On connaît la chanson : « Le rock est mort. » Mais on sait aussi que le cadavre bouge encore… si on se met en tête de le chatouiller ne serait-ce qu’un court instant. Pour preuve, des groupes hier encore décédés n’en finissent pas de renaître sous nos yeux, c’est miraculeux ! « Mais c’est avant tout parce que ces artistes sont irremplaçables ! », s’enflamme sans plus tarder le critique rock Philippe Manœuvre, qui poursuit dans le style passionné qu’on lui connaît : « Un groupe de rock, c’est fragile, ça a une durée de vie limitée, en général entre sept et dix ans. C’est le rassemblement de types qui ont un but commun : s’amuser, faire un album, donner des concerts ! Et ainsi de suite, un autre disque, puis des tas de concerts, pendant un temps donné. Après quoi, dans la plupart des cas, le groupe implose… »
Hormis les Rolling Stones, AC/DC (décimés mais toujours actifs), U2, The Cure (mais sans disque inédit depuis quinze ans), Radiohead (inactif depuis 2016 et actuellement en vacances prolongées) et quelques autres, toutes les stars du rock binaire sont passées, un jour ou l’autre, par la case séparation. À laquelle succédera peut-être, plus tard, le temps de l’apaisement, de la nostalgie pour le « bon vieux temps », puis de retrouvailles plus ou moins intéressées et artistiquement sincères.
Vrais-faux divorces
Surfant sur cette dynamique, le festival californien de Coachella s’est fait une spécialité : réunir des groupes séparés puis reformés en tête d’affiche à coups de millions de dollars. Citons les post-punks anglais de Siouxsie and the Banshees, les pré-grunge Pixies, les contestataires Rage Against the Machine, les pontes du ska The Specials, ou encore leurs héritiers de No Doubt, habitués, comme d’autres, à ces vrais-faux divorces.