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    Déjà plus de cinq mois de manifs hebdomadaires et de confrontation, souvent violente, avec les forces répressives du pouvoir, n’ont pas permis de dessiner l’ébauche d’une solution crédible à la crise, ni l’ébauche d’une solution politique alternative.

    Les quelques « mesures » prises par le pouvoir n’ont eu pour but que de faire illusion, de duper ceux qui ont bien voulu y croire, de faire payer un peu plus le contribuable, et donc de diviser le front unitaire qui s’était spontanément formé le 17 Novembre, au tout début du mouvement des Gilets Jaunes.

    Une des premières motivations de ce mouvement était l’excès de pression fiscale en France. Une autre était le relèvement des bas revenus, et notamment du SMIC. Or le pouvoir a réussi ce tour de passe-passe de prétendre avoir augmenté le SMIC, alors qu’il n’a fait qu’augmenter encore la pression fiscale sans rien ajouter au SMIC qui n’était déjà prévu ! Une prime, et en plus limitée comme accès en pratique, n’a jamais été réellement un salaire.

    Alors que parmi les taxes et impôts diverses, la CSG, à elle toute seule, représente déjà 9,2% du salaire brut, et notamment, du SMIC, soit 139,95€.

    Son abolition remonterait donc le salaire net du Smicard à 1311,29€, soit déjà légèrement au dessus de la revendication initiale des Gilets Jaunes, qui était à 1300€ net sur la liste des 42 revendications du 29 Novembre 2018

    https://tribunemlreypa.wordpress.com/2018/12/02/gilets-jaunes-un-cahier-de-revendications-adresse-a-lassemblee-nationale/

    Pour une famille monoparentale le seuil de pauvreté (Eurostat) est à 1334€, et ne serait donc pas encore franchi. C’est pourquoi la revendication récemment proposée sur la liste en 10 points, à 1400€ net, et reprise de la pétition Ab.CICE, n’est en rien abusive.

    https://gjles42revendications.wordpress.com/2019/04/15/10-objectifs-revendicatifs-pour-le-1er-mai-et-ensuite/

    https://www.change.org/p/emmanuel-macron-mettre-fin-au-scandale-%C3%A0-40-milliards-du-cice-et-de-son-substitut-actuel-82eed49b-2055-4be5-a0b0-4dcc8e80e771/u/24378388

    Il resterait donc près de 90€ à conquérir comme augmentation en salaire net, soit un équivalent total en salaire brut actuel de l’ordre de 1820€.

    Cependant, incontestablement, une grande partie des TPE-PME, qui représentent 70% du salariat en France, ne peuvent déjà pas faire face à leurs charges sociales sans les aides financières déjà prises sur nos impôts et taxes, et, de plus, la CSG est encore un impôt supplémentaire destiné à financer directement la Sécu.

    Par contre les grands groupes monopolistes industriels et financiers, qui échappent déjà grandement, tant par des moyens légaux que illégaux, au fisc, et qui profitent et surtout, abusent, en plus, des aides publiques, réalisent des bénéfices exponentiels, qui ont même continué d’augmenter, malgré la crise.

    Une nouvelle répartition des charges et cotisations sociales s’impose donc, comme corollaire indispensable, tant d’une hausse du SMIC que de l’abolition de la CSG, appelées à se réaliser conjointement.

    Un tel mode de répartition, fixé par un quotient qui aura force de loi, et non pas comme faveur gouvernementale prise sur nos impôts, équivaut en fait à une véritable taxe sociale sur le capital financier.

    C’est pourquoi, en dépit de leurs proclamations anti-fiscalité véhémentes, la plupart des « leaders » du mouvement GJ se gardent bien de mettre en avant une telle revendication, qu’ils soient de droite ou de gauche.

    Au moins pire des cas on retrouve parfois des formulations démagogiques mais délibérément inapplicables, faute d’une nouvelle répartition des charges.

    C’est pourquoi il leur est plus commode d’amuser la galerie avec le RIC et le prétendu rétablissement de l’ISF qui ne représentera qu’un pourcentage extrêmement minime de la solution.

    C’est pourquoi, des 10 points mis en avant comme objectifs sociaux, et bien évidemment, sans abandonner l’abrogation du CICE, complément indispensable et même urgent, c’est l’abolition de la CSG qui doit prévaloir comme mot d’ordre à court terme, parce que c’est, actuellement, celui qui peut amener à poser les vraies questions de la fiscalité et du progrès social en France. Et déboucher sur une remise en cause, non pas du « modèle français », déjà mort et enterré sous les précédents gouvernements, mais sur une remise en cause du système lui-même qui engendre ce genre de crise, en réalité insurmontable : le capitalisme.

