• Macron et Castex font d’un «gouvernement de combat» une armée mexicaine

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    Plus on est de fous

     

    Le souhait de ne laisser « aucun trou dans la raquette » a finalement été plus fort que celui de créer des « super-ministères ». Une question cruciale se pose désormais pour Emmanuel Macron et Jean Castex : comment faire travailler ensemble autant de ministres et de secrétaires d’Etat ?

     

    Dimanche soir, l’Elysée a annoncé la nomination de 11 secrétaires d’Etat faisant du gouvernement « ​Castex I » le plus large de la Ve République depuis Alain Juppé en 1995. Ils sont 43, dont 31 ministres.

    Et de 11 qui font 43. Jean Castex dispose désormais d’un gouvernement pléthorique avec lequel il pourrait composer deux équipes de rugby, remplaçants compris. Logique pour un homme natif du Gers, terre d’ovalie. La nomination de 11 secrétaires d’Etat dimanche soir le hisse au niveau de son prédécesseur et voisin landais, Alain Juppé. En 1995, celui-ci menait une équipe de 26 ministres et 16 secrétaires d’État.

    « Quand on parle de gouvernement de mission, intuitivement, on pense à une équipe resserrée, reconnaît l’entourage d’Emmanuel Macron. Mais plus que la quantité, il faut regarder la qualité. Il ne faut pas voir dans cette vague de nominations des secrétaires d’Etat une embolie mais une volonté de couvrir tous les champs, de ne pas laisser de trou dans la raquette. » Sur Europe 1, la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili a posé une condition indispensable à ses yeux au « gouvernement de combat » : « Il faut qu’on ait du monde. »

    Le choix de partir au « combat » avec une telle armée mexicaine étonne quand on sait que le chef de l’Etat s’est séparé d’Edouard Philippe en partie parce qu’il jugeait que les réunions interministérielles, les « RIM », affadissaient sa politique. Même avec une dizaine de ministres supplémentaires, « il n’y aura pas de RIM à 50 personnes », rassure Matignon. Sept ministres occuperont les avant-postes : Bruno Le Maire, Barbara Pompili, Elisabeth Borne, Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti, Jean-Michel Blanquer et Roselyne Bachelot. L’Elysée réfléchit en outre à reprendre une idée portée par Edouard Philippe : une sorte de G5 du gouvernement constitué autour de son noyau dur, auquel il faudra ajouter le futur Haut-commissaire au Plan, François Bayrou. Les 14 ministres délégués, comme les douze secrétaires d’Etat, ne participeront, eux, au conseil des ministres que sur invitation.

    Administration Shiva. Tous feront néanmoins partie d’un « pack gouvernemental ​», dit Matignon, un collectif plus politique dans lequel les ministres pourront se différencier, plus que sous l’équipe précédente. « ​On veut un gouvernement fort, annonce une conseillère. Or, pour qu’ils puissent être forts, les ministres doivent pouvoir porter une parole cash sur un périmètre clair. ​» Des proches d’Emmanuel Macron lui suggéraient de créer une poignée de grands pôles ministériels. Il a renoncé pour au contraire multiplier les portefeuilles et offrir aux partenaires sociaux et aux associations, ceux que Jean Castex appelle « les parties prenantes », des interlocuteurs clairement identifiés.

    Pourquoi un tel dispositif fonctionnerait-il ? Parce que Jean Castex, répondent l’Elysée et Matignon. « Il est allé au charbon dans des administrations sociales et territoriales »

    Ce nouveau chemin est risqué. Pour l’emprunter, les ministres devront veiller à ne pas se marcher sur les pieds. Leurs décrets d’attribution illustrent toute la difficulté de l’entreprise. A la Cohésion des territoires, Jacqueline Gourault devra coopérer avec huit autres ministères, soit la moitié d’entre eux. L’ancienne sénatrice aura ainsi pour charge la fonction publique territoriale comme Gérald Darmanin à l’Intérieur et Amélie de Montchalin à la Transformation publique. Les administrations devront également se réincarner en Shiva. L’inspection générale des affaires sociales pourra être sollicitée par huit des 16 ministères, la direction générale de la cohésion sociale et celle de l’aménagement par sept.

    Pourquoi un tel dispositif fonctionnerait-il ? Parce que Jean Castex, répondent l’Elysée et Matignon. « Il a une expérience nationale et locale très riche. Il est allé au charbon dans des administrations sociales et territoriales. Il a la capacité d’animer une équipe », loue l’entourage d’Emmanuel Macron. « C’est un Monsieur qui a beaucoup de tempérament, d’autorité naturelle, un meneur, un manageur », vante Matignon. A ses côtés, il pourra s’appuyer sur son directeur de cabinet. « A la mairie de Paris, Nicolas Revel a coordonné l’action des adjoints, des administrations centrales et des maires d’arrondissement », complète un conseiller de la présidence.

    Exécution. L’exécutif compte également s’appuyer sur Amélie de Montchalin, ministre de la Transformation et de la fonction publiques. Outre les fonctionnaires, elle a la charge de ce que la macronie appelle le delivery ou, « parce que Jean Castex n’est pas fan des anglicismes, l’exécution des politiques publiques », corrige son entourage. La ministre devra convaincre ses camarades des vertus de la coopération. Elle a commencé à s’entretenir avec chacun d’entre eux pour lister leurs priorités et répondre au mieux à la question suivante : comment agir vite et valoriser le fait que le gouvernement aille vite ? « On ne fait pas de l’interministériel mais de l’interpersonnel », résume le cabinet d’Amélie de Montchalin.

    Un décret autorise désormais le recrutement de 15 conseillers pour un ministre, 13 pour un ministre délégué et huit pour un secrétaire d’Etat. Ce qui représente un total de 518 conseillers, hors Matignon

    Le gouvernement, en pleine opération de remise à zéro, de « reset » pour ne pas plaire à Jean Castex, n’en est pas encore à subir des ateliers de team building mais il a suivi, le 11 juillet, un séminaire au cours duquel le Premier ministre a insisté sur la nécessité de travailler ensemble. Lundi, lors de la première réunion de son cabinet, le Premier ministre a prévenu son entourage : « Vous êtes au cœur de l’interministériel, ce qui nécessite deux qualités essentielles : autorité et bienveillance. »

    Le message doit redescendre à tous les niveaux d’autant qu’un décret autorise désormais le recrutement de 15 conseillers pour un ministre, 13 pour un ministre délégué et huit pour un secrétaire d’Etat contre respectivement dix, huit et cinq auparavant. Ce qui représente un total de 518 conseillers autorisés, hors Matignon. On peut en faire des équipes de rugby avec un tel contingent.

     

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