• Une enquête en cours sur la mort d’une patiente, après une opération bénigne dans une clinique, près de Bordeaux

    Une enquête en cours sur la mort d’une patiente, après une opération bénigne dans une clinique, près de Bordeaux

    Une enquête en cours sur la mort d’une patiente, après une opération bénigne dans une clinique, près de Bordeaux

    Le 4 mars dernier, Gwenaëlle Leterme, 38 ans, décède, six jours après une intervention chirurgicale bénigne à la Nouvelle clinique de Bordeaux-Tondu, à Floirac. Ses proches s’interrogent sur sa prise en charge et ont porté plainte. Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Bordeaux

    Des manquements ont-ils été commis dans la prise en charge médicale d’une jeune femme, Gwenaëlle Leterme, hospitalisée à la Nouvelle clinique Bordeaux-Tondu et morte le 4 mars dernier, quelques jours après une intervention chirurgicale bénigne pratiquée dans cet établissement privé ? Cette question est au centre d’une plainte contre X déposée par la famille de la défunte, révélée par le site Actu.fr.

    Contacté par « Sud Ouest », le parquet de Bordeaux précise qu’une enquête préliminaire est en cours. « À ce stade, l’enquête est ouverte pour ‘‘recherches des causes de la mort’’. Une autopsie a été réalisée le 8 mars. La question de l’ouverture d’une information judiciaire n’est pas encore tranchée », indique-t-on au parquet, sans plus de détails sur les résultats de l’autopsie. Les investigations débutent et ont été confiées à la division de la criminalité territoriale.

     

    Elle préparait son mariage

    Gwenaëlle Leterme avait 38 ans, un enfant de 7 ans et préparait son mariage. « La noce était prévue pour le 21 juin. C’est moi qui devais les marier », témoigne son père, Jean-Luc Leterme, adjoint au maire d’un village du Libournais, Bonzac, et retraité du secteur médico-social. Le 27 février dernier, sa fille est admise à la Nouvelle clinique Bordeaux-Tondu, à Floirac, pour une intervention chirurgicale a priori sans danger : l’enlèvement de deux kystes du tractus thyréoglosse, un type de kyste parmi les plus fréquents dans le cou.

    Gwenaëlle Leterme avait 38 ans, un enfant de 7 ans et devait se marier, le 21 juin prochain.Gwenaëlle Leterme avait 38 ans, un enfant de 7 ans et devait se marier, le 21 juin prochain.

    Famille Leterme

    « L’opération dure une petite heure, sous anesthésie générale. À notre connaissance, elle semble s’être déroulée normalement. Après l’intervention, un drain a été posé. Gwenaëlle devait sortir de la clinique le 2 mars. Ce jour-là, elle avait rendez-vous chez le traiteur pour son mariage », raconte M. Leterme.

    Mais rapidement après l’intervention, la jeune femme ressent des douleurs, des problèmes de déglutition, des difficultés à respirer. Elle en parle aux soignants et à ses proches. « Les douleurs ont empiré, le drain lui faisait extrêmement mal. Des traitements antidouleur lui ont été donnés, mais la souffrance restait. Le 1er mars, le médecin qui l’avait opérée a décidé d’enlever le drain. D’après des SMS de notre fille, il ne lui paraissait pas convaincu », poursuit Jean-Luc Leterme.

    Le drain est envoyé en laboratoire pour analyses et des bactéries streptocoques A sont détectées. « Gwenaëlle a été mise sous antibiotiques. À 21 h 42, le 1er mars, elle envoie son dernier SMS. Elle dit ressentir un engourdissement de la langue, de la mâchoire, qu’elle appelle des soignants mais que personne ne vient », relate son père.

    Vers 1 heure du matin, la trentenaire fait un arrêt cardiorespiratoire au sein de la clinique. Des soignants tentent de la ranimer, elle est conduite au bloc. Le CHU de Bordeaux est alerté et elle y est transférée en urgence par le Samu. « Il était déjà trop tard. Elle était en état de mort cérébrale et a été déclarée officiellement décédée le 4 mars », poursuit Jean-Luc Leterme. Il n’a pas vu sa fille avant sa mort. « Nous étions en vacances au Maroc, en camping-car. On était partis tranquilles, ce devait être une petite opération. »

    « La confiance s’est rompue »

    Plongée dans la douleur, la famille a dû attendre plusieurs jours avant de récupérer le corps et de pouvoir organiser les obsèques, une autopsie ayant été ordonnée. « On a appris du CHU qu’ils avaient adressé un signalement au parquet pour ‘‘événement indésirable grave’’. On n’en a pas su davantage. Aujourd’hui encore, nous n’avons pas d’information sur les résultats de l’autopsie », précise le père de la défunte, qui s’interroge sur les soins dispensés à sa fille au sein de la Nouvelle clinique Bordeaux-Tondu. « Je crains que sa souffrance n’y ait pas été prise au sérieux. »

    « Aujourd’hui encore, nous n’avons pas d’information sur les résultats de l’autopsie »

    Assez vite, il a demandé à l’établissement le dossier médical de son enfant. « J’ai dû relancer et je ne l’ai obtenu qu’au bout de cinq jours. J’ai demandé un complément d’informations et là aussi cela a mis plusieurs jours. Il y a des inconnues, des points qui paraissent incohérents. La confiance s’est rompue et nous avons décidé, en famille, de ne pas poursuivre devant la commission des usagers et de saisir la justice. Nous voulons savoir ce qui est arrivé à Gwenaëlle. » Jean-Luc Leterme a été entendu, le 16 avril, par les enquêteurs.Sollicitée par « Sud Ouest », la clinique, qui appartient au groupe Saint-Gatien, déclare « ne pas être autorisée à s’exprimer sur ce dossier, du fait du secret médical ». « Les personnels sont très affectés. Un décès à la suite d’une intervention bénigne reste une situation exceptionnelle », précise-t-elle, confirmant que le dossier médical a été transmis à la famille cinq jours après sa demande, « en temps et en heure ». « Il y a eu une volonté de dialogue et d’échanges avec la famille, assure l’établissement. Une réunion de la commission des usagers leur a été proposée. Mais ils ont refusé le rendez-vous, le 9 avril dernier. »

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