• 500.000 décès potentiels du Covid-19 cet hiver

    Les projections de l'OMS qui avancent l'hypothèse de 500.000 décès en Europe au cours de l'hiver peuvent inquiéter. En réalité, la situation est contrastée selon les pays. Grâce au passe sanitaire et à sa couverture vaccinale élevée, la France résiste bien. Le port du masque et le maintien des gestes barrière restent la condition sine qua non pour éviter une cinquième vague.

    Unité de soins intensifs à Montpellier.
    Unité de soins intensifs à Montpellier. (AFP)
     

    C'est le poids des chiffres, le choc des projections épidémiques. Jeudi, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a remis le Covid-19 au cœur de nos vies. "Nous sommes, de nouveau, à l'épicentre", a lancé Hans Kluge, le directeur de sa branche européenne. Pour mieux frapper les esprits, le responsable a brandi un grand nombre : "Le rythme actuel de transmission dans les 53 pays de la région est très préoccupant […] si nous restons sur cette trajectoire, nous pourrions voir un autre demi-million de décès dus d'ici à février."

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    A quoi correspondent ces 500.000 décès potentiels durant les quatre prochains mois? Pour le comprendre, nous nous sommes plongés dans l'étude qui a servi de socle à l'alerte de l'OMS. La synthèse d'une trentaine de pages a été élaborée par l'Institut américain pour la mesure et l'évaluation en santé (IHME), un partenaire habituel de l'agence onusienne. Comme le font régulièrement l'Institut Pasteur, l'équipe Inserm de Vittoria Colizza à Paris et bien d'autres à travers le monde, ce centre de recherche indépendant affilié à l'université de Washington, à Seattle, a l'habitude de modéliser l'évolution possible de la pandémie.

    Une situation contrastée en Europe

    Les conclusions de ses projections automnales – ce ne sont en aucun cas des prévisions – sont résumées par les courbes colorées ci-dessous. La courbe verte permet d'estimer à environ un demi-million le nombre de décès supplémentaires qui pourraient survenir entre le 18 octobre et le 1er février si rien n'était fait pour freiner la circulation du virus. C'est l'hypothèse privilégiée par les scientifiques, qui proposent également un scénario pessimiste (courbe orange) si 100% des personnes vaccinées laissaient tomber le masque, et un plus favorable (courbe bleue), si plus de 95% de la population se (re)mettait à porter le masque dans tous les lieux à risque. Les trois hypothèses concernent une Europe élargie à 53 pays, incluant une partie de l'Asie mineure, ce qui correspond à la définition de cette région au sens de l'OMS.

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    Dans leur étude, les chercheurs décrivent une situation très contrastée sur le continent. Une moyenne est souvent brumeuse : le chiffre qui fait peur est d'abord le reflet de la terrible épidémie de non-vaccinés qui sévit à l'Est, notamment en Russie, en Ukraine ou en Roumanie. Mais aussi de celle qui frappe en Allemagne ou aux Pays-Bas, où, si le nombre de décès quotidiens est bien moindre que dans les zones orientales – le taux de couverture vaccinale y est inférieur à celui de la France ou de l'Espagne – inquiète les autorités. En revanche, la péninsule ibérique et l'Italie, bien immunisées et aidées par un climat automnal plus clément, résistent mieux. "En ce moment, il y a trois blocs de pays en Europe, avec des niveaux d'épidémie très hétérogènes", résume Alain Fischer, qui pilote la stratégie vaccinale française.

    Ces projections ne doivent pas nous inquiéter, mais servir à nous remobiliser

    "Est-ce que c'est grave, docteur? fait mine d'interroger l'épidémiologiste Philippe Amouyel. C'est plutôt du bon sens chiffré. Ces projections ne doivent pas nous inquiéter, mais servir à nous remobiliser." Le professeur de santé publique au CHU de Lille a d'ailleurs repéré un indice encourageant à la deuxième ligne de l'étude : "Le pic du nombre de nouveaux cas quotidiens pourrait avoir été franchi" en Europe. Tous les observateurs ou responsables sanitaires que nous avons interrogés jugent que l'OMS a eu raison de remettre les morts du Covid-19 au premier plan de l'actualité. Son but? Booster la campagne vaccinale et pousser les Européens à remettre le masque, un bouclier certes archaïque mais ultra-efficace, comme vient de le confirmer une étude conduite en Corée du Sud.

    "Nous ne devons pas nous penser hors d'atteinte"

    Olivier Véran, le ministre de la Santé, voit dans ce dernier bulletin météo de l'épidémie en Europe la preuve que le choix stratégique du passe sanitaire en juillet était pertinent : "Cette étude montre que, même si on parle moins du Covid, le virus continue de circuler. Le niveau de protection est très inégal en Europe, en raison des différences de couverture vaccinale mais aussi de l'ampleur des mesures prises. Regardez en Allemagne, en Autriche, aux Pays-Bas, qui sont en grande difficulté. Si en France nous ne faisons pas (encore) face à une vague, l'augmentation est réelle. Et les hospitalisations repartent à la hausse. Notre taux élevé de vaccination, le passe sanitaire, le maintien des jauges, le respect des gestes barrière par les Français sont des efforts qui ont payé lors de la quatrième vague en réduisant fortement la hauteur de la vague et son impact sanitaire. Mais nous ne devons pas nous penser hors d'atteinte."

