavija) est également employé6.
Histoire
Victoire militaire des communistes
Article détaillé : Front yougoslave de la Seconde Guerre mondiale.Durant la Seconde Guerre mondiale, le Royaume de Yougoslavie est envahi par les forces de l'Axe et son territoire démembré. Des gouvernements collaborateurs sont mis en place en Croatie et en Serbie, tandis que le reste du pays est annexé par l'Allemagne, l'Italie, la Hongrie et la Bulgarie. Une guerre de résistance acharnée est bientôt menée et les Partisans dirigés par le chef communiste Tito s'affirment progressivement comme le mouvement de guérilla le plus actif. Le Parti communiste de Yougoslavie fonde avec d'autres partis politiques le Front de libération populaire (Jedinstveni narodnooslobodilački front, ou JNOF), lequel se dote en novembre 1942 d'un organisme politique représentatif, le Conseil anti-fasciste de libération nationale de la Yougoslavie (Antifašističko V(ij)eće Narodnog Oslobođenja Jugoslavije, ou AVNOJ), qui se proclame parlement du pays. Du 21 au 29 novembre 1943, l'AVNOJ tient sa deuxième session à Jajce et établit un programme politique, impliquant la création d'un État fédéral yougoslave, la Fédération démocratique de Yougoslavie, et la tenue après la guerre d'un référendum sur la question du maintien ou non de la monarchie. Un gouvernement provisoire, le Comité national de libération de la Yougoslavie (Nacionalni komitet oslobođenja Jugoslavije, ou NKNOJ) est créé : Tito, proclamé Maréchal de Yougoslavie, en est le premier ministre. La conférence de Téhéran, qui se tient au même moment, apporte un avantage décisif aux Partisans, qui sont reconnus par les Alliés comme le mouvement de résistante légitime, au détriment des Tchetniks. En juin 1944, le roi Pierre II reconnaît à son tour Tito comme le chef légitime des forces armées yougoslaves : un accord est conclu avec Ivan Šubašić, chef du gouvernement monarchiste en exil, pour former après la guerre un gouvernement de coalition, Šubašić étant ministre des affaires étrangères. Les Partisans gagnent du terrain de manière constante ; à l'automne 1944, ils reçoivent l'aide de l'Armée rouge pour libérer Belgrade. Au printemps 1945, les forces de l'Axe et les collaborateurs sont en déroute : Tito forme officiellement son gouvernement le 8 mars. Les derniers combats ont lieu en mai 1945 alors que la Seconde Guerre mondiale est officiellement terminée en Europe. Les troupes de Tito commettent des purges : dans les semaines suivant l'entrée des Partisans en Slovénie, Tito réclame que lui soient livrés les Yougoslaves s'étant réfugiés en Carinthie autrichienne. De 12 000 à 15 000 Slovènes (parmi lesquels des membres de la Garde nationale slovène), environ 7 000 Serbes et 150 000 à 200 000 Croates (dont environ 40 000 Oustachis) sont contraints par les Britanniques à repasser la frontière. Du 12 au 16 mai 1945, environ 120 000 personnes sont massacrées par les communistes. La première année de pouvoir de Tito, après une période de guerre particulièrement violente, se traduit par la répression d'un maximum de 775 000 personnes, dont 260 000 exécutions expéditives7. L'OZNA (Bureau de protection du peuple), police politique des Partisans, a tout pouvoir pour mener une politique de terreur8. Certains villages albanais du Kosovo, tenus par la guérilla du Balli Kombëtar partisane du rattachement à la Grande Albanie, sont rasés et leur population massacrée. La répression au Kosovo, où l'état de siège n'est levé qu'en juillet 1945, fait environ 50 000 morts9.
