•  
    Fin des repas Crous à un euro : "On va encore voir des dizaines de milliers de jeunes à la banque alimentaire"

    De nombreux jeunes ont dû se rendre à la banque alimentaire cette année.
    AFP

    Fin des repas Crous à un euro : "On va encore voir des dizaines de milliers de jeunes à la banque alimentaire"

    Jeunesse à jeûn

    Par Axel Perru

    Publié le 16/07/2021 à 12:00

    Emmanuel Macron a annoncé, lors de son allocution du lundi 12 juillet, la fin des repas du Crous à un euro pour tous les étudiants. Ils ne concerneront plus que les étudiants boursiers ou en situation de « grande précarité ».

    Les files d'étudiants en quête d'un repas bon marché pourrait devenir une image ordinaire. Emmanuel Macron a en effet annoncé la fin des repas du Crous à un euro pour tous, lundi 12 juillet, lors de son allocution très attendue sur l’épidémie de Covid-19. La baisse des tarifs du Crous, mise en place en janvier dernier, avait permis de servir 11 millions de repas à des jeunes très durement touchés par la crise sanitaire. Elle ne concernera à la rentrée plus que les boursiers ou les étudiants en situation de « grande précarité ». Pour les autres, le tarif du repas repasse à 3,30 euros : modique dans l'absolu, mais significatif pour une population que cinq euros d'APL en moins peut mettre à mal.

    L'annonce n'a pas manqué de faire réagir l'Union national des étudiants de France (Unef) de Sciences Po. « La précarité étudiante ne s'arrêtera pas miraculeusement à la rentrée ! », s'insurge l'association sur Twitter. D'autant plus que ce phénomène ne date pas d'hier : en 2016, presque la moitié de la population étudiante déclarait sauter des repas durant une semaine normale de cours normale, d'après une enquête de l'Observatoire de la vie étudiante. Une situation qui s'est gravement dégradée l'année dernière. La Fédération française des banques alimentaires (FFBA) observe une augmentation de 12% du nombre de bénéficiaires entre 15 et 25 ans de novembre à décembre 2020.

     

     

    « Cette aide m'a permis d'étudier tranquillement »

    Arrivé en France pour suivre un master à Sciences Po, Antonio avait accueilli avec un grand soulagement les repas Crous à un euro. « Cette aide m'a permis d'étudier plus tranquillement assure l'étudiant italien de 24 ans. J’aurais certainement pesé plus lourd sur les épaules de mes parents si ces repas n’étaient pas là. » Une fois payé le loyer en cité universitaire de 580 euros, son budget est de fait plus limité pour finir le mois. Avant la mise en place du repas Crous, Antonio avait donc déjà eu recours à plusieurs banques alimentaires.

    A LIRE AUSSI : Précaires et mal protégés : les jeunes en première ligne face aux dégâts économiques du Covid-19

    Au début, Antonio n’était pourtant pas sûr de pouvoir bénéficier de ces aides. « On imaginait qu’elles étaient destinées à des étudiants plus en besoin que nous », explique-t-il. L’accueil chaleureux de La Croix rouge ou des Restos du Cœur  l’ont tout de suite mis en confiance. « Il n’y a peut-être qu’à Linkee, où on était applaudi à la sortie, que je me suis senti mal à l’aise », s’amuse-t-il. Avec l’alternance qu’il a trouvé pour l’année prochaine, il espère sortir de la précarité. Mais beaucoup ne voient pas leur situation changée.

    Une précarité étudiante en hausse

    L’histoire d’Antonio est loin d’être isolée. Le fondateur de l'association de soutien aux étudiants Co’p1, Ulysse Guttmann-Faure, souligne ainsi que de plus en plus de nouveaux bénéficiaires toquent à la porte des association. « Huit étudiants sur dix n’avaient jamais eu recours à une aide alimentaire avant la rentrée 2020 » , précise-t-il. Son association, fondée en septembre de la même année, distribuait à la fin de l’année scolaire près de 15.000 paniers alimentaires par semaine. « Il y avait beaucoup de soulagement chez ces étudiants, qui, sans ces aides, arrêteraient leurs études ou s’arrêteraient de manger ».

