Le 14 mai, Jamal est mort noyé dans les eaux du bassin de la Maltournée, à Saint-Denis, à l’ombre du stade de France. Cet Algérien originaire de Tizi Ouzou avait 35 ans et vivait en France depuis un an et demi, sans papiers, mais pas sans travail. Jusqu’au début du mois de mars, il bossait dans une boîte de nuit. Le confinement oblige l’établissement à fermer ses portes : Jamal se retrouve vite privé de ressources. Sans logement, il passe régulièrement rendre visite à des amis qui habitent sous le pont de la Maltournée. Une quinzaine de tentes alignées au bord du Canal Saint-Denis, laissant un étroit passage d’une quarantaine de centimètres entre les toiles et l’eau.
«Il est arrivé quelques jours après moi, se souvient Khaled, un Tunisien de 32 ans, lui aussi mis à la rue – «temporairement», insiste-t-il – par la crise sanitaire et ses conséquences sociales. Il a regardé les lieux et vu que les personnes vivant ici n’étaient ni des clochards, ni des gens dangereux.» Atef, originaire de