    Pour l'instant, la reprise épidémique française inquiète peu. Certes, le recul manque pour mesurer sa dynamique, mais la croissance du nombre des hospitalisations est mesurée. "Si on reste sur cette trajectoire, c'est-à-dire sur un temps assez long de doublement du nombre de nouveaux cas, résume une experte, ça pourrait passer." La même se dit surprise qu'Emmanuel Macron ait choisi de parler aux Français dès mardi. "A moins qu'il ne souhaite souligner que le moment est favorable, que la France s'en sort mieux que beaucoup de ses voisins, ou qu'il ne veuille inciter les Français concernés à faire le rappel."

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    C'est l'inconnue des prochaines semaines ; un des éléments clés de l'équation sanitaire. Car une vague de grand froid est vite arrivée, et la protection conférée par les vaccins contre les formes sévères diminue au bout de six mois chez les personnes âgées. La campagne de rappel, qui a tardé à démarrer, va-t-elle s'intensifier? Faut-il prendre des mesures incitatives ou coercitives pour pousser les plus de 65 ans, les personnes fragiles plus jeunes, voire tous les adultes, à recevoir une troisième injection? "Chaque conseil de défense aborde la question du rappel vaccinal, de comment on arrive à remobiliser la population. Mardi, il en sera à nouveau question", élude Olivier Véran. Et de se féliciter de la hausse des troisièmes injections : "On atteint un rythme de croisière plus élevé, avec un record battu avant-samedi de 137.000 injections en une journée. Les Français ont compris comment il fallait faire pour être plus forts que le virus."

    Les responsables sanitaires et politiques, eux, savent que manier la peur peut permettre d'attirer l'attention des citoyens épuisés. En convoquant ces 500.000 fantômes, l'OMS renvoie les exécutifs européens à leurs responsabilités, et nous aux nôtres. Car, malgré leur formidable efficacité, les vaccins ne constituent pas une arme fatale. Et le professeur Amouyel de conclure : "La leçon qu'il convient de tirer de ces projections? Il faut tout à la fois pousser la vaccination, remettre le masque et respecter les gestes barrière, si on veut éviter de devoir subir de nouveaux couvre-feux." 

     
     
     

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    Les dix commandements du prochain Président de la République française

    Dans quelques mois nous changerons de Président. Est-il possible qu’un seul homme puisse représenter la somme totale des subjectivités de la nation  ? Est-il sain qu’une seule personne puisse décider pour tout un peuple  ? Ce qui est certain, c’est que, quelle que soit sa «  famille politique  », le postulant à l’élection présidentielle ne sera pas candidat pour rien. Il a été choisi par des forces qui savent ce qu’est l’Homme à l’état de nature. Il lui faudra conjuguer sa visée économique, sociale, politique avec ce que représente l’Homme dans son essence.

    1er commandement : le futur président devra étouffer l’acte révolutionnaire

    L’acte révolutionnaire correspond à une nécessité de l’histoire qui dépasse les prérogatives du représentant bourgeois. Il le sait, ils le savent. Pour que l’histoire soit effective, l’humanité doit accoucher d’elle-même à partir de l’acte révolutionnaire. En effet, l’Homme est doté d’un réel vivant qui est un point d’altérité inhérent à l’espèce humaine. Il est incontrôlable, indépassable et n’obéit à aucune loi. Aucun gouvernement ne peut le diriger : qu’il soit capitaliste ou socialiste.

    Il est certain que les prérogatives d’un président de la République permettent à ce représentant bourgeois de laisser aller son réel vivant à lui : il n’est pas «  le chef des armées  » pour rien  ! L’armée impérialiste devient le prolongement matériel du réel vivant présidentiel. D’ailleurs, un ancien président de la République, François Hollande, avait révélé l’existence d’«  opérations homo  », c’est-à-dire des assassinats ciblés organisés par les services secrets.

    Lorsqu’on appartient à la classe exploitée, ce réel vivant doit au contraire poser un acte révolutionnaire pour que l’humanité puisse prétendre à la liberté. Nous affirmons la véritable liberté, celle qui n’affirme aucune limite dans le développement de nos subjectivités. Le futur président de la République française devra étouffer certaines subjectivités : surtout lorsqu’elles appartiennent à la classe ouvrière, aux couches populaires et même aussi à une partie de la classe moyenne. C’est ainsi qu’une « opération homo » sera censée servir les intérêts de la France, de même les LBD (validés comme des armes de guerre) qui ont été lancés sur les Gilets jaunes pacifistes : c’est toujours la même classe qui détient les armes.

    L’acte révolutionnaire déterminant sur le plan diachronique est aussi décidé par les lois naturelles de l’Histoire. Lorsque ces lois auront éduqué les masses, les gouvernements deviendront caducs, irrationnels, inutiles. Le président de la République française devra imposer aux Français cette illusion que son gouvernement contrôle les lois naturelles, qu’il en est un prolongement, alors que ces lois naturelles ne gouvernent pas l’Homme, même si elles ont été mandatées par les monopoles capitalistes. L’action spontanée du prolétariat est soumise aux nécessités de l’évolution historique de l’humanité qui en définit les coordonnées.

    Bakounine écrivait : «  L’être humain est naturellement tourné vers l’entraide et la coopération. Il porte en lui un instinct de conservation de l’espèce qui le pousse à la solidarité et conduira, s’il parvient à poser les actes nécessaires, à détruire le pouvoir qui s’oppose à l’évolution naturelle de l’Humanité, à l’harmonisation des intérêts et des sentiments grâce aux lumières de la science libre  ». Ces mots de Bakounine ont été vilipendés par les forces du 

    capital via ses lois de classes. Le «  délit de solidarité  » n’est-il pas condamné par la loi bourgeoise  ? Si  ! Article L.622-1 du CESEDA de la loi bourgeoise validée.

