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          La gestion par l’Elysée et Matignon de la crise sociale incarnée par les Gilets Jaunes nous a rappelé à toutes fins utiles qu’il n’y a pas de police républicaine a priori (répression dans le sang des soulèvements ouvriers ; Seconde guerre mondiale et Collaboration ; massacres dans les colonies ; guerre d'Algérie et exécutions sommaires sur le sol français - aujourd'hui, 50% d'entre eux votent RN)... car, dans les faits, il n’y a que des gouvernements républicains et une chaîne de commandement du même nom ; de là, par voie de conséquence, des ordres et des comportements républicains ou non.

          La crainte de la vérité du racisme, des discriminations, du sort cruel et injuste qui est fait aux minorités dans la presse de droite et d'extrême droite, celle de la "fausse gauche" aussi, une presse dans le déni (celui de leurs propriétaires qui n'appartiennent pas à des minorités méprisées, sans oublier des préoccupations idéologique, communautaire et géo-politique inavouées car inavouables)... de Marianne au Figaro en passant par Causeur et Atlantico... cette crainte, cette réticence est tellement patente... c'est le déni de toute une classe médiatique, politique et économique pour laquelle la racisme passe après toute autre manifestation de la détestation de l'autre : faut dire que l'Arabe et l'Africain ont tellement "mauvaise presse" et ce depuis des lustres...

     

          Aussi, à l'aune du mépris dont ils peuvent tous faire l'objet, puisque ce mépris politique et médiatique n'a qu'un souhait, le retour des minorités visibles à l'invisibilité des années 60 et 70, tête baissée, reléguée aux tâches les plus ingrates, laissons tous ces Français issus de notre ancien empire colonial s'organiser car personne ne fera rien pour eux ; personne ! en cela, les 50 dernières années leur donnent raison aujourd'hui encore... et chacune des interventions des médias et de leurs lecteurs apporte la confirmation de cette nécessité.

     

    Dans le contexte de la société US…(neuf jours après la mort à Minneapolis de George Floyd, un homme noir de 46 ans, asphyxié par un policier blanc)...

    Rappelons que les USA sont en campagne ; l'électorat de Trump a des exigences qui ne sont pas celles de l'électorat des Démocrates... d’autant plus que Trump n’a qu’un souci : être détesté par le monde entier, en particulier, par ceux qui ne glisseront jamais un « bulletin Trump » dans une urne ; c'est ce qui le rend si populaire... car enfin, combien sont-ils à l'envier ? Des millions, sans doute quelques milliards, anonymes, silencieux, sans audience ni pouvoir. 

    Etre en position d’envoyer paître tous ceux qui ont la prétention de diriger nos vies à quelque niveau que ce soit (familial, local, national, international)... quelle jouissance !

    Ne supportant et ne reconnaissant aucune autorité excepté la sienne, plus symbolique que réelle, Trump est à l'origine d'un nouveau concept : le milliardaire rebelle sans cause.

     

    Les pillages lors des manifestations ?

    Les désordres, les situations locales ou nationales de rupture... offrent des opportunités à tout un chacun ; les médias couvrent celles que saisissent les classes populaires : le pillage des magasins.

    En revanche, les médias se gardent bien de couvrir les prédateurs, les pilleurs, les hyènes du CAC 40 (rien de surprenant : leurs employeurs en font partie) qui profitent de l'effondrement des marchés ( près de 40% entre mars et avril) pour rafler des valeurs dont les détendeurs se sont débarrassés dans la panique alors que ces valeurs sont assurées de retrouver rapidement leurs cours habituels ; des fortunes seront faites sur ce pillage boursier...
     

          Quant aux médias français qui évoquent les risques de "guerre civile", ici en France, à propos d'une demande de justice et de vérité, au moins sait-on à quoi ressemble le lectorat de ces médias ou du moins, après quoi et qui ils courent tous..


  • A propos de Racisme

    « I can’t breathe », je ne peux pas respirer…

    Ces mots ultimes prononcés par George Floyd, avant sa mort, sont devenus la devise de millions de personnes à travers le monde unis dans la dénonciation et le refus du racisme…Mort étouffé, le noir américain est en passe de devenir la figure de proue d’un mouvement de colère incoercible qui se déploie comme une lame de fond.

