• Trump nomme ses propres avocats aux postes clefs du ministère de la Justice

    Trump nomme ses propres avocats aux postes clefs du ministère de la Justice

    Washington - Le président élu a ainsi promu trois de ses avocats personnels - Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer - aux postes de numéros deux, trois et quatre du ministère de la Justice, le puissant appareil judiciaire fédéral qui chapeaute des procureurs dans tout le pays
     
    AFP - Todd Blanche
     
     
    Todd Blanche, derrière son client Donald Trump, le 6 septembre 2024 à New York.  -  CHARLY TRIBALLEAU - New York (AFP)

    Désigné ministre de la Justice, Matt Gaetz, ancien élu de Floride, est un fidèle trumpiste qui n’est pas sûr d’obtenir la confirmation du Sénat car il est, entre autres, soupçonné de relations avec une mineure et avait fomenté il y a bientôt deux ans le renversement du chef de la majorité républicaine de la Chambre des représentants.

     

    Le président élu a ainsi promu trois de ses avocats personnels - Todd Blanche, Emil Bove et John Sauer - comme numéros deux, trois et quatre du ministère de la Justice, le puissant appareil judiciaire fédéral qui chapeaute des procureurs dans tout le pays.

    Jamais-vu. MM. Blanche et Bove sont connus pour avoir défendu Donald Trump dans le procès pénal sur des paiements dissimulés à une ex-actrice de films X, Stormy Daniels, qui a débouché sur sa condamnation historique, le 30 mai par la justice locale de l’Etat de New York. Du jamais-vu pour un ex-président américain.

    Todd Blanche, qui le conseille aussi dans deux autres affaires fédérales, a été nommé jeudi ministre adjoint de la Justice. Son confrère Emil Bove, qui avait aussi représenté le milliardaire républicain à New York, et dans des instructions à l'échelon fédéral, devrait être le numéro trois dans l’ordre protocolaire. Il sera surtout le numéro deux par intérim, pendant que Todd Blanche passera devant le Sénat.

    Juristes chevronnés. Enfin, John Sauer, qui avait plaidé avec succès l’immunité présidentielle devant la Cour suprême, hérite du quatrième poste le plus important à la Justice. Comme « Solicitor General », ou « avocat général », il devrait représenter l’exécutif américain devant les neuf juges qui composent la haute cour.

    Les trois hommes sont des juristes chevronnés qui ont pignon sur rue. Todd Blanche est diplômé de l’Ecole de droit de Brooklyn à New York, tandis qu’Emil Bove est sorti de l’université Georgetown de la capitale Washington. John Sauer est, lui, diplômé de la très prestigieuse Harvard et a étudié aussi à la célébrissime Oxford britannique.

    Ils ont aussi été magistrats, procureurs fédéraux, dont MM. Blanche et Bove au très puissant parquet fédéral de Manhattan, à New York. M. Sauer a, lui, servi comme « Sollicitor General » du Missouri.

    Immunité présidentielle. Todd Blanche « sera un dirigeant central du ministère de la Justice pour réparer un système judiciaire cassé depuis trop longtemps », selon Donald Trump, tandis que Emil Bove permettra, selon le prochain président, d'« éradiquer la corruption et la criminalité ».

    Dans le procès Stormy Daniels, le prononcé de la peine pénale contre M. Trump, 78 ans - possiblement de la prison - ne cesse d'être repoussée : de juillet à septembre, et dorénavant au 26 novembre.

    Se fondant sur la décision de la Cour suprême sur l’immunité présidentielle, ses avocats contestent la légalité de sa condamnation à New York et réclament « le classement final de l’affaire », en raison de sa réélection le 5 novembre.

    Non-lieu ? Sous une énorme pression, le juge de New York Juan Merchan doit trancher sur cette requête le 19 novembre et décider alors si une peine doit être effectivement prononcée le 26.MM. Blanche et Bove représentent aussi leur prestigieux client dans deux affaires fédérales instruites par un procureur spécial, Jack Smith.

    Donald Trump est poursuivi à Washington pour ses tentatives présumées de renverser le résultat de la présidentielle de 2020, et en Floride pour être parti de la Maison Blanche avec des documents classés. Mais les deux affaires ont du plomb dans l’aile et le procureur Smith devrait rendre un non-lieu, car le ministère de la Justice ne peut pas poursuivre un président en exercice.

    Donald Trump « veut instrumentaliser la Justice pour chercher à se venger » de ses opposants démocrates, en faisant du ministère « son propre cabinet juridique (avec) ses avocats personnels » a tonné le sénateur démocrate Dick Durbin, qui préside jusqu’en janvier la commission judiciaire de la chambre haute du Congrès.

    Chris Lefkow

    © Agence France-Presse

     
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