    L’instinct révolutionnaire du peuple travailleur réside-t-il dans sa nature non civilisée ou à sa place dans le mode de production  ? Quelle que soit la réponse à cette question, le futur président devra étouffer cet instinct révolutionnaire par un processus de refoulement. Ce processus de refoulement trouvera un appui matériel, idéologique via les mensonges et manipulations mentales des médias. En effet, cet instinct révolutionnaire ne s’oriente pas vers la validation d’un gouvernement qui serait la «  synthèse de la raison  », mais vers l’idéal du réel vivant accompli.

    L’état qui a émergé du mode de production capitaliste n’est pas issu d’un ordre naturel. En effet, il est le résultat des contradictions de classes antagonistes parvenues à leur point culminant dans le mouvement de l’histoire. L’état se présentait alors comme un outil de dépassement de ces contradictions de classes  ; mais il était en réalité un organe de domination d’une classe par une autre. L’histoire humaine n’est pas déterminée à l’avance puisqu’elle est la conséquence de la lutte des classes, de ce qui devait donc nécessairement se produire. Si l’histoire était déterminée à l’avance, nous tomberions alors dans ce piège de la contemplation de ce qui se passe dans notre monde. Nous n’aurions alors aucun espoir de changer nos existences.

    2e commandement : Le président des bourgeois devra encenser l’individualisme

    Ce représentant des monopoles capitalistes qu’est le futur président de la République française aura besoin de cette illusion qui consiste à faire croire qu’un Homme au sommet de l’état pourrait tout : ce qui est faux  ! Nous devons penser le pouvoir autrement  ! Notre société est constituée par une multitude de micro-pouvoirs en mouvement, c’est-à-dire que le pouvoir n’est pas uniquement lié à une structure politique ou à un état.

    Un micro-pouvoir désigne un groupe d’individus, une classe sociale dominant d’autres groupes d’individus : celui des parents sur les enfants, des professeurs sur les élèves, des soignants sur les malades ou le micro-pouvoir d’un homme sur une femme, etc. Notre front des révolutionnaires doit-il détruire le capitalisme (et son état) ou ces micro-pouvoirs en mouvement  ? Un peu des deux, mais pas l’un ou l’autre uniquement  ! Mais il est certain qu’un président représentant les intérêts d’une classe sociale diviserait toute la population pour renforcer son pouvoir personnel. L’individualisme sera donc pour lui un outil précieux  !

    L’acte révolutionnaire est la résultante de la visée révolutionnaire et est un fondement de notre futur front des révolutionnaires. Si nous nous débattions uniquement dans une perspective d’anéantissement de ces micros-pouvoirs nous adopterions une position antihistorique. Cette approche unique de la lutte contre les micros-pouvoirs affirme une approche individualiste de la lutte des classes : ce qui arrange les affaires de notre futur président de la République évidemment…

    Ces micros-pouvoirs sont des zones de subjectivations normalisantes. En effet, elles produisent nos subjectivités, nos normes à accepter. Ces zones de subjectivations normalisantes constituent des rapports sociaux participant ainsi à la création de notre identité qui nous identifie ensuite à un genre, une race, une culture. Cette identité est directement liée à la question du pouvoir. Elle suppose cette illusion que le président de la République matérialiserait le summum de cette identité : c’est faux  ! Il représente

    uniquement une classe dominante, des monopoles capitalistes qui l’ont choisi avant sa candidature. Il représente une classe qui est propriétaire des moyens de productions et d’échanges.

    Faut-il déconstruire cette identité en refusant ces zones de subjectivations normalisantes  ? C’est certain, mais cette visée doit-être collective. Certaines personnes ont opté pour un nomadisme identitaire en espérant devenir insaisissables : les zadistes par exemple. C’est une fuite en avant, un nomadisme essayant de s’extraire de ces zones de subjectivations normalisantes via une mobilité dans l’espace. Le problème avec ce nomadisme, c’est que la destruction du mode de production n’est plus à l’ordre du jour, ce qui arrangera les affaires de notre futur président.

    D’ailleurs, le futur président n’hésitera pas à leur proposer l’organisation de leurs idées dans des partis écologistes par exemple  ! Ils resteront ainsi une opposition acceptable pour la classe dominante au pouvoir. Quelle utopie de croire qu’on pourrait échapper aux désastres écologiques sans la destruction du capitalisme monopoliste  ! Malheureusement, certains esprits sont enfermés dans ce piège matériel du capital : métro-boulot-apéro-Netflix-smartphone-dodo. Ils n’ont pas conscience de cette utopie au service de la classe capitaliste.

     

    3e commandement : le futur président sera le père de l’autorité pour étouffer la résistance

    Le président de l’impérialisme français contrôlera la totalité des pouvoirs étatiques. Malgré cela, il existe une chose qu’il ne peut pas contrôler : le réel vivant. Vous vous souvenez de ces magnifiques manifestations anarchistes «  pour le vivant  »  ? Ce réel vivant est un point d’altérité qui dépasse les pouvoirs. En effet, le réel vivant est le pouvoir de l’unité. Oui  ! Car la combinaison réel vivant + affect est une vérité de la vie qui est savamment étouffée par les forces du capital. L’Homme se différencie par son appartenance de classe, mais nous sommes tous identiques devant nos affects.

    Et c’est ici la clef permettant de comprendre pourquoi, dans une manifestation par exemple, nous nous dirigeons tous dans la même direction malgré nos différences matérielles. Cette équation réel vivant + affect est la principale caractéristique de ce qui est enfoui en chacun de nous. Le président de la République, sa classe sociale, ne peuvent rien faire contre cette réalité malgré leurs comptes en banque garnis à outrance : ils peuvent financer des LBD, mais ils ne peuvent pas acheter ce point d’altérité.

