• Travailleuse pauvre, elle se met en grève de la faim

     

     

     

     

    Travailleuse pauvre, elle se met en grève de la faim

    Photo de la page Facebook d'Aurélie «J'ai le droit de vivre de mon travail».

     

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    Mère de deux enfants, Aurélie, 27 ans, dénonce une situation dans laquelle elle gagne moins d'argent en travaillant qu'en restant chez elle. Elle réclame le droit de «vivre de son travail».

    Aurélie, 27 ans, voudrait vivre de son travail. Or, depuis qu'elle a repris son activité à plein-temps la jeune femme, mariée et mère de deux enfants de 2 et 6 ans, a perdu des aides sociales et ne parvient plus à joindre les deux bouts. «Avant, quand je travaillais à mi-temps et que mon mari était étudiant, entre mon salaire et les aides de la Caf, on touchait à peu près 2000 euros. Et là, depuis qu'on travaille tous les deux à temps plein - moi dans une boulangerie et lui comme clerc de notaire -, on n'a pas assez pour vivre» explique-t-elle sur RMC.fr. Pour dénoncer sa condition de travailleur pauvre, la jeune femme a décidé de se mettre en grève de la faim. Depuis le 6 février, les jours où elle ne travaille pas, elle s'installe devant la mairie d'Auxerre, assise sur un carton et entourée de pancartes. «L'État me prive de travail» peut-on lire sur l'une d'entre elles.

    En CDI l'un et l'autre, Aurélie et son mari gagnent à eux deux près de 2400 euros par mois. Mais à la fin du mois, après la nounou, les factures et le loyer à régler, il ne leur reste plus «que 30 euros pour vivre» détaille la jeune femme. Une grosse partie des revenus du couple permet de payer l'assistante maternelle qui garde les enfants. «Les deux dernières payes s'élevaient à 1048 et 1259 euros» détaille Aurélie sur sa page Facebook intitulée «J'ai le droit de vivre de mon travail». La caisse d'allocations familiales rembourse 290 euros de garde d'enfants au couple et verse 129 euros d'allocations pour les deux enfants. «Le problème aujourd'hui c'est que je gagnais plus d'argent en restant chez moi, à ne pas avoir de frais de garde d'enfant, avec le salaire à mi-temps de mon mari étudiant», précise-t-elle dans une vidéo publiée samedi soir sur Facebook.

    «Je veux travailler! Je ne veux pas d'APL ou d'autres allocations.»

    Aurélie, auprès de France Bleu Auxerre.

    Mais pour Aurélie, pas question d'arrêter son travail. «J'ai entendu à la CAF et à la mairie, que j'étais bête et que je ferais mieux d'arrêter de travailler pour toucher plus d'aides et m'occuper moi-même de mes enfants», déplore-t-elle auprès de France Bleu Auxerre. «Je veux travailler! J'aime ce que je fais et en tant que femme, j'ai le droit de travailler.» Par son action, la jeune femme espère interpeller les politiques pour «qu'on trouve des solutions». «Je ne veux pas d'APL ou d'autres allocations. Je veux simplement qu'on me rembourse mieux l'assistante maternelle pour que je puisse aller travailler.»

    Le cas d'Aurélie n'est pas isolé. D'après l'Observatoire des inégalités, un million de personnes exercent un emploi mais disposent, après avoir comptabilisé les prestations sociales (primes pour l'emploi, allocations logement, etc.) ou intégré les revenus de leurs conjoints, d'un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, soit à peine plus de 800 euros par mois.

     
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