    A LIRE AUSSI : Paris sportifs : les opérateurs de jeux à l’assaut des jeunes des quartiers

    Ulysse Guttmann-Faure s’inquiète d'un retour à une situation instable à la rentrée. « Si jamais l’étudiant va deux fois par jour pendant un mois à la cantine du Crous, c’est quasiment 138 euros de perdus par rapport à l'année dernière. Pour beaucoup d’étudiants, cette somme représente une bascule ». Il avait d’ailleurs observé que le nombre de demandes augmentait moins vite lorsque le tarif à un euro avait été mis en place, en janvier dernier. « Chaque semaine on avait environ 50% de demandeurs en plus. A partir du moment où il est passé à un euro, ce taux est passé à 20%. » Certains étudiants ne venaient plus du tout, d’autres moins fréquemment. « Ils trouvaient un équilibre avec les repas à un euro, résume-t-il. Cet équilibre va être mis à mal à la rentrée. »

    Quel avenir pour les étudiants non boursiers?

    En choisissant de rétablir les tarifs précédents, le président n'a pas enclenché un « retour à la normale » mais un « retour en arrière », estime le chercheur spécialisé dans les politiques publiques pour la jeunesse Tom Chevalier. Il pointe notamment le fait que ces jeunes soient contraints de travailler à côté pour payer leurs études. « Près de 70% des étudiants ont une forme d'emploi rémunéré détaille-t-il. Or la période Covid a fait disparaitre une grosse partie de ces emplois ».

    Un constat partagé par le président de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage) Paul Mayaux : « C’est catastrophique déplore-t-il. On va encore voir des dizaines de milliers de jeunes aller à la banque alimentaire ». Une seule solution pour l'associatif : étendre le nombre de bénéficiaire des bourses et revaloriser son montant pour combler la hausse des prix des repas. « Les boursiers actuels ne sont pas les seuls en situation de précarité. Il faut poser les première pierres d’une refonte des critères sociaux ». 

    Mais les cantines du Crous n'ont pas qu'un avantage financier, comme le rappelle Laurence Champier, directrice fédérale de la FFBA. « C'est aussi un lieu de sociabilisation. Ces cantines sont essentielles dans un moment où les étudiants ont besoin de se retrouver. » Un retour qu'on espère au moins sans jauge ni restriction sanitaire.


  • CONSTAT ET ANGOISSE

    Vous ne rêvez pas. Depuis 2018 environ, un bidonville miniature est apparu au centre ville de Strasbourg. En l'espace de 4 ans et deux maires successifs ( PS et EELV), aucune solution de relogement n'a été trouvé pour épargner aux habitants de Strasbourg, ainsi qu'aux visiteurs et leur enfants, l'horreur d'une telle misère !

    Pourtant cet habitat n'est pas invisible ; situé à deux cent mètres de la cathédrale, il suffit de se rendre place Gutenberg pour le voir. L'environnement économique direct est apparemment une notion inconnue de nos dirigeants politiques, censés représenter nos intérêts après avoir été élus par nous autres, les modestes contribuables. Peut-être qu'ils n'habitent plus parmi nous. Si ce petit diaporama peut redonner sa dignité à cette personne et nous aider à retrouver un cadre de vie relativement normal, alors j'aurais fait mon boulot de journaliste indépendant.

    Jusqu'à preuve du contraire, je n'ai jamais lu la moindre ligne sur le sujet dans les quotidiens de la région. Plus précisément, je dirais qu'il existe une différence entre pauvreté (plus 5 millions de français ! ) et grande misère, celle des clochards, des SDF, des mendiants, des vagabonds isolés, jeunes ou vieux. Ils ont toujours existé mais les politiques sociales les concernant diffèrent selon les époques. On aurait tendant à croire que l''idéologie du progrès aidant, notre système actuel leurs réserve un meilleur sort qu'avant mais cela reste à prouver, comme cela est illustré dans ce film, où la situation très paradoxale d'une ville soit-disant exemplaire est le théâtre d'un laxisme effrayant.