    Nous ne sommes pas dans «  The Walking Dead  » et l’Homme à l’état de nature n’est pas violent, barbare : il est au contraire naturellement orienté vers la collaboration et l’entraide. Notre «  ça  » est une donnée nécessaire qui doit être extériorisée sans danger, sans peur et d’une manière constructive : n’ayez pas peur  ! N’écoutez pas un élu des monopoles capitalistes qui voudrait noyer votre «  ça  » dans le méandre des procès de production capitalistes. Il subsiste tout de même une contradiction entre la nature humaine et l’autorité artificielle. La nature humaine serait composée de trois caractéristiques : 1 — l’animalité humaine 2 — la faculté de penser et de parler 3 — le besoin de se révolter. Le pouvoir politique est en opposition à ces lois naturelles de l’Homme. Nous parlons d’un pouvoir politique avec à sa tête le représentant des monopoles qui sera le président de la République. Nous ne parlons pas de la civilisation  ! Il est évident toutefois que notre civilisation serait meilleure si ses moyens de productions et d’échanges avaient été socialisés.

    Le futur président de la République sera un geôlier ayant été mandaté par les monopoles capitalistes. Il devra écraser ces lois naturelles dont l’insurrection est la résultante. Ce réel vivant est dominé par le pouvoir et il a été contaminé par la morale bourgeoise. Nous serions nous aussi des utopistes en affirmant que notre réel vivant, notre «  ça  » n’est pas souillé par cette morale nauséabonde bourgeoise. En qualité de scientifiques matérialistes, nous savons que c’est une réalité : autrement nous aurions d’ores et déjà vécu l’insurrection  !

    L’acte révolutionnaire est posé par ce réel vivant, puisqu’il est combiné aux contradictions indépassables inhérentes au mode de production capitaliste. Il repose sur un point d’extériorité qui échappe au système capitaliste et à sa logique de classe. C’est effectivement le prolétariat qui posera les bases sociales de notre émancipation, mais il est certain qu’il faudra prendre en compte ces paramètres : le futur président le sait  !

    D’ailleurs, Freud et Lacan avaient repéré ce «  quelque chose  » qui échappait au contrôle des gouvernements : qu’ils soient socialistes ou capitalistes. La corrélation entre le vivant et le langage affirme une part non civilisable de l’Homme. Nous ne devons pas en avoir peur  ! C’est une forme de résistance qui doit trouver sa logique dans le cadre d’un front révolutionnaire : l’individualisme n’y a pas sa place  ! Contrairement aux dires du futur président de la République qui se nourrira de l’individualisme comme un singe dans une usine de cacahuètes. S’il le faut, il utilisera le confinement, un pass sanitaire ou diverses manipulations mentales via ses corollaires les médias, bref, tout ce qui lui sera nécessaire pour empêcher la libération inéluctable de notre «  ça  » ou «  réel vivant  ». Libérons-nous  !

    L’un des objectifs du mode de production capitaliste est la production de l’individu conforme : une machine. La machine est l’idéal dans notre société, elle est une image réalisée. La machine n’est pas impactée par le désir, le doute, l’affect, mais elle l’est surtout par le symptôme. Le rendement mérite bien cela  ! Elle rejette tout ce qui ne se chiffre pas ou n’est pas codé. Or, les humains sont déterminés par ce qui ne se chiffre pas ou ne se code pas : ils sont alors touchés par le «  symptôme existentiel  ». Le futur président sera peut-être élu, il vivra peut-être au palais de l’Élysée, il sera peut-être protégé par une garde républicaine, il sera peut-être le chef des armées, mais il ne sera pas le chef de notre «  armée intérieure  ».

    Cependant, nous vivons dans une dictature du capital. Notre «  armée intérieure  » ou réel vivant ou «  ça  » est enchaîné dans les murailles de la morale et de la juridiction bourgeoise. Pour les forces du capital ayant pour représentant le président de la République, ce point d’altérité est un ratage immense. Ils vont alors réprimer le symptôme, c’est-à-dire qu’ils musèleront l’Homme en tant qu’Homme, dans l’espoir que cette répression aboutisse à cet idéal machinique auquel ils aspirent. Parmi leurs outils nous trouvons la psychiatrie et le transhumanisme. Macron n’a-t-il pas présenté sa «  France 2030  » dans laquelle l’intelligence artificielle aurait sa place  ? Si.

    La psychiatrie est un véritable appareil de répression de l’état. Elle a pour mission de réhabiliter ce qui trouble l’ordre bourgeois. Le manifestant qui a donné une claque au président Macron n’a-t-il pas été immédiatement enfermé dans un hôpital psychiatrique  ? Si. D’ailleurs, la psychiatrie s’est développée sur des bases toujours plus sécuritaires : caméras, camisole, isolement. Le TOP (trouble oppositionnel avec provocation) a intégré la résistance dans le registre des pathologies. La psychiatrie affirme que le symptôme de la résistance est un dysfonctionnement. Ceci permet aux forces du capital de vider ce symptôme, la

    résistance, de son contenu créatif et singulier : ce qu’est l’Homme en tant qu’Homme finalement.

    L’idéal de l’Homme-machine s’oriente dans un sens identique. Cet idéal est porté par le président de la République, ce grand représentant du capital, puisqu’il voudrait culpabiliser l’Homme de ne pas être à la hauteur du rendement. Il n’est pas rare d’entendre un travailleur dire : «  Avant j’étais une machine, je travaillais 50 heures par semaine, mais là je n’y arrive plus, je ne sais pas pourquoi, c’est la déprime, je me sens vide, inutile  ». Cet idéal renforce donc les théories transhumanistes. Ces dernières veulent ainsi augmenter technologiquement l’Humain pour qu’il soit plus «  performant  ».

