• Un ancien prêtre du diocèse de Bordeaux mis en examen pour viols aggravés

    Un ancien prêtre du diocèse de Bordeaux mis en examen pour viols aggravés

    Un ancien prêtre du diocèse de Bordeaux mis en examen pour viols aggravés

    INFO « SUD OUEST ». Un ancien abbé de 77 ans, figure de la communauté de l’Emmanuel qui a longtemps officié en Gironde, a été mis en examen à Tours, jeudi 25 avril. Il est soupçonné de violences sexuelles sur des sœurs consacrées. Le religieux conteste et plaide « des relations consenties »

    Retraité depuis quelques mois du diocèse de Bordeaux, un ancien prêtre, figure de la communauté de l’Emmanuel, vient d’être mis en examen pour viols par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction sur deux femmes et agression sexuelle par personne abusant de l’autorité que lui confère sa fonction sur une troisième, par une juge d’instruction de Tours. Cet homme, aujourd’hui âgé de 77 ans, conteste les accusations dont il fait l’objet et a été placé sous contrôle judiciaire. Cette mesure est assortie d’une obligation de soins et de plusieurs interdictions, dont celles de se livrer à des prêches ou à des accompagnements spirituels, a indiqué à « Sud Ouest » la procureure de la République de Tours, Catherine Sorita-Minard.

     

    À ce stade, l’ancien abbé est soupçonné d’avoir commis des violences sexuelles sur des sœurs consacrées de la communauté de l’Emmanuel, une association internationale publique de fidèles de droit pontifical. Les faits allégués remontent à plusieurs années et auraient, notamment, été commis dans la région bordelaise, lors d’accompagnements spirituels. « La période de prévention, pour le chef de viol aggravé, s’étend de 2009 à 2013, et de 2008 à 2017 pour le chef d’agression sexuelle aggravée », précise Catherine Sorita-Minard. Le religieux, ex-recteur des sanctuaires de Paray-le-Monial (Saône-et-Loire), ex-postulateur de la cause en béatification de Marthe Robin et intellectuel spécialiste en histoire de la spiritualité et en théologie spirituelle, reconnaîtrait des rapports sexuels consentis avec les deux victimes présumées de « viol », mais aucune infraction pénale.

    « Une affaire complexe »

    « J’estime que sa mise en examen est une erreur, décidée à l’aveugle. S’il n’avait pas été prêtre, il n’y aurait jamais eu de dossier pénal. C’est une affaire beaucoup plus complexe qu’elle n’y paraît. La défense fera face et sollicitera toutes les confrontations nécessaires », souligne l’avocat de l’abbé retraité, Me Charles Dufranc, du barreau de Bordeaux.

    Son client a été déféré au palais de justice de Tours jeudi 25 avril, à l’issue d’un placement en garde à vue mené dans le cadre d’une enquête préliminaire diligentée par le parquet de la capitale d’Indre-et-Loire. Les investigations, confiées aux gendarmes, ont débuté en 2022 par au moins un dépôt de plainte contre l’ecclésiastique, transmise au parquet de Bordeaux qui s’est dessaisi au profit de celui de Tours, sur le ressort duquel réside le religieux. « Plusieurs femmes ont été entendues dans le cadre de ces investigations », précise la procureure de Tours qui a décidé, jeudi, d’ouvrir une information judiciaire. Deux femmes auraient déposé plainte.

    Démis de ses fonctions

    En 2017, l’homme d’Église avait été visé par une procédure religieuse et démis temporairement de ses fonctions « à la suite de gestes gravement inappropriés vis-à-vis d’une femme majeure », précisait à l’époque un communiqué de la communauté de l’Emmanuel. La communauté avait révélé l’information, sans donner de détail sur les gestes, après avoir été informée par une fidèle. Cette dernière, une jeune femme, n’avait pas déposé plainte au pénal.

    En lien avec les responsables de la communauté de l’Emmanuel, le cardinal Jean-Pierre Ricard, alors archevêque de Bordeaux, avait pris « des mesures conservatoires » à l’encontre du prêtre : il lui avait été demandé d’interrompre ses charges pastorales et de renoncer, jusqu’à nouvel ordre, à la prédication de retraite et à l’accompagnement spirituel. Cette procédure a, semble-t-il, libéré la parole au sein de la communauté de l’Emmanuel où trois nouveaux témoignages sont apparus.

    En 2018, l’abbé a été affecté dans une paroisse près de Toulouse. Son arrivée avait suscité des interrogations, révèlent des articles de France 3 Occitanie et « La Croix » de mars 2019. Assez rapidement, le religieux était revenu en Gironde, dans la paroisse d’Arcachon-La Teste, où il est resté jusqu’à sa retraite, en juin 2023. Pour l’heure, aucun des faits pour lesquels il est mis en examen n’est postérieur à sa sanction par l’Église en 2017.

    L’information judiciaire devra, entre autres, déterminer si les relations entre le prêtre et les sœurs, qui avaient tous fait vœu de chasteté, étaient ou non consenties. Le sujet d’une éventuelle emprise sera sans doute au cœur des investigations.« On amalgame la difficile question de la détermination du consentement et celle de l’interdit religieux. Mon client reconnaît avoir transgressé l’interdit religieux, mais pas la loi pénale. L’emprise a bon dos pour qualifier des relations qu’on n’assume pas. On ne devrait pas tomber là-dedans », contre-attaque, déjà, MDufranc.

    « Alphabet annonce son premier dividende, l’action décolleOrages, grêle, vent : huit départements du Sud-Ouest placés en vigilance orange ce samedi »