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    Bientôt, nous contrôlerons nos objets connectés d'un simple mouvement de la main

    Bientôt, nous contrôlerons nos objets connectés d'un simple mouvement de la mainExtrait de la vidéo de présentation de "Motion Gestures". (Capture d'écran/YouTube)

    Montres connectées, voitures, lumières... Un ingénieur canadien veut aller plus loin dans le contrôle des objets connectés, en les guidant à l'aide de gestes.

    Par Claude Soula

    Publié le 04 août 2018 à 17h39
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    Les objets ne sont plus inanimés, mais deviennent tous intelligents, autrement dit connectés. De la brosse à dents au pèse-personne, du chauffage central au portail du jardin, du téléviseur au frigo, de l’arrose plante au trousseau de clés, du haut-parleur à l’ampoule électrique, on ne voit pas grand-chose qui ne soit déjà doté d’un microprocesseur. C’est lui qui les relie à une application ou un smartphone, voire, de plus en plus souvent, à un assistant vocal, comme Google Home et Alexa d’Amazon, qui nous permettent de les piloter avec la voix. L’avenir, jusqu’ici, semblait donc évident pour les fabricants : enrichir toutes leurs gammes d’une forme de fonction vocale. Sauf qu’une autre voie alternative est en train d’apparaître : et si nous leur parlions avec des gestes ?

    Reconnaissance gestuelle

    Kashif Kahn, un ingénieur canadien très persuasif, est convaincu que c'est la solution, bientôt plus simple et bon marché que l'usage de nos cordes vocales :

    "La communication par le geste n’est pas encore développée : sur le plan technique, elle est aujourd’hui au même niveau que l’était la reconnaissance vocale il y a cinq ans. A l’époque, cette faculté était encore réservée à des robots coûteux ou aux centres d’appel téléphoniques. Aujourd’hui, la technologie a fait des progrès, la reconnaissance vocale est devenue bon marché et elle marche très bien. Ce sera pareil pour la reconnaissance gestuelle."
     

    Avec sa start-up Motion Gestures, l'ingénieur a mis au point une plateforme intelligente, qui automatise le processus, et permet à n’importe quel fabricant d’éduquer facilement son objet, en lui donnant la capacité de comprendre un ordre par un mouvement du doigt, de la main ou du bras. Cette fonction, qui était réservée à des interfaces de jeu sophistiquées, comme la Wii de Nintendo ou la Kinect de Microsoft, devient un ajout possible à un prix négligeable :

    "Le geste peut être décrypté par n’importe quel type de capteur, avec un simple processeur à 1 euro : c’est cela qui nous permettra de viser le marché de masse pour notre technologie", explique l'inventeur.

    Donner des ordres du doigt à sa voiture

    La révolution proposée par Motion Gestures, c’est donc la simplicité de la programmation de ces mouvements et l’extrême rapidité de réaction de l'objet : en utilisant leur plateforme, n’importe qui peut dessiner le mouvement de son choix, en deux dimensions (une ligne, un cercle) ou en trois dimensions (une spirale...) et l’apprendre au processeur.

    "Dans un processus d’intelligence artificielle habituel, l’objet apprend tout seul, mais cela lui demande beaucoup de temps, car il doit analyser tous les mouvements similaires, avant de le reconnaître le bon. Avec notre algorithme, il suffit de lui montrer un geste et c’est assimilé de suite."

    Un domaine intéresse particulièrement Kashif Kahn : l’automobile. Son volant et son tableau de bord pourront facilement intégrer cette fonction qui "verra" nos ordres, via un simple mouvement de la main ou du doigt. La liste des autres produits ou services qu’il compte équiper est sans limite :

    "Les bracelets et montres connectés bien entendu, les téléphones mobiles, tous les objets pour la maison, les portes et volets, les téléviseurs. L’industrie de la santé sera également très intéressée : dans les hôpitaux, ce sera très pratique pour les malades immobilisés."  

    Cet ingénieur s’est installé à Waterloo, près de Toronto au Canada. C’est une cité universitaire très renommée : Blackberry, l’étoile – aujourd'hui déchue  de la tech canadienne avait grandi sur son campus. Kahn connaîtra-t-il le même succès ? Il a démarré ses travaux depuis deux ans et demi, avec une équipe de 6 personnes "dans le plus strict secret jusqu’au mois d’avril. Maintenant, on démarre le lancement mondial, en ouvrant des bureaux à Berlin, Palo Alto, Beijing et Tokyo". Il ajoute, peut-être par politesse : "On songe aussi à ajouter Paris."

    Kashif Kahn ne peut cacher son enthousiasme :

    "A la fac, on nous avait fait étudier le cas de Cray Research, une petite boîte d’informatique qui arrivait à faire des ordinateurs plus puissants et rapides que ceux d’IBM. A l’époque, IBM était la plus grosse entreprise du monde, alors que Cray n’avait que 22 salariés.

    Quand on lui demandait comment il arrivait à ce résultat, le patron de Cray répondait : 'parce que je n’engage jamais d’ingénieurs expérimentés, uniquement des jeunes diplômés qui ne savent pas encore ce qui est possible, ou pas.' 

    C’est pareil dans ma boîte, je n’ai engagé que des jeunes talents, et ils sont tous fous ! Personne n’est normal parmi nous. Je suis d’ailleurs atteint du syndrome d’Asperger, comme mon cofondateur, et comme beaucoup d’ingénieurs de la Silicon Valley."

    Le syndrome d’Asperger est un cousin de l’autisme qui produit des personnalités brillantes, ayant parfois du mal à se lier socialement, mais qui se passionnent en profondeur pour leur sujet. C’est ce qui leur donne professionnellement un net avantage sur les autres :

    "On peut se concentrer un maximum. Quand je travaille, je ne fais attention à rien d’autre. Quand je parle de ce que j’aime, je vais tellement vite, qu’il est difficile de me suivre. En fait, je n’ai appris à parler qu’à 6 ans, et depuis, je me rattrape. Mon cofondateur, c’est le contraire : lui, il dit un mot par minute. Mais par contre il sait écrire du code à une vitesse absolument extraordinaire."

    Sa force de conviction est telle, qu’il n’aura sans doute aucun mal à convaincre les industriels de les suivre dans cette nouvelle révolution technique.

    Claude Soula

    Claude Soula

    Claude Soula

    Journaliste

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