    4— Le président sera l’ennemi de la conscience de classe

    La connaissance est évidemment nécessaire pour la révolution, mais elle est dangereuse pour les forces du capital. La connaissance n’est pas la seule force motrice de la révolution, mais elle ne guide pas naturellement le sujet vers l’acte révolutionnaire. On peut lire des centaines de livres, la force motrice qu’est la volonté n’est pas une simple écriture. La conscience de classe sans volonté est inutile. De même que la conscience de classe sans une claire compréhension de nos affects est tout aussi inutile.

    La spontanéité du mouvement prime sur le raisonnement. Il en découle inévitablement qu’elle prime aussi sur la conscience. La conscience qui primerait sur la spontanéité du mouvement est une voie sans issue. Selon les dires des colporteurs de cette dernière idée, les masses ne seraient jamais assez éduquées, ni assez conscientes de leur condition d’exploités : il faudrait alors des «  chefs  ». Il s’agit là d’une voie erronée qui alimente le sectarisme, surtout dans le mouvement révolutionnaire en France.

    Les Gilets jaunes ont été l’occasion de vérifier cette réalité. Ils n’ont pas été poussés sur les ronds-points par la propagande ou l’idéologie, mais autour d’initiatives communes. Ensuite, les affects, les émotions, l’altérité de chaque individu ont fluidifié la suite du mouvement. La solidarité de classe est aussi liée aux affects, aux émotions et pas seulement au raisonnement. Devant ce «  danger du travail  », les médias du capital (qui sont des organes d’agitation et de propagande au service du grand représentant du capital qu’est le président) ont semé la confusion dans les esprits en disant que la «  conscientisation  » était alors une «  radicalisation  ».

    Lors de l’épisode des Giles jaunes, le président au pouvoir était Macron. Quel que soit le président ou sa famille politique, il aurait envoyé les LBD, puisque les Gilets jaunes s’avéraient d’abord être un danger du travail contre le capital. Le futur président de la République sait que les gilets jaunes reviendront sous une autre forme sociale, puisque leurs idées sont encore là  ! L’acte révolutionnaire doit trouver sa cohérence entre la destruction, la destitution, la séparation pour enfin affirmer une logique collective. Cette logique collective détruira l’illusion farfelue consistant à croire qu’un seul Homme élu, qui plus est vivant au palais de l’Élysée, serait doté d’une raison au-dessus de celles de la Nation. Le futur président de la République le sait puisque les monopoles capitalistes lui ont chuchoté ce secret dans son oreille : il réprimera toutes velléités allant dans ce sens.

    5— Le président sera l’ami de l’exploitation capitaliste

    Le principal objectif du futur président de la République française sera la conservation de la

    propriété privée des moyens de production et d’échange. C’est la raison pour laquelle les monopoles ont choisi «  leurs présidents  ». Notre front ne luttera pas contre le travail, mais contre l’exploitation de la force de travail. Le travail restera l’axe central du système : qu’il soit capitaliste ou socialiste.

    Le socialisme veut réconcilier le travailleur avec les produits de son travail. Le capital veut dévorer la force de travail pour réaliser toujours plus de profits : le président doit veiller au grain. Le travail place l’Homme dans un rapport social dans lequel il devient étranger à lui-même : une destruction organisée de nos subjectivités dont le président est le garant.

    La création de valeur est l’objectif suprême des forces du capital. Le travail sous le capitalisme a instauré une dépendance matérielle basée sur la privatisation des moyens de production et le commerce des moyens de subsistance. Le président de la République française devra donc assurer cette puissance matérielle aux monopoles capitalistes. Le travail est le résultat de la monétarisation des rapports sociaux et de l’expansion des marchés. C’est l’exploitation des populations du globe qui a été l’amorce permettant l’apparition du mode de production capitaliste dont le président de la République est le garant.

    Nous savons que le mode de production capitaliste est sorti des entrailles du mode de production féodal et c’est ainsi que les serfs furent absorbés par le capital. Mais le futur président de la République française n’est pas l’héritier du tiers-état : il n’en sera que la dégénérescence putride.

    Le futur président devra garantir la dépossession de tout moyen d’existence à la classe ouvrière, aux couches populaires, tout en ramenant vers lui une partie des couches moyennes. C’est une base nécessaire qui permettra le commerce de la force de travail. La force de travail exploitée dans les procès de production est la véritable génératrice de la valeur  !

    Le président de la République sera le chien de garde du surtravail. En effet, le capitaliste fait travailler l’ouvrier le temps nécessaire à la production de la valeur de sa force de travail. Une partie de la valeur qui aura été créée par l’ouvrier ne lui reviendra pas : c’est le capitaliste qui la perçoit. Cette valeur qui sera dégagée, et dont le capitaliste raffole, sera réinvestie dans le capital afin de développer les procès de production : c’est-à-dire l’exploitation. La différence entre le travail nécessaire et le surtravail permet aux capitalistes d’empocher cette plus-value. 

    6— Le président sera le père du pouvoir

    Toutes les formes de pouvoir sont la négation du réel vivant, c’est-à-dire de ce point d’altérité inhérent à l’espèce humaine. Les différents gouvernements (socialistes ou capitalistes) vont alors essayer de contrôler cet ingouvernable par des abstractions, c’est-à-dire par les notions de juste, bon, divin, scientifique, etc.