     

    REPORTAGE

    Aujourd’hui lundi 12 juillet 2021, j’ai pris mon courage à deux mains pour réaliser un petit reportage solo, le meilleur journalisme est ppur moi synonyme de légèreté et de densité sémantique, j’ai donc enfourché mon vélo équipé de mon appareil de prise de vue, un téléphone mobile multifonction : appareil photo, agenda, machine à écrire, autrement dit un mini-cerveau artificiel.

    Après quelques minutes de circulation je me retrouve au cœur du centre ville de Strasbourg pour faire des prises de vue d’un habitat fait de tissu, d’objet récupérés, de carton, et de planches autour d’un kiosque à journaux désaffectés depuis plusieurs années.Comme vous le voyez sur la photo quelqu’un s’est installé autour du kiosque abandonné pour y faire une cabane, un refuge fait de bric et de broc. Le résultat est impressionnant : une architecture chaotique et paradoxalement très fonctionnel. En réalité il s’agit d’un squat par une personne isolé, sans logement pour des raisons inconnues.Cette vision provoque une émotion brutale parce que le contraste est extrêmement violent avec le reste de l’espace urbain par ailleurs très commercial : parking payant, voitures, boutiques et vitrines, distributeur de billets, affiche publicitaire.

    Dans le contexte d’un musée ou d’une galerie on pourrait penser à une installation conceptuelle mais dans le cadre d’une place publique il est plus réaliste de penser à un bidonville.

    Dailleurs cette situation n’est pas nouvelle. Le clochard s’est installée ici depuis au moins 3 ans et n’a pas été relogé dans des conditions décentes. Ni le conseil municipal socialiste pas plus que la nouvelle élue écologiste n’ont l’air de s’en être inquiété. Cette indifférence me semble soudain absurde. Pourtant impossible de ne pas le voir, le spectacle est là sous nos yeux, on ne peut pas le rater.Strasbourg ville de culture, capitale de l’europe, Strasbourg ville des droits de l’homme, Strasbourg ecologiste autant de prétention pour celle qui veut rayonner dans le monde sans la volonté d’agir sur une chose aussi aberrante, aussi évidente. On est amené à se poser des questions. Étonné que je fasse des photos, J’en discute avec un passant qui vient de m’aborder. Il semble intéressé par ma démarche ; pour lui aussi cette abri de fortune est un scandale. Quand je lui dis que j’ai envie d’appeler mon article « la normalisation de la misère » il est ravi. « excellent titre » dit-il.

     

    CONCLUSION

    Normalisation de la misère, par l’indifférence des autorités élues. Indifférence, laxisme, complaisance, et volonté de laisser pourrir une situation d’urgence.Normalisation de la misère et de l’indifférence par ceux et celles dont le métier serait théoriquement de protéger les habitants non pas des pauvres mais de l’absence de solution durable contre l’extrême pauvreté. En l’occurrence il ne s’agit pas exactement de pauvreté mais d’une extrême indigence qui pousse un individu à perdre sa dignité d’autant plus que les services publics concernés n’ont pas fait leur travail.

    On comprend mieux pourquoi les résultats des dernières élections régionales et municipales ont enregistrées un taux d’abstention massif. a quoi bon élire des gens s’ils sont absents des responsabilités qu’on leur a délégué, autant jeter son argent par la fenêtre ? Est-ce que le jour où cette personne isolé mourra à l’intérieur de son abri de fortune, on laissera son cadavre se décomposer de la même manière qu’il a été décidé un jour qu’un commencement de bidonville au cœur d’une grande ville européenne était un symbole de liberté ? alors qu’en réalité il s’agit d’une normalisation de la misère mise en place et entretenue. Je quitte alors l’endroit très angoissé en me demandant dans quel société je vis ? Quelle est la raison de ce mensonge ? Je me refuse de croire que personne n’est au courant ? Comment peut-on concevoir que cela représente un progrès ? Ai-je tort de mal juger ce qui me semble être monstrueux ?

    Qui est cette personne qui n’est plus personne au yeux de ceux qui décident qui a le droit de vivre ou pas ? Peut-être que mon film lui redonnera une part d’humanité face au nouveau système social de la survie normalisée /

     

     

     





    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique