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E-commerce : Tascom, cette taxe qui inquiète le Bordelais Cdiscount
E-commerce : Tascom, cette taxe qui inquiète le Bordelais Cdiscount
Exploitant 300 000 m² d’entrepôts, uniquement en France, l’e-commerçant bordelais Cdiscount pourrait être fortement mis à contribution dans le cadre d’une extension de la taxe Tascom. © Crédit photo : Stephane Lartigue
Sans doute plus encore que les autres acteurs de l’e-commerce, le Français Cdiscount s’inquiète de voir appliquer une taxe, la Tascom, réservée jusque-là aux surfaces commerciales et aux entrepôts géants. Explications
En ce moment, les professionnels de la filière e-commerce écoutent avec appréhension les débats parlementaires autour du prochain budget de la France. Ils redoutent tous le vote de l’extension d’une taxe : la Tascom.Datant de 1972 et de la loi Royer, celle-ci est due par toute entreprise qui exploite un commerce de détail de plus de 400 m² et dont le chiffre d’affaires annuel hors taxes est au moins égal à 460 000 euros. La nouveauté qui inquiète l’ensemble des acteurs de l’e-commerce, c’est qu’elle pourrait concerner, aussi, leurs entrepôts français de plus de 10 000 m². L’acteur français du secteur, le Bordelais Cdiscount ne cache pas son inquiétude.
« Une opportunité pour les acteurs chinois Temu ou Shein »
Comme certains observateurs l’assurent, la taxe s’élèverait à 35 euros du m2. Ainsi, le seul rival français d’Amazon dans l’Hexagone, qui emploie 2 000 personnes entre son siège du quai de Bacalan et ses 300 000 m2 d’entrepôts en France, dont 100 000 m2 à Cestas (33), s’attend à devoir payer plusieurs millions d’euros par an.
Un frein pour Cdiscount, qui réalise 2,8 milliards d’euros de volume d’affaires (total des transactions réalisées sur sa place de marché), soit 1,19 milliard d’euros de chiffre d’affaires net (chiffres 2023), et vise toujours l’atteinte de la rentabilité à l’issue de 2024. Cette taxe rendrait plus complexe la réalisation de cet objectif dans les temps.
« Cette Tascom est une menace économique pour les acteurs présents en France. Elle est, en revanche, une opportunité pour les acteurs chinois comme Temu ou Shein, qui n’exploitent pas d’entrepôts en France et qui bénéficieront d’un avantage qui s’ajoutera à leurs pratiques de dumping, qui déstabilisent le commerce en général et l’e-commerce », martèle Marie Even, directrice générale déléguée de Cdiscount.
Des délocalisations d’entrepôts à craindre ?
« Adoptée, cette Tascom pourrait peser sur notre capacité d’investissement, d’innovation. La Tascom ne représente peut-être pas un enjeu de pérennité pour Cdiscount, mais un enjeu de compétitivité, c’est sûr. Nous sommes dans un marché qui est déjà déséquilibré en termes de concurrence, avec des acteurs chinois et américains qui sont moins contrôlés que nous. Là, on nous ajoute des charges que certains n’auront pas », glisse la dirigeante.
De fait, en réponse à cette mesure, certains acteurs de l’e-commerce pourraient déplacer leur logistique, notamment ceux qui ont des entrepôts proches de zones frontalières, vers des pays voisins. Une délocalisation qui allongerait les trajets de livraison sur le marché français avec un effet négatif sur le plan environnemental pour un commerce en ligne qui, selon une étude (Ademe, 2023), émet déjà un million de tonnes de CO2 par an.« Cette Tascom pèsera sur le plan environnemental si des entrepôts sont délocalisés. Elle pèsera financièrement sur nous, mais aussi sur les 6 000 entreprises françaises, dont près de 300 PME et TPE de Nouvelle-Aquitaine, qui passent par nos services et notre place de marché pour commercer via internet », prévient Marie Even.
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