• Bordeaux: De «Vous êtes charmante» à «Tu sais que t'es bonne»...La campagne du réseau TBM contre le harcèlement

    HARCELEMENT Elle a été lancée après qu'une étude a démontré que 80% des utilisatrices du réseau ont déjà été harcelées...

    Les affiches sont présentes dans les bus et tramway

     

    Les affiches sont présentes dans les bus et tramway - Affiche de la campagne Stop ça suffit

    Laetitia Dive

    « Je n’ai pas encore remarqué ces affiches mais a priori c’est une bonne idée, je vais faire attention une fois dans le tram ! ». Violaine, 22 ans, attend le tramway place de la Victoire avec son amie Anna. Toutes deux voient d’un bon œil la campagne de lutte contre le harcèlement sexiste mise en place dans les trams et les bus TBM de la métropole de Bordeaux.

    « Réponds sale chienne »

    Depuis quelques jours, des affiches qui prennent l’apparence d’un plan sont placardées à l’intérieur des transports. Mais en guise de noms de station, des phrases apparaissent.

    Elles ont été déclinées en trois rôles : celui du harceleur, celui de la victime et celui de la personne qui assiste à une situation de harcèlement sans réagir. Sur la première, cela commence par un simple « Mademoiselle » à la première station, suivi d’un « Vous êtes charmante » pour terminer sur un « Réponds sale chienne ».

    Les associations ont demandé que la campagne nationale soit reprise à Bordeaux. Les associations ont demandé que la campagne nationale soit reprise à Bordeaux. - Affiche de la campagne Stop ça suffit

    «Une enquête a été menée conjointement par la ville de Bordeaux, la métropole et la TBM. Les résultats (parus fin novembre) ont montré que 80 % des voyageuses ont déjà été victimes de harcèlement. On a décidé de réagir immédiatement », raconte Christophe Duprat, vice-président de Bordeaux Métropole.

    Une campagne déjà menée à Paris

    A la demande des associations, ils décident de reprendre les affiches proposées par la campagne « Stop ça suffit » menée à l’échelle nationale. « On ne voulait pas perdre de temps pour le mettre en place après l’enquête. Ça n’est pas anodin et on veut que les personnes qui harcèlent comprennent rapidement qu’il n’y a aucune tolérance. »

    Les conducteurs et le reste du personnel de la TBM ont été formés pour savoir détecter les cas de harcèlement. Les conducteurs et le reste du personnel de la TBM ont été formés pour savoir détecter les cas de harcèlement. - Affiche de la campagne Stop ça suffit

    Sur la ligne C du tramway, Sébastien, 31 ans, salue l’initiative : « J’ai tout le temps des copines qui me racontent qu’un type les a emmerdées. Parfois c’est l’air de rien, ils disent juste "t’es jolie" ou posent une question débile pour engager la conversation… Mais à la longue ça peut être lourd. »

    Et quand il apprend que 80 % des utilisatrices ont déjà vécu ces situations, le trentenaire n’en revient pas : « C’est horrible parce que ça signifie aussi que la proportion d’hommes qui harcèlent est plus élevée qu’on ne le croit… J’espère que je n’en connais pas ! »

    Jusqu’au 8 mars

    A Bordeaux, la campagne, inédite dans la ville, se poursuit jusqu’au 8 mars : une date symbolique puisqu’il s’agit de la journée de la femme. En parallèle, l’ensemble du personnel TBM est formé pour détecter des situations ou des gestes qui s’apparentent à du harcèlement.

    « On fera une nouvelle campagne l’an prochain, raconte Christophe Duprat. On attend les retours de celle-là et on espère surtout que d’ici là, le nombre de cas va baisser. »

    >> A lire aussi : Education: Pourquoi l'école française est-elle encore jugée trop sexiste?

     

     


  • Lille: Au nom d'un «monde qui change», ils prient la BNP d'éteindre son écran le week-end

    URBANISME Des habitants d'un quartier lillois ont placardé une affiche demandant à la BNP d'éteindre son agence le soir et le dimanche...

     

    L'écran lumineux de l'agence BNP de Saint-Maurice, à Lille

    L'écran lumineux de l'agence BNP de Saint-Maurice, à Lille - O. Aballain / 20 Minutes

    Olivier Aballain

    Chiche. Des riverains du quartier Saint-Maurice, à Lille, aimeraient bien voir BNP Paribas s’appliquer son propre slogan. «La banque d’un monde qui change » est ainsi priée, par une lettre placardée en vitrine, d’éteindre l’écran publicitaire qui reste allumé le soir et le week-end.

    Les riverains arguent notamment du fait que l’agence ne contribue « ni [à] la vie nocturne du quartier, ni [aux] activités du week-end ». En conséquence, la « pollution visuelle et énergétique » du panneau lumineux leur devient « insupportable ».

    « Bon pour la pub, mauvais pour l’image »

    « Le monde est en train de changer, et vous ne semblez pas l’avoir compris », explique le courrier. Le texte met en rapport « l’urgence d’apprendre à économiser l’énergie » avec l’objectif, fixé par la loi en 2015, de réduire la consommation énergétique de 50 % d’ici 2050.

    Contactée par 20 Minutes, la direction régionale de la banque fait savoir qu’elle éteint ses dispositifs de publicité entre 23h et 7h tous les jours, « conformément à la réglementation en vigueur ».

    En outre, BNP Paribas indique qu’elle a obtenu en 2016 la certification ISO14001, ce qui implique de « réduire au minimum les effets dommageables de ses activités sur l’environnement » et impose « une amélioration continue de ses performances environnementales ».

    Efficacité limitée

    L’action de Saint-Maurice peut-elle convaincre la banque de s’éteindre le dimanche ? Au collectif anti-Pub RAP (Résistance à l’agression publicitaire, qui n’est pas à l’origine du collage), on reste prudent : « Ce genre d’initiative peut parfois pousser certaines enseignes à changer de pratique, parce que c’est mauvais pour leur image. Mais nous attendons surtout une vraie réponse législative. »

    >> A lire aussi : Les enseignes lumineuses dans le collimateur d'un collectif anti-pub lillois

    Au niveau local, la métropole lilloise doit dévoiler en juin les orientations d’un nouveau règlement local de publicité. Cependant, ce règlement se limitera forcément à l’affichage dans l’espace public. Or, selon une jurisprudence de 2009, les écrans installés derrière une vitrine ne sont pas inclus dans l’espace public. Ils sont seulement réglementés dans la catégorie « éclairage des bâtiments non-résidentiels», où la loi n'impose l'extinction qu'entre 01h00 et 06h00 du matin.

    « C’est ce qui explique leur multiplication, d’abord en centre-ville, et maintenant même dans les rues périphériques, pourtant peu fréquentées de nuit », regrette Fabien Delecroix. Une agence immobilière, installée 200 mètres plus loin, arbore d’ailleurs un dispositif similaire en vitrine.

    Pourtant, un commerçant bien en vue dans le secteur reste assez sceptique sur l’efficacité des écrans lumineux : « Ce qui compte, c’est la personnalité de chacun à l’intérieur. Vous pouvez mettre une enseigne très voyante, mais si le client est mal servi ça ne sert à rien