Question posée par Loola le 27/07/2020

 

Le jeudi 16 juillet, un «numéro AH» (antiharcèlement), ou «numéro antirelous» a été créé par une étudiante en communication de 24 ans. Il s’agit du 07 80 99 37 34. Vous nous demandez si ce numéro fonctionne réellement. Son principe est le suivant : lorsqu’un homme demande à une femme son numéro de téléphone de manière trop insistante, elle peut donner le «numéro AH». S’il contacte ensuite le numéro, l’envoyeur recevra un message sur le consentement.

L’étudiante derrière le numéro explique que les appels sont automatiquement renvoyés vers la messagerie vocale, délivrant le message suivant : «Bonjour, j’espère que tu vas bien. Alors si tu es sur ce numéro, c’est parce que tu as été trop insistant avec une femme ou une fille qui ne souhaitait pas te donner son numéro. Elle s’est sentie forcée de te donner ce numéro pour que tu la laisses tranquille. Un "non" ne signifie pas "continue, peut-être que tu auras ta chance", mais "laisse-moi, je ne suis pas intéressée". J’espère que tu comprendras la prochaine fois. Et bien évidemment, il n’est pas nécessaire de laisser un message. Bonne soirée, bonne journée.»

 

Par SMS, la première réponse donnée engage la conversation : «Hey, j’espère que tu vas bien ?» Puis le SMS suivant est personnalisé, à partir d’une même formulation de base : «Ok, si tu reçois ce message c’est parce que tu as été trop insistant avec une femme/fille qui ne voulait pas te donner son numéro mais qui s’est sentie obligée de le faire pour que tu la laisses tranquille. Un "non" ne signifie pas "insiste encore plus "mais "laisse-moi je ne suis pas intéressée". J’espère que tu comprendras la prochaine fois. Bonne soirée.»

Contactée par CheckNews, Daisy, la créatrice de ce numéro de téléphone, indique qu’elle répond aux messages du lundi au vendredi, «jusqu’à 2 voire 3 heures du matin». «C’est ce que je me suis imposé pour mon propre bien», ajoute-t-elle. Elle reçoit environ 200 SMS par jour, «sans compter les personnes qui testent le numéro». «J’y passe toute la journée», résume-t-elle.

L’étudiante en communication gère aussi un blog, lancé en avril. Elle ne travaille pas pour l’instant, ce qui lui permet de se consacrer entièrement à la gestion du numéro de téléphone. «Si je trouve un travail après, ce sera trop prenant. Je ne sais pas comment ça va se passer.»

 

Messages personnalisés

Le fonctionnement de ce numéro de téléphone n’est pas automatisé. Daisy répond donc à chaque SMS de manière individuelle. «Cela me permet de voir les spammeurs et de les bloquer ou les supprimer directement. Au contraire, le service n’a pas le temps de réagir s’il est automatisé.» Elle affirme en effet avoir subi des tentatives de sabotage dès le week-end suivant le lancement de son service. En plus de tentatives de piratage de son adresse mail, elle indique avoir reçu «plus de 500 messages textes et une centaine de messages malveillants sur le répondeur» durant le week-end. Les numéros ont été bloqués au fur et à mesure. «Ça a très bien marché», se félicite Daisy.

A l’origine de son initiative, le partage, il y a environ deux semaines, de l’ancien numéro de téléphone «antirelous» par un compte Instagram suivi par la jeune femme. Créé en 2017 par deux militants féministes, Clara Gonzales et Elliot Lepers, ce numéro avait été désactivé deux jours après son lancement, suite à une campagne de harcèlement menée notamment par des membres du forum 18/25 de jeuxvideo.com. Daisy partage alors le numéro sur son propre compte Instagram, avant qu’une abonnée ne l’informe que ce numéro ne fonctionne plus.

La blogueuse se souvient alors qu’elle dispose d’un numéro professionnel, qu’elle n’utilise pas. «Sachant que ce service peut aider énormément de personnes, je me suis dit "vas-y". Je n’ai même pas réfléchi deux secondes. Le harcèlement de rue, je sais ce que c’est, et j’ai toujours voulu faire quelque chose de concret pour aider à ce que ça s’arrête. J’ai fait le visuel et j’ai lancé le numéro

 

Cordialement

Mélenn Gautier