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Noël et Léon
Noël c’est la joie, les présents qui émerveillent les enfants. Léon ce sont les autres, ceux qui passeront Noël à la belle étoile. Noël c’est la magie, les retrouvailles en famille, la bûche et le sapin. Pour les autres, ceux de l’orphelinat ou fils et filles de parents indignent qui n’auront pour leurs mômes que le mépris habituel, ce sera Léon. Noël est une fête, un évènement rassembleur où pleuvent les beaux discours mais quand Noël devient Léon alors les yeux se ferment et les regards se détournent. Je fais mon possible pour que Noël ne devienne pas Léon.
Plus de 140 000 personnes vivent aujourd’hui dans la rue. Plus de 30 000 enfants sont parmi eux. Un Français sur sept vit sous le seuil de pauvreté, combien parmi nous ne vivent guère au-dessus ? Notre président aura la plus belle et la plus luxueuse de toutes les bûches, aura-t-il une pensée pour eux ? Dans un monde d’Hôtels particuliers et autres voitures de luxe Léon n’existe pas.
Le pauvre, le sans-abri est un faible qui n’a que ce qu’il mérite. C’est cela la pensée libérale-capitaliste, la loi du plus fort. La loi du plus riche.
Chaque année Léon fait des ravages, il y a autant de larmes que de rires. Si Noël est une fête, Léon est le reflet de la misère, et cette misère n’a pas de trêve. Certaines bonnes âmes sortiront pour apporter un peu de chaleur à ceux pour qui les fêtes de fin d’année ne sont qu’un rappel de la situation qui est la leur. Exclu, perdu, l’espoir n’est pas l’ami de ceux qui n’ont plus rien. J’ai connu l’hiver dehors, c’était il y a bien longtemps mais ce goût d’amertume ne m’a jamais quitté. Je sais ce que veut dire être faible et jugé comme un pariât. Je sais à quel point cette société laisse crever ses enfants dans l’ignorance la plus absolue. Je sais ce que la misère peut causer comme ravage dans l’esprit d’un enfant. Je n’ai jamais jalousé mais il m’a fallu du temps pour comprendre.
Lève-toi et marche, ou bien alors crève. Bienvenue dans le monde des Hommes.
Je n’ai plus l’aigreur qui fut la mienne et qui me rongeait jusqu’à ce qu’enfin je puisse me rendre compte qu’en tant que père je pouvais faire mieux et rendre heureux. Je ne me sens pas généreux, je me sens fort. Plus les difficultés m’agressent, plus mes adversaires m’assènent de coups plus fourbes les uns que les autres, plus la société s’enfonce dans le mépris et la course aux dollars et plus la rage de vaincre le côté obscur de l’humanité m’anime. Les mots sont une arme qui m’habite depuis toujours. Il n’est pas et ne sera jamais question de baisser les bras. Du moins je l’espère.
Mon vœu, ma prière c’est que Léon disparaisse à tout jamais. Que plus aucun n’enfant n’ait jamais à verser une larme devant le bonheur des autres. L’égoïsme et le sentiment de puissance font bien plus de ravage que les guerres les plus atroces qui n’en sont que la conséquence.
Je vous souhaite à tous de vivre heureux, à Noël et tous les autres jours mais n’oubliez jamais que Léon rôde et qu’il gagne toujours plus de terrain. Nous devons changer les mentalités, revenir à plus de social, ne plus laisser les faibles dans l’arrière-boutique. À quoi bon être civilisé si cela ne profite à tous ? Nous pouvons tous être faibles, nos dirigeants nous oublient, nos grands patrons n’ont de cesse que de nous réduire à l’esclavage, il faut sortir de ce système.
Nous pouvons, nous devons changer les choses et si je me sens seul aujourd’hui peut-être que demain nous serons une poignée de solitaires unis pour de meilleurs lendemains ; peut-être qu’un jour nous terrasserons Léon.
La véritable générosité n’est pas un don financier ou matériel quelconque, c’est le don de soi.
Soyez heureux.
« Les foules, les clans, les partis et la Raison Voilà un monde qui n’a pas d’autre sens que celui que tu veux lui donner »