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Appareils épilatoires et amincissants : à ne pas laisser entre toutes les mains
Appareils épilatoires et amincissants : à ne pas laisser entre toutes les mains
L’Anses recommande de considérer les appareils d’épilation définitive et de lipolyse, une technique d’amincissement, comme des appareils médicaux, du fait de leurs effets potentiels sur la santé.
Les produits cosmétiques sont décidément dans le collimateur des autorités sanitaires. La semaine dernière, deux sérums anti-âge étaient retirés du marché sur ordre de l’Agence du médicament. Ce lundi, c’est au tour de machines à visée esthétique d’être montrées du doigt. Pour tous, un même argument: ces produits peuvent être dangereux pour la santé des consommateurs, et ils doivent être soumis aux mêmes procédures d’autorisation de commercialisation que les médicaments ou les dispositifs médicaux.
Il faut «revoir l’ensemble du cadre réglementaire associé aux appareils à visée esthétique», juge ainsi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) dans des recommandations rendues publiques le 20 mars.
Selon l’agence, la mise sur le marché des appareils destinés à l’épilation définitive et à la lipolyse, une technique amincissante visant à détruire les cellules graisseuses, «n’est pas encadrée au regard de leurs effets potentiels sur la santé.»
L’Anses s’appuie sur 58 publications scientifiques pour rendre cet avis. «Toutes celles concernant l’épilation mentionnent que l’usage de ces appareils peut conduire chez certaines personnes à des effets indésirables légers, tels qu’une inflammation locale passagère (moins de 24h) ou une brûlure au premier degré», souligne Olivier Merckel, responsable de l’évaluation des risques liés aux agents physiques et aux nouvelles technologies à l’Anses. «Les effets indésirables importants, qui ont été signalés aux autorités sanitaires, relèvent eux de mauvais usages de ces appareils».
Au total, sept technologies d’épilation, couvrant tous les appareils utilisés dans les cabinets ou à la maison, ont été analysées (laser rubis, laser Alexandrite, diode à laser, laser Nd: YAG, IPL, radiofréquences et électrolyse). Sept autres technologies liées à des appareils de lipolyse non invasive ont également été étudiées (laser Nd ; YAG, diode laser, lumière pulsée, radiofréquences, ultrasons, froid et massage mécanique associé au froid). Concernant les appareils de lipolyse, les effets indésirables pouvaient se manifester sous la forme d’inflammation locale, d’acné ou de croûtes.
Formation et vigilance
Malgré leurs effets possibles sur la santé du consommateur, ces appareils ne sont pas considérés comme des dispositifs médicaux. «Pour certains produits, seul un marquage CE (NDLR conformité européenne) est exigé», déplore Olivier Merckel. «Ce marquage entraîne pour seule obligation pour le fabricant d’assurer que l’utilisation de ces appareils est bien conforme à la sécurité électrique. Il n’y a en revanche aucune garantie spécifique liée à l’utilisation de ces produits pour des actes à visées esthétiques.»
L’agence demande donc à ce que soit modifiée la définition des dispositifs médicaux afin d’inclure ces appareils à visées esthétiques, qu’ils soient utilisés dans un cadre professionnel ou domestique. Une telle modification nécessiterait du coup une autorisation de mise sur le marché pour ces appareils.
L’Anses recommande également: «que ce soit les médecins ou les esthéticiens, il est essentiel que tous ces professionnels soient correctement formés à l’utilisation de ces appareils», explique Olivier Merckel.
Il conclut: «Pour le moment il n’existe pas de système organisé de remontée des incidents concernant les appareils à visée esthétique. Nous recommandons donc de mettre en place un meilleur suivi et d’intégrer ces appareils dans le processus de matériovigilance.»