• Les pompiers descendent dans la rue ce mardi

    Les pompiers descendent dans la rue ce mardi

    • Par Pauline Chateau
    • Mis à jour le 14/03/2017 à 11:11
    • Publié le 14/03/2017 à 11:09

     

    Les pompiers avaient déjà manifesté en novembre 2016.

     

    Les pompiers du Service d'Incendie et de Secours (SIS) manifestent ce mardi après-midi à Paris à partir de 13h30. Depuis de nombreux mois, ils déplorent une dégradation de leurs conditions de travail.

    Fonctionnaires, personnels hospitaliers... C'est désormais au tour des «soldats du feu» de descendre dans la rue, ce mardi. À l'appel de sept syndicats (CFDT, CGT, CFE-CGC-AS, FA/SPP-PATS, CFTC-SPA, SUD SDIS, UNSA), les agents des Services Départementaux d'Incendie et de Secours (SDIS), c'est-à-dire les pompiers relevant de la fonction publique territoriale, doivent manifester à Paris. Objectif affiché: exiger de meilleures conditions de travail.

    Le rassemblement doit débuter à 13h30, et partir de la place de la République pour se diriger vers la place de la Nation. «Nous attendons 5000 pompiers», avance Sébastien Bouvier, référent national pour les Pompiers-PATS de la CFDT. Et pour cause, contrairement à la dernière manifestation, qui avait eu lieu le 24 novembre dernier, cette fois-ci la quasi-totalité des syndicats représentant les SDIS sont présents. «Nous devons être reçus à 16h15 par le cabinet du ministère de l'Intérieur», indique Sébastien Delavoux de la CGT.

    «39 kilomètres parcourus pour faire une intervention»

    Cadences infernales, manque d'effectifs, épuisement... En quatre mois, la colère se fait plus vive, mais les griefs restent identiques. «Quand un camion démarre pour partir en intervention, nous sommes censés être six, mais dans les faits c'est plutôt quatre, et deux dans une ambulance contre les trois personnes exigées», assène Sébastien Bouvier. «Les casernes sont vieillissantes». «L'âge moyen des véhicules vieillit sans cesse», s'alarme Sébastien Delavoux. «Tous les dix ans, les camions doivent subir une révision, qui dure cinq semaines actuellement, et ne sont pas remplacés dans les casernes».

    Parallèlement, le nombre d'interventions ne cesse de s'accroître. Elles ont augmenté de 3,7% en 2015, à 4,4 millions, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Résultat, les pompiers enchaînent les cycles de 24 heures, «payées 16 heures», affirme le représentant syndical. Entre 2011 et 2014, les pompiers ont réalisé 2564 heures en moyenne par an, selon les données compilées dans le «Rapport sur le temps de travail dans la fonction publique», établi par Philippe Laurent, président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale, publié en mai 2016. Pour pallier le manque d'effectifs, les SDIS recourent notamment aux sapeurs-pompiers volontaires et aux jeunes en service civique. Une solution insuffisante pour les syndicats. «Les sapeurs-pompiers sont composés à 70% de volontaires, mais nous sommes confrontés à des difficultés de disponibilité», affirme le syndicaliste CGT. «On en arrive à des situations ubuesques, où des pompiers font 39 kilomètres pour une intervention faute d'effectifs».

    Un budget géré par les collectivités

    La profession est marquée par de nombreux drames ces dernières années. Récemment, un sapeur-pompier volontaire de 30 ans s'est donné la mort dans la caserne de Riotord, en Haute-Loire. Si le suicide relève de multiples facteurs, le taux de suicide chez les «soldats du feu» est particulièrement élevé. Dans les faits, il n'existe aucun chiffre officiel récent. «Des différents retours collectés, il a pu ainsi être dénombré en 2010, sur un échantillon représentatif de plus de 75% de la population des sapeurs-pompiers et autres agents des SDIS, 37 cas de suicides avérés, soit un taux de mortalité par suicide légèrement supérieur à 19 cas pour 100 000», indique néanmoins un document émis par un Groupe de Travail Santé Sécurité Prévention, en 2014. «Sur 250.000 professionnels, on estime qu'il y a entre 50 et 80 suicides par an», estime Sébastien Delavoux.

    Cette situation résulte-t-elle d'une diminution du nombre de jeunes diplômés? «1300 titulaires du diplôme n'ont pas de boulot depuis trois ans», répond Sébastien Bouvier. Sébastien Delavoux confirme ce chiffre, mais affirme qu'il a légèrement diminué. On dénombre ainsi dans l'Hexagone, 41.000 sapeurs-pompiers professionnels et 193.700 sapeurs-pompiers volontaires. Les syndicats s'accordent sur un point: toute la difficulté réside dans le budget des Services départementaux d'Incendie et de Secours, dont les recettes sont composées à 54%, par les contributions des conseils départementaux. L'autre partie étant réservée aux apports des communes (à 40%), de l'État (2%) et des ressources propres (4%). Le financement est assuré à 58% par les conseils départementaux et à 42% par les communes. Or les dotations de l'État accordées aux collectivités territoriales n'ont cessé de diminuer ces dernières années. «Le budget nous paraissait sacralisé, mais ce n'est plus le cas aujourd'hui», se désole le syndicaliste CGT. «Les dépenses d'investissements ont considérablement baissé». À titre indicatif, le budget des SIS est de plus de 4 milliards d'euros en 2015, selon le ministère de l'Intérieur. Cela représente une hausse de 1,1% en valeur brute par rapport à l'année précédente.

     

     

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