Mise en place du régime
Le front dirigé par les communistes contrôle l'intégralité du territoire yougoslave en mai 1945. La Yougoslavie est à nouveau un État pleinement constitué, au sein de laquelle sont proclamés les six États « démocratiques » et fédérés du Monténégro, de la Serbie, de la Croatie, de la Bosnie-Herzégovine, de la Slovénie et de la Macédoine. La question de la nature du gouvernement demeure cependant ouverte, la monarchie n'étant pas encore abolie et le Royaume de Yougoslavie demeurant reconnu, au niveau international, par les Alliés. À la demande du Royaume-Uni, Tito accepte en février de reconnaître l'existence, sur le sol yougoslave, d'un conseil de régence représentant le roi Pierre II, mais le retour du monarque sur le sol yougoslave n'est pas autorisé. Le 7 mars 1945, le conseil de régence proclame un gouvernement d'union nationale sous la présidence de Tito, ce qui constitue sa première et dernière action publique10. C'est sous le seul nom de Yougoslavie, sans aucune mention d'un statut monarchique ou républicain, que le pays signe en juin 1945 la Charte des Nations unies11,12. Ivan Šubašić est membre du gouvernement de Tito jusqu'en octobre, et finit par démissionner du fait de son désaccord avec les communistes. Le 11 novembre ont lieu les premières élections d'après-guerre : la coalition dirigée par les communistes a pris le nom de Front populaire (Narodni front, ou NOF). La campagne est accompagnée de pressions de toutes sortes, de menaces physiques contre les candidats adverses, et d'exclusion de citoyens des listes électorales sous prétexte de collaboration durant la guerre. L'opposition se retire officiellement des élections pour protester contre les conditions de campagne, bien qu'il demeure possible de voter l'absence de liste13. Le Front populaire remporte finalement une moyenne de 85 % des suffrages dans chaque État.
Le 29 novembre 1945, l'Assemblée constituante proclame officiellement la République fédérative populaire de Yougoslavie (RFPY), les différents États prenant également le nom officiel de Républiques. Le Royaume de Yougoslavie est officiellement aboli, bien que le roi refuse d'abdiquer. Le 31 janvier 1946, la constitution de la RFPY est établie et crée les six républiques : la République populaire de Bosnie-Herzégovine (capitale Sarajevo), la République populaire de Croatie (capitale Zagreb), la République populaire de Macédoine (capitale Skopje), la République populaire de Monténégro (capitale Titograd), la République populaire de Serbie (capitale Belgrade), incluant le Kosovo (capitale Pristina) et la Voïvodine (capitale Novi Sad), et la République populaire de Slovénie (capitale Ljubljana). Les républiques obtiennent leur autonomie en matière de langue et de personnel administratif, mais le gouvernement central reste puissant14. Le Kosovo, à majorité albanaise, et la Voïvodine, à forte minorité hongroise, sont des provinces autonomes de la Serbie, à laquelle elles sont rattachées par un lien assez lâche15. Ivan Ribar est chef de l'État en tant que Président de l'Assemblée populaire, Tito demeurant chef du gouvernement et secrétaire général du Parti communiste de Yougoslavie. Le parti communiste devient parti unique : des élections à candidatures multiples sont organisées, mais sous l'égide du Front populaire de Yougoslavie (Narodna fronta Jugoslavije, plus tard rebaptisé Alliance socialiste du peuple travailleur de Yougoslavie - en serbo-croate Socijalistički savez radnog naroda Jugoslavije), organisation contrôlée par le parti, et qui supervise également les activités syndicales.
Le régime suit les résolutions prises en temps de guerre et se distingue par une pleine reconnaissance de l'égalité et de la diversité des nationalités yougoslaves, au contraire de l'ancien Royaume de Yougoslavie, lequel était marqué par la domination des Serbes ; le centralisme de la monarchie est dénoncé comme signe de l'oppression de la « bourgeoisie serbe ». Les Serbes, très dispersés sur le plan géographique, se trouvent répartis entre sept des huit entités, soit toute la Yougoslavie sauf la Slovénie. La grande nouveauté est la reconnaissance d'une nationalité macédonienne, dans une entité que s'étaient naguère disputées la Serbie et la Bulgarie. Le régime garantit une égalité de droits à tous les peuples, les dirigeants du régime appartenant eux-mêmes à diverses nationalités. Néanmoins, les Albanais n'ont que le statut de « minorité », tandis que les Monténégrins et les Macédoniens, pourtant moins nombreux, ont le statut de « peuples ». La question albanaise en Yougoslavie a été tranchée par un vote de la population du Kosovo qui choisit en août 1945, au cours d'un scrutin marqué par une campagne de terreur envers les électeurs16, son rattachement à la Serbie plutôt qu'à l'Albanie. La langue serbo-croate est considérée comme unitaire, entrainant avec le temps une insatisfaction de la part des Serbes et des Croates, mécontents de voir niées leurs spécificités culturelles et linguistiques17.
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