    La logique du pouvoir consiste à imposer les conditions matérielles de la domination, de la soumission, de l’obéissance : alors que ce réel vivant ne peut pas obéir. L’efficacité d’un état est conditionnée par l’intégration d’une partie de la population aux rouages de l’état : les directions syndicales, par exemple, n’échappent pas à cette règle. Certaines personnes iront jusqu’à refouler leur réel vivant pour plaire au système : elles vont se renier elles-mêmes donc.

    Toutes les formes de pouvoir sont déterminées par différentes formes de collaborations et de séductions subjectives et matérielles. Les homards de François de Rugy n’ont-ils pas trouvé des convives  ? Si  ! Le FAIRE FAIRE aux corps indépendamment de notre subjectivité. Le pouvoir de FAIRE FAIRE est ainsi un pouvoir d’empêcher des personnes de FAIRE AUTRE CHOSE.

    Les personnes sur qui s’exerce ce pouvoir deviennent alors des exécutants non pensants. Cette réalité se reflète lors des élections bourgeoises, dans lesquelles ces gens vont voter pour des personnages qui sont issus ou sont aux services de la classe bourgeoise dominante : certains ne savent même pas pour quel candidat ils voteront deux semaines avant le jour du vote  ! Bref…

    Le pouvoir est fondé sur les capacités matérielles d’une classe sociale dominante à exploiter le corps d’autres personnes afin d’assouvir sa soif de profit. La visée du futur président sera aussi d’affirmer «  l’UN  », c’est-à-dire de réduire la différence à l’identique. Le psychanalyste Michel Lapeyre disait : «  Une société qui fonctionne au pouvoir, qui marche en vertu de l’UN, rejette l’étranger comme hostile  ». Pour affiner et affirmer cette construction de «  l’un  », les forces du capital peuvent compter sur de bons élèves du capital du type Zemmour. Éric Zemmour n’est pas ici pour être élu président de la République  ! Il est une nouvelle forme d’épouvantail que les forces du capital utilisent pour faire voter les Français  !

    En réalité, c’est bien le rejet, massif et exclusif, comme tel, qui est la condition sine qua non, le préalable de toute société de l’UN : Zemmour permet un rejet à l’extrême. On fait donc comme si l’on pouvait supprimer dans le groupe toute différence absolue, comme si l’on devait éliminer du groupe tout ce qui est dissemblable, radicalement autre, inidentifiable, comme s’il fallait se nettoyer de l’impur et couper tout ce qui dépasse. Zemmour est un épouvantail permettant de couper ce qui dépasse du cadre capitaliste. Ce que veulent ces sociétés de l’UN, c’est résorber, phagocyter ce qui est irrésorbable, inavalable, et c’est aussi trouver ou forcer une commune mesure pour tout ce qui demeure cependant incommensurable.

    7— Le futur président doit être l’ennemi du «  savoir concret créatif  ».

    Les différents courants révolutionnaires veulent sauver le travail. Il y aurait une contradiction entre le travail d’un côté et la plus-value de l’autre. Lorsque le peuple travailleur se sera réapproprié les moyens de production, chacun serait susceptible de toucher enfin le produit total de son travail : c’est ce que suppose la théorie. La défaillance viendrait-elle du fait que celle-ci détache le temps de travail de la vie sociale  ?

    Mais alors, comment faire pour que les unités qui seront autogérées par le peuple travailleur ne redeviennent pas concurrentielles entre elles  ? En 1892, Kropotkine, dans «  la Conquête du pain  », affirmait : «  Aucune distinction ne peut être faite entre les œuvres de chacun. Les mesurer par les résultats nous mène à l’absurde. Les fractionner et les mesurer par les heures de travail nous mène aussi à l’absurde. Reste une chose : placer les besoins au-dessus des œuvres  ».

    Le savoir concret créatif est confisqué sous le capitalisme. Le futur président sera le garant d’un système qui s’est accaparé la totalité des produits du travail du peuple travailleur. Il en est conscient et c’est aussi pour cela qu’il saura investir dans des armes de guerre du type LBD. En effet, lorsque les corps et les esprits sont étouffés, ce sont les forces productives qui

    frémissent. Ce frémissement peut alors aboutir à l’aggravation de la contradiction entre les rapports de production et les forces productives. Nous savons aussi que cette contradiction antagoniste et inconciliable remet en cause le mode de production, puisqu’il n’est que la résultante de l’harmonie entre ces deux aspects.

    Le besoin reste un point nodal de compréhension. Actuellement, les forces du capital veulent faire croire que certains besoins résulteraient d’un ordre naturel. En réalité, ces besoins résultent d’un rapport social prenant pour base la dépossession pour le peuple travailleur de ses moyens de subsistance. Le futur président, en sa qualité de garant des monopoles capitalistes, devra renforcer cette illusion en faisant croire que le but de la vie est de détenir un smartphone dernière génération par exemple.

    Dans le Nouveau Monde sans capitalisme, les besoins ne seront plus satisfaits par des marchandises uniquement. Ils s’exprimeront par l’entraide, mais aussi par la prise en charge collective des désirs de chacun : c’est ici que les subjectivités peuvent se libérer. La faim cessera d’être un simple besoin. Il y aura une harmonie entre la production et la consommation, mais aussi entre la production et la vie sociale. Aucune force de travail ne sera figée dans une activité productive en particulier. Chaque personne fera ce qu’elle souhaite, si elle le souhaite et quand elle le souhaite…

    8— Le futur président de la République devra empêcher le peuple travailleur de se libérer de l’industrie et des systèmes

    Les progrès de la technologie et de la production industrielle épousent différentes formes inhérentes aux forces productives. Les forces productives sont aussi déterminées par la force de travail en mouvement. C’est un tout qui se développe en prenant différentes formes selon les séquences historiques. Le futur président sera placé devant une contradiction, puisqu’il voudra développer ces différentes formes des forces productives, mais en conservant la propriété privée des moyens de production. Pour Kropotkine, les lois naturelles de l’économie des besoins seront placées au sommet de la production industrielle. C’est ainsi que nous nous orienterons ensuite vers l’harmonie sociale.