    Un système qui, depuis des mois, ne peut plus répondre aux besoins sociaux manifestement exprimés que par des coups de matraques, des pluies de grenades et des peines d’emprisonnement, a déjà, en réalité, cessé d’être légitime.

    Il est déjà plus que temps, donc, pour le mouvement social, de s’unifier sur ses revendication les plus évidentes et les plus urgentes, et de faire ainsi valoir sa propre légitimité, base d’une réelle alternative anticapitaliste.

     

     

     

     


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    D’une certaine façon, Alexandre Mirlicourtois vient de nous faire assister au triomphe, en 2012, des économies italienne, espagnole et portugaise sur l’économie française… Mais, ne nous leurrons pas : ce triomphe a eu un prix pour les classes travailleuses des pays concernés. Et c’est ce qui va nous être expliqué maintenant grâce, toujours, à cette vidéo du 1er octobre 2012 de Xerfi Canal (https://www.xerficanal.com/) qui nous offre un nouveau graphique où apparaît un certain serrage de ceinture…

    « Alors bien sûr, ce redressement du commerce extérieur des pays du Sud doit beaucoup à la baisse de leurs importations, conséquence mécanique de l’écrasement de leur demande intérieure. »

    Ecrasement qui correspond, bien sûr, à un développement conséquent de la pauvreté, de la misère, du désenchantement… dans certaines couches de la population… d’Europe du Sud… Ce qui nous montre bien que la guerre gagnée par la bourgeoisie et la grande bourgeoisie allemandes n’est pas n’importe laquelle : elle ne fait pas mal à tout le monde…

    En effet, il y a effectivement ce premier élément à prendre à compte :
    « Une demande intérieure comprimée par le recul des salaires réels. »

    C’est donc bien le travail qui « déguste », d’où ce second élément qu’Alexandre Mirlicourtois ajoute aussitôt :
    « Mais on aurait tort de croire que c’est la baisse des importations qui explique toute seule le redressement de la balance commerciale. Car, et j’attire là votre attention, les exportations des pays du sud progressent. »

    Et, en globalisant la question, nous voyons – en quelque sorte – que le travail français ne travaille pas assez, ou qu’il travaille pour trop cher…, chose qui ne serait pas nouvelle mais qui tendrait à s’accentuer dans la mesure où les pays du Sud ont la force qu’il faut pour pousser leurs classes travailleuses déjà pauvres vers plus de pauvreté encore…

    En tout cas, très objectivement, voici ce qu’Alexandre Mirlicourtois nous en dit :
    « Ces pays disposaient déjà d’un avantage coût très favorable, face aux pays du nord, et face à la France. Mais la déflation salariale à marche forcée leur permet de renforcer cet atout pour être encore plus compétitif et ainsi gagner des parts de marché. »

    Or, on le constate immédiatement : cet « atout » n’est pas vraiment dans le jeu dont disposent les classes travailleuses… C’est l’atout d’un renforcement possible de l’exploitation… Excellente chose en système capitaliste !… Et d’où vient donc que cela puisse si bien fonctionner ? Mais cela vient de l’outil – de la schlague – dont dispose désormais la Grande Allemagne. Ce qui peut se dire avec la plus grande délicatesse :
    « Pour faire bref, les pays du Sud s’adaptent à leur tour à l’euro. Une véritable dévaluation salariale est mise en place pour être les moins chers de la zone. »

    Et renforcer le capital local… qui s’appuie tout tranquillement sur la monnaie forte que lui garantit Berlin… et, dans une moindre mesure Paris qui n’en peut mais… de ce côté-là, et qui court, par ailleurs, le risque d’une faillite accentuée du côté de sa balance commerciale… D’où cette question poignante :
    « Alors, que peut faire la France pour retrouver sa compétitivité ? Faire également de la déflation salariale disent certains tout bas ! »

    C’est-à-dire rétablir décidément les lois de l’exploitation du travail telles qu’elles étaient avant ce drôle de Conseil National de la Résistance dont plus personne désormais ne sait rien…
    « Mais à ce petit jeu là, il y aura toujours un pays du sud pour avoir des coûts salariaux plus bas. »

    Et ceci, toutefois, si l’Allemagne reste décidément victorieuse… Alors ?… Faut-il, à la France, continuer à la serrer très fort dans ses bras, tout en ne cessant de rouspéter contre elle ?…

    Jean Moulin, m’entends-tu ?… Ce qui est absolument sûr, en tout cas, c’est que la France, elle, ne t’entend plus, et vraiment plus du tout !

    NB. Cet article est le trente-quatrième d'une série...
    « L’Allemagne victorieuse de la Seconde Guerre mondiale ? »
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