    Toute la vulgate en matière de compassion, d’empathie, et de dolorisme est convoquée pour mieux affermir la condamnation sans appel d’un acte condamnable sous tous rapports…

    Il n’en fallait pas davantage pour voir ou revoir la problématique du racisme, propulsé ou re-propulsé au devant des préoccupations citoyennes majeures. Un raz de marée humain submerge les quatre coins du monde pour dire Non et mille fois Non au racisme.

     Mais, au fait, quid du racisme ?

    Adhérons-nous,tous, à la même acception du mot racisme ? Recouvre-t-il la même teneur en Amérique, en Asie, en Europe ou en Afrique ? Renvoie-t-il au même registre définitionnel ? Y a-t-il consensus autour de ce théme, on ne peut mieux, clivant ?

    Autant d’interrogations qui traduisent toute la complexité à cerner avec plus ou moins d’exactitude cette idéologie, certes exécrable, que tout le monde réprouve en public, mais qu’il pourrait, éventuellement, sinon approuver, du moins justifier, in peto….

    Il me semble que le plus loyal des combats à mener contre cette hydre est de s’entendre d’abord sur sa signification pour obvier au maximum aux différents amalgames qui peuvent naitre d’une mauvaise définition de ce phénomène vieux comme le monde.

    « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » assurait Albert Camus.

    Pour ma part, Je présume que parmi la foule des manifestants à travers le monde, se trouvent, embusquées, des nuées de racistes invétérés, mais qui, emportées par l’élan populaire qui provoque des effets d’entrainement souvent inconsidérés, grossissent les rangs des protestataires.

     Ils obéissent, ce faisant, à la « tyrannie » du pathos, leur pathos, leur enjoignant de prendre instantanément et surtout mécaniquement, fait et cause pour le mouvement qui s’enclenche. La psychologie des foules développée par Gustave Lebon, dans son livre éponyme, paru en 1895, milite en faveur de cette tendance. En substance, elle met en exergue un fait capital : Au milieu de la foule, on assiste à l’évanouissement de la personnalité consciente et à la prédominance de la personnalité inconsciente. Autrement dit, l’individu se fond complètement dans la foule, en acquiert les reflexes et les comportements avant de devenir simple comparse, cédant, sans trop se poser de questions.

    Ainsi configuré, le mouvement revendicatif n’a pas beaucoup de chances de réussir. La preuve ? Combien de manifestations contre le racisme ont, par le passé, essaimé avant de s’essouffler faute, justement d’un modus vivendi, pouvant réunir les multiples tendances sous une même bannière revendicative ?

    Le racisme, voyez-vous, est un concept à géométrie variable. Il n’est pas entendu, partout, de la même manière. Que l’on soit, en Amérique, en Europe ou en Afrique, le racisme est perçu différemment. Tous les Africains ne sont pas noirs de peau et à ce niveau là, il y a risque réel de voir surgir des conflits raciaux entre compatriotes d’un même patelin. Comment allons-nous nous prendre pour qualifier les actes des uns et des autres ? Qui est auteur, qui est victime de racisme ? Et si le policier Américain, mis en cause dans la mort de George Floyd, avait mis son genou sur un citoyen blanc jusqu’à l’étouffer et provoquer sa mort, aurait-on assisté à ces mêmes scènes d’indignation ? Peut-être que oui, peut-être que non…

    En tout état de cause, si nous nous référons au petit Larousse, nous constaterons qu’il donne deux définitions du racisme.

    Au sens strict, il s’agit « d’une idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains.

    Au sens large, il est défini comme une attitude d’hostilité répétée voire systématique à l’égard d’une catégorie déterminée de personnes ».

    Cette définition, vague et approximative ajoute au cafouillage déjà existant, mais n’évoque à aucun moment, une race quelconque ou une couleur quelconque… Cela laisse la porte ouverte à une foultitude d’interprétations dont la plus prégnante est celle qui accrédite la thèse que le racisme n’est pas l’apanage des blancs seuls, ni que les noirs en sont toujours les victimes expiatoires. Un jeu de rôles parfaitement campé donne aux uns comme aux autres, la possibilité d’interagir et d’inter changer les positions de sorte que victime et bourreau changent assez aisément de camp. Au final, les deux charges sont condamnables. Un bourreau est honni, nonobstant la couleur de sa peau de même qu’une victime est déplorable quelle que soit la couleur de sa peau.

    Seul l’amalgame est porteur de duplicité et d’imposture, autoroute menant à l’impasse de l’incompréhension, de l’intolérance et de la haine.