    C’est au 19e siècle que la technologie et l’industrie ont été hissées au rang de fétiche. Cette fascination s’exprime lorsque Kropotkine expose son idée concernant l’agriculture : «  La culture de la terre n’est plus possible sans machine, sans puissants arrosages, sans chemins de fer, sans manufactures d’engrais. Pour avoir ces machines appropriées aux conditions locales, ces chemins de fers, ces engins d’arrosage, etc., il faut qu’il se développe un certain esprit d’invention, une certaine habileté technique qui ne peuvent même pas se faire jour tant que la bêche ou le soc restent les seuls instruments de culture. Pour que le champ soit bien cultivé, pour qu’il donne les récoltes prodigieuses que l’Homme a le droit de lui demander, il faut que l’usine et la manufacture, beaucoup d’usine et de manufactures, fument à sa portée  ».

    Le futur président devra augmenter le taux de la plus-value qui sera générée par la force de travail nationale. Il faudra augmenter le rendement (ce qui a été prévu par la loi travail d’ailleurs) : l’Homme-machine doit y trouver sa place  ! On ne devrait pas s’inquiéter, puisque le Nouveau Monde sans capitalisme se présente à notre porte et il va balayer cette arnaque qu’est la «  démocratie représentative  »  !

    Le problème, c’est que les forces révolutionnaires, en France, sont trop divisées, en retard

    dans l’analyse pour tirer le Nouveau Monde de l’ancien. Ce Nouveau Monde a commencé son émergence lors du mouvement des Gilets Jaunes, mais certains «  révolutionnaires  » ont soutenu cette idée stupide que les Gilets jaunes n’étaient pas défendables puisqu’ils étaient «  anti-syndicats  »  ! Bref…

    Dans son livre «  Pour le Communisme libertaire  », Daniel Guérin écrivait : «  L’évolution même de la technique, de l’organisation du travail ouvre les voies à un socialisme par en bas. Les plus récentes recherches en matière de psychologie du travail ont conduit à la conclusion que la production n’est vraiment “efficiente” que si elle n’écrase pas l’Homme, que si elle l’associe au lieu de l’aliéner. Par ailleurs, l’accélération des moyens de transport facilite singulièrement l’exercice de la démocratie directe. Un exemple : en quelques heures, grâce à l’avion, les délégués des sections locales des syndicats ouvriers américains, les plus modernes, comme celui de l’automobile, dispersé sur tout un continent, peuvent être aisément rassemblés  ». Il est certain que les bases matérielles sont en place pour le Nouveau Monde sans capitalisme, mais il manque un peu de volonté…

    9— Le futur président devra développer la cybernétique au service des monopoles capitalistes

    La circulation des capitaux et le développement technologique sont deux axes essentiels au mode de production capitaliste. Dans les années 1980, se produira une révolution technologique et informatique. Il en résultera un déplacement ininterrompu et très rapide des informations financières. La forme de circulation A M-A laissera la place à la forme de circulation A-A dans laquelle la classe capitaliste veut engendrer toujours plus d’argent, mais sans procès de production.

    Les vitesses de transmission, de réécriture de l’investissement financier deviennent incroyablement élevées. On comprend pourquoi le capitalisme a développé internet. Les capitaux se déplacent extrêmement vite et même la plus féroce force de travail ne peut pas aller aussi vite. Le développement du cyberespace a aggravé la domination mondiale du capitalisme. Le développement du cyberespace permet de remplacer les rapports sociaux entre les personnes par des rapports sociaux entre les choses.

    Le collectif Véloce notifiait dans ses thèses sur l’informatique : «  Avec la démocratisation des appareils informatiques, la vie de tous les jours est atomisée en une myriade d’activités parcellaires, chacune nécessitant l’interface adéquate. Le nouveau prolétaire est intégré à tout instant à un processus automatisé dont il n’est qu’un appendice, et où sa propre activité obéit à un système étranger, à une logique rationalisée intégrée à l’outil. Et ce, pour reprendre le mot de Lukàcs à propos des ouvriers industriels, “au point qu’ici aussi la personnalité devient le spectateur impuissant de ce qui arrive à sa propre existence”. Ce qui était le lot de l’employé d’usine, dont l’activité quotidienne reproduit parfaitement la condition sociale, devient le sort de tous. La société poursuit son destin ouvrier  ».

    10— Le futur président sera l’ennemi des luttes ouvrières passées

    La fin du 19e siècle a opéré une concentration des ouvriers et des usines dans les villes. Les prolétaires se sont retrouvés à proximité des beaux quartiers, des lieux de pouvoirs. De 1830 à 1871, Paris sera un terrain de la lutte des classes : il aura connu huit insurrections en 40 ans. Le summum fut la Commune de Paris de 1871. La bourgeoisie voudra ensuite «  pacifier le prolétariat  » en lui donnant le «  goût de la propriété  ». La petite maison ouvrière avec jardin sera une des clefs de la paix sociale. Après le premier choc pétrolier, la paix sociale est plus difficile à gagner : le chômage augmente, les services publics sont attaqués, les conquêtes sociales sont remises en cause.

