Il est omniprésent sur le Salon et manifeste sa présence par de grands panneaux à sa gloire. Tantôt il empoisonne les sols, tantôt il fabrique, vend ou importe de la malbouffe, tantôt il triche sur les origines, avec le soutien de la Commission européenne. Il déteste les paysans. Son ami, c’est la finance.
Ubu régnerait-il sur la France ? Chaque année, des victimes célèbrent leurs bourreaux à grand renfort de stands verdoyants, de panneaux lumineux, de concours médaillés et de visites présidentielles portées sur la croupe des vaches. Ces mêmes victimes qui expriment leur colère en barrant les routes et en malmenant les grandes surfaces. C’est l’un des grands paradoxes de l’histoire : par quel incroyable phénomène la meilleure agriculture du monde peut-elle engendrer autant de malheur parmi ceux qui la produisent ? Cherchez l’erreur.
Alors que le paysan français devrait être le plus épanoui des habitants de cette planète par les bienfaits qu’il engendre, l’excellence de sa production, les vertus nourricières de son activité et la reconnaissance ainsi suscitée, la somme des détresses cumulées depuis un demi-siècle témoigne des mauvaises orientations politiques, économiques et sociales qui ont conduit notre agriculture dans le mur. Non pas le mur de la fatalité, des guerres ou des sauterelles, mais celui d’un libre-échange érigé en doctrine, avec pour unique objectif le profit financier des entreprises multinationales. Évidemment non redistribué.