« C’était un comité de suivi stérile, sans aucune avancée », fulmine Gilles Lambersend, le secrétaire du CE (Comité d’entreprise) de Ford Blanquefort. Ce rendez-vous avec des dirigeants de Ford Europe était très attendu par les 977 salariés du site girondin, qui espéraient avoir « enfin » quelques réponses quant à leur avenir.
Mais ils ne savent toujours pas si leur usine va décrocher le marché de la transmission 6F15. Cette boîte de vitesses doit remplacer la 6F35, actuellement fabriquée à Blanquefort, mais dont la production cessera en 2019. Selon les syndicats, le site girondin ne se verrait confier, au mieux, que 12 % des volumes pour le marché européen. Ce qui ne suffira pas à maintenir l’ensemble des emplois. La décision devrait être prise en mai par Ford, qui obéit à son calendrier et raisonne à l’échelle internationale. Aujourd’hui, le constructeur américain semble privilégier ses sites aux États-Unis et au Mexique, plus proches de son cœur de marché.
Même le préfet de Gironde, Pierre Dartout, l’organisateur de ce comité de suivi, a clairement laissé poindre sa déception. « Plusieurs interrogations n’ont pas pu être levées », écrit-il dans un communiqué, à l’issue de cette réunion, qui a duré deux heures.
Deux groupes de travail lancés
Ceci étant, « d’un commun accord, deux groupes de travail vont être mis en place ». Le premier visera à rechercher des pistes d’améliorations de la compétitivité du site, afin d’attirer de nouveaux produits. Tandis que le second se penchera sur la diversification de l’usine vers l’électrification des véhicules. « Mais c’est un chantier à long terme. Pour nous, c’est maintenant que tout se joue », s’inquiète Gilles Lambersend.
Pour « maintenir la pression » sur Ford, l’État et les collectivités locales, présentes autour de la table, ont réclamé un nouveau comité de suivi d’ici fin juin. De son côté, le constructeur se borne à rappeler « que le maintien du niveau d’emploi requiert une équation économique viable pour l’usine, avec une approche localement plus flexible en vue d’adapter la capacité à la demande ».
« Remontés », les syndicats ont décidé de « hausser le ton ». « En 2008, nous avions réussi à éviter la fermeture de l’usine en faisant grève dans l’usine, mais aujourd’hui, nous n’avons plus de moyens de pression sur la production. Alors, nous réfléchissons, avec l’intersyndicale, à des actions fortes à l’extérieur du site », confie Philippe Poutou, le délégué CGT et candidat à la présidentielle sous les couleurs du NPA. « Nous ne lâcherons rien », prévient-il.