    Le mode de vie urbain se généralise, ce qui donne lieu à une accélération de la prolétarisation. Le smartphone et autres objets connectés prennent place à côté de nos voitures. Nous sommes concentrés, mais nous sommes isolés dans le même temps. Nos vies sont rythmées par la fibre optique. Nous arrivons à l’ère de la smart city. Macron ne fait-il pas l’apologie de sa «  France de 2030  ?  ». Le projet d’une France toujours plus connectée est un des dossiers phares dont le futur président des riches aura à s’occuper évidemment. Il aura du boulot, puisqu’il lui faudra aussi s’occuper de l’augmentation du temps de travail, de la retraite à point, etc.

    La Commune de Paris fut la première grande victoire du prolétariat. On ne peut pas nier le rôle des anarchistes dans ce passage héroïque de notre histoire. Bakounine y travaillait déjà en 1870 en publiant «  Lettre à un Français  » dans le journal La Solidarité. Dans sa lettre, il appelait à l’abolition de «  la machine administrative et gouvernementale de l’état  » et à «  la fédération révolutionnaire des communes  ». Un an auparavant, en 1869, l’idée fédéraliste gagnait du terrain lors du Congrès de Bale de l’AIT. Certains militants étaient alors les petits-enfants des sans-culottes  ! Le souvenir de la commune insurrectionnelle de Paris  » de 1792-1793 qui lutta déjà pour une démocratie directe était encore très présent.

    Pendant ce temps, Trotski dénonçait l’absence d’un parti centralisé qui imposerait une «  discipline de fer  » au mouvement révolutionnaire. La divergence de point de vue entre «  les communistes autoritaires  » et les «  anarchistes  » existait déjà en cette fin du 19e siècle  ! Le futur président de la République aura pour tâche d’attiser cette différence pour consolider la domination de classe des monopoles capitalistes qu’il représentera. Le front des révolutionnaires, du peuple travailleur doit dépasser cette contradiction  !

    Marx affirmait la nécessité de la prise du pouvoir politique par les révolutionnaires. Il soutenait l’idée que l’état devait être modifié. Pourquoi Karl Marx n’a-t-il rien dit concernant le réel vivant qui échappe au contrôle de l’état, quelle que soit son essence de classe  ? Engels aussi appréhendait la Commune de Paris comme étant un exemple de «  la dictature du prolétariat  ».

    Il déclarait que la Commune fut «  la destruction de la puissance de l’état tel qu’il était jusqu’ici et son remplacement par un pouvoir nouveau  ». Lénine radicalisait cette visée lorsqu’il invoquait la Commune de Paris pour justifier l’état bolchévique. Mais… il ne disait rien… concernant le réel vivant…

    C’est à Londres, lors d’un rassemblement de l’AIT du 17 au 23 septembre 1871 que certains principes contre les anarchistes seront réaffirmés. C’est ici que les anarchistes seront définitivement exclus, d’où il en résultera «  L’internationale antiautoritaire  » de Bakounine en 1872 réaffirmant une fédération de communes libres et selon laquelle «  la destruction de

    tout pouvoir politique est le premier devoir du prolétariat  ». L’analyse de la Commune par les anarchistes était différente de celle de Marx et donc des marxistes.

    Kropotkine voyait dans la Commune «  une première ébauche de ce que pourrait être une révolution sociale anarchiste  ». La Commune brisait l’idée de «  récupérer la machine d’état  ». Notre héritage de lutte est ancré dans la conscience de la classe ouvrière, des couches populaires. Le futur garant des monopoles capitalistes qu’est le président de la République ne peut évidemment pas effacer notre héritage.

    Le venin putride des médias menteurs au service du capital a tenté d’effacer de nos esprits notre héritage de classe : sans succès. Ils ne peuvent que «  faire avec  ». C’est ici que le rôle de la social-démocratie affirme son utilité dans la dictature du capital en France. Le rôle de la social-démocratie est d’être un lien organique  ; c’est-à-dire de faire le lien entre la classe ouvrière, les couches populaires et la dictature du capital.

    La social-démocratie canalise la colère, les désillusions, les velléités révolutionnaires, les frustrations de classe pour orienter le tout vers des jours sans lendemains : ses représentants sont entre autres le PCF ou LFI. Leur rôle d’intermédiaires dans la dictature du capital se matérialise par leur collaboration avec les grands partis du capital comme le PS, Europe/Écologie/Les Verts, FDG, etc. D’ailleurs, ils prennent aussi place dans le «  théâtre des guignols bourgeois  » c’est-à-dire au Parlement ou au Sénat. Le futur président de la République devra conserver à sa table une «  part de homard  » pour la SA social-démocratie qui sera pour lui une opposition acceptable : son extrême gauche bourgeoise  !

    La Commune voulait une collectivité ouverte et autonome à l’intérieur d’une Communauté de communes. Les anarchistes affirmaient alors : «  la fédération de communes insurgées est à la fois la visée et le moyen de la révolution  ». C’est en 1880 que le congrès de la Fédération jurassienne se réunissait. Ces antiautoritaires précisaient que, pour les anarchistes, la Commune n’était ni un petit état, ni une partie d’un état, ni une brèche dans un état, mais l’expression de libres groupements humains qui auront «  abattu toutes formes d’état  ». La Commune n’était peut-être pas une libération d’un territoire, mais un projet de communes fédérées : une révolution sociale contre l’état.

    La visée révolutionnaire de la commune libérait les travailleurs de la production simplement. Il en a dérivé alors une modification profonde de la vie quotidienne : l’éducation, le logement, les subsistances, l’art, l’artisanat, etc. La commune n’attendait pas les directives d’un «  état révolutionnaire  », puisqu’elle prenait en main son avenir à travers une révolution sociale décentralisée.

    Lénine écrivait : «  le suffrage universel est l’indice de mesure qui permet de mesurer la maturité de la classe ouvrière  ».