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Les génies de notre siècle sont-ils tous détestables ?
Elon Musk, Mark Zuckerberg, Steve Jobs... Les entrepreneurs les plus innovants ont aussi la réputation d'être instables et/ou désagréables. Et cela n'est pas un hasard. Le Figaro vous explique pourquoi.
Acquérir une bonne réputation et la conserver au quotidien est un travail de chaque instant. Dans la vie professionnelle comme dans la sphère privée. L'inverse est également vrai: une réputation singulière, tumultueuse ou colérique s'acquiert et s'entretient également! Cela fait partie intégrante de la saveur d'une personnalité. Qu'ont en commun Elon Musk (patron de Tesla), Steve Jobs (fondateur d'Apple) ou Mark Zuckerberg (père de Facebook), et bien d'autres entrepreneurs devenus légendes de notre sicèle? Ils ont la réputation d'être désagréables, instables, ou colériques!
Cette mauvaise réputation n'a pas vocation à être cachée. Bien au contraire, raconte Xavier Pavie, professeur d'innovation à l'ESSEC, dans un long billet publié dans la Harvard Business Review. «Bandes de nuls, vous faites de la merde!», hurlait Steve Jobs en réunion lorsqu'il était déçu par ce que ses collaborateurs lui présentaient. À l'extérieur des murs de la marque à la pomme, idem: refus d'avoir une plaque d'immatriculation sur son véhicule, stationnement inopiné et injustifié sur les places réservées aux handicapées... Dans sa biograpie (publiée en français aux éditions JCLattès), Walter Isaacson écrit que «Jobs vécu toute sa vie comme s'il n'était pas soumis aux mêmes règles que les autres, ni à la même réalité».
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Elon Musk, lui, serait capable de mettre une pression incomparable à ses collaborateurs et de leur mentir. Dans le livre qui lui est consacré aux éditions Eyrolles, l'auteur Ashlee Vance décrit un personnage adepte d'un management quasi tyrannique, capable de pousser à la démission pour des méfaits qu'ils n'ont pas commis. Il y a quelques jours, Reuters dévoilait que son entreprise Tesla avait licencié 400 personnes en seulement une semaine. Cet été, une passe d'armes remarquée a eu lieu entre Musk et Mark Zuckerberg sur la question de l'intelligence artificielle. Zuckerberg, que certains imaginent déjà dans le costume de président des États-Unis a quant à lui une réputation d'individualiste et impéraliste, qui imposes ses vues.
Une révolution bouscule nécessairement les conventions
Ces personnages ont des personnalités aussi contrastées et bigarées que leurs inventions. Dans David et Goliath: L'art de Contourner les Règles du Jeu, l'auteur britannique Malcolm Gladwell explique que le besoin d'être désagréable va de pair avec celui de bousculer les codes. Une révolution bouscule nécessairement les conventions. «L'innovateur se retrouve en permanence pris entre plusieurs feux: convaincre ceux qui ne veulent pas changer, s'affranchir des obstacles, ignorer les plus médisants, etc. Il semble donc que ce soit à ce prix que les choses peuvent changer», analyse Xavier Pie dans la HBR, qui évoque également un autre facteur qui fait la différence: la perception du facteur temps.
Si les articles sur le développement personnel et autres astuces pour booster sa productivité sont légion, ce sont parce que ces personnages insufflent cette tendance. Leur message est simple: nulle révolution possible sans une gestion méticuleuse de son temps, et sans cette obsession d'être très exigeant avec soi-même avant de l'être avec les autres! Richard Branson, Anna Wintour, Jack Dorsey, Jeff Bezos, Marissa Mayer... Ces entrepreneurs inspirants se sont tous accordés sur un point: règler leur réveil très tôt. D'où la grande mode, depuis quelques années, du «Miracle Morning» qui consiste à devenir très (trop?) matinal. C'est également dans un souci de gain de temps que Zuckerberg ou Jobs s'habillent quasi exclusivement avec des t-shirts pour l'un et des cols roulés pour l'autre!
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«L'innovation ne commence pas le lundi à 9 heures du matin pour s'arrêter à l'heure du déjeuner, reprendre à 14 heures, puis finir à 18 heures et ainsi de suite jusqu'au vendredi soir», précise Xavier Pie. Autrement dit, toutes les personnalités suscitées ont un mépris pour toutes les organisations «processées», immobiles, et prévisibles. C'est pour ces raisons que leur étiquette d'individus odieux leur colle à la peau. Parce qu'ils s'autorisent une liberté que tout le monde ne peut pas se permettre de prendre.
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