• L’affichage ne change rien au contenu.

    Pour reprendre la main et imposer une vision forte de ce que devrait être une nation unie, confiante, heureuse et épanouie, le pouvoir n’hésite pas à mettre en avant les symboles qui flattent les « franchouillards » de tous poils, les nostalgiques du maréchal, les égarés de la royauté et tout ceux qui se mettent au garde-à-vous aux premières notes de la Marseillaise. Le ministre de l’éducation nationale qui a oublié que la classe doit demeurer un sanctuaire, dans son désir de caresser dans le sens du poil les plus réactionnaires de la société pense qu’il convient d’afficher au fond de chaque classe le drapeau tricolore flanqué de l’oriflamme européen pour remonter le niveau en berne.

    Le plus inquiétant ne vient pas de la vaste fumisterie que suppose cette demande mais bien de l’enthousiasme qu’elle suscite parmi les Dupont Lajoie de toutes obédiences. On croit rêver, de simples bouts de tissus exposés en guise de trait d’union de toutes les générations, vont regonfler le moral et le niveau de nos bambins. Il fallait y penser après les résultats désastreux des tests internationaux.

    Les experts sont formels, ce qui manque dans nos écoles, ce ne sont que ces indispensables drapeaux et un extrait de cette non moins merveilleuse chanson pacifique qu’est l’hymne national. Avec ça, quelle que soit la méthode d’enseignement, les têtes brunes, blondes, frisées, rousses vont pouvoir fonctionner enfin à plein régime, celui de Vichy sans doute ! Pourquoi pas la photographie du président pendant qu’ils y sont, en bras de chemise, éructant quelques inanités pour calmer les enfants rebelles. Nous sommes gouvernés par les rois de la poudre aux yeux et des mesures inutiles !

    Que la langue française soit à l’abandon, que les contenus se satisfassent du superflu pour repousser les fondamentaux, que plus rien ne donne de sens dans un pays sans dessein commun n’a que peu d’importance devant l’impérieuse nécessité de modifier la décoration de toutes nos classes. Fort heureusement ceux qui ont sorti cette ânerie sublime sont issus de nos plus grandes écoles sinon nous n'hésiterions pas à leur poser un bonnet d’âne sur la tête.

    Voilà encore un gadget qui sort du chapeau de ces merveilleux magiciens. Il y a sans doute un cousin, une belle-fille ou bien la maîtresse d’un ministre qui est de mèche avec un vendeur de drapeaux. Un marché immense s’offre à l’heureux élu avec des perspectives intéressantes. Il ne fait aucun doute que les garnements se feront un malin plaisir à déchirer ces misérables oripeaux qu’il faudra changer dans l’instant.

    Qu’importe donc si les horaires consacrés aux apprentissages fondamentaux deviennent peau de chagrin, qu’importe si les écrans sont les vecteurs de l’abrutissement général des masses, qu’importe s’il n’y a plus de véritables possibilités d’échapper à la prédestination sociale, l’essentiel est que chaque enfant sache se mettre au garde-à-vous devant le drapeau, la tête vide mais les étoiles du drapeau européen plein les yeux.

    Quand aux véritables professionnels de l’enseignement, notamment à l’école élémentaire ; ; là où tout se joue, ils savent tous, excepté monsieur Blanquer, que l’affichage est un outil essentiel même si bien souvent la place manque sur les murs de la classe pour y mettre tout ce que peut aider un élève. Ces deux bouts de chiffon leur feront sans doute meilleur usage que la table de Pythagore, des tableaux de conjugaison et autres balivernes en comparaison de ces si précieux documents.

    Tout va changer en effet avec cette merveilleuse mesure. Il fallait être stupide pour ne pas y avoir songé plus tôt. Chapeau bas monsieur le Ministre. Vous êtes une pointure, un phénix, un cerveau en somme. « Garde-à-vous, fixe ! » l’école se portera mieux c’est certain. Il faudrait quand même songer à exiger un peu de retenue à votre patron, son exemple n’est pas fameux pour en montrer la bonne voie aux élèves.

    Admirativement leur.

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    Il y a quelques mois, cet article a été refusé. Je le propose à nouveau en raison de l'actualité.

    En France, le racisme n'est pas une opinion, c'est un délit. Dans les forums accompagnant les articles sur Agoravox, les racistes camouflent donc plus ou moins leurs propos. L'astuce restant assez grossière, j'ai rassemblé quelques éléments de décodage dans cet article.

     

    Premier camouflage : au lieu de dire "maghrébins", ils diront "musulmans". Comme ça, on ne les accusera pas de racisme, puisque l'Islam n'est pas une ethnie.

    Second camouflage : au lieu de dire "les noirs", ils diront "les colons". Au premier abord, ça surprend, puisque c'est la France qui a colonisé des pays africains et non l'inverse. Mais dans leur imaginaire, ce sont les africains qui viennent nous "coloniser". Pourtant, je n'avais jamais remarqué que nous vivions sous administration sénégalaise, mais la réalité n'a que peu d'importance pour les racistes. Pour aller jusqu'au bout de cette logique absurde, nos racistes se désigneront eux-mêmes comme des "indigènes". Hélas, comme le ridicule ne tue pas, ils pourront le répéter à l'envi.

    Troisième camouflage : au lieu de dire "juif" ils diront "la finance", ou bien ils critiqueront telle ou telle personnalité, non pour son action ou ses opinions, mais parce qu'ils ont lu ou entendu dire qu'elle était juive. Par exemple, ils critiqueront E Macron en affirmant qu'il a travaillé chez Rothschild. S'il avait travaillé au Crédit Agricole, personne n'en parlerait, mais la différence, c'est que la famille Rothschild est d'origine juive. Une autre combine consiste à utiliser le mot "sioniste" à la place de "juif", alors que ces deux mots n'ont pas le même sens.

    Pour critiquer leurs détracteurs, ils ont aussi un vocabulaire codifié, qu'ils répètent en boucle. Le mot le plus savoureux est "collabo". La première fois, on ne comprend pas, puisque les "collabos" étaient des français qui collaboraient avec les nazis pour déporter les juifs. Oubliez tout cela ! Maintenant, le "collabo", c'est celui qui est antiraciste, et qui sera donc complice des "colons", des "musulmans" ou de la "finance" (voir plus haut).

    Une autre insulte est assez courante chez eux, toute personne qui les contredira deviendra "bobo", ou pire encore "écolo-bobo". Cela ne veut rien dire, mais ça ne fait rien. Depuis quand les insultes devraient-elle avoir un sens ? Ah oui, vous avez remarqué ? Ils ont fabriqué une nouvelle race !

    Nos racistes méprisent aussi l'écologie. Ainsi, l'effet de serre ne serait qu'une mystification, voire un complot, organisé par la "finance internationale" ou bien par le "Giec". Paradoxalement, si le réchauffement se poursuit, des millions de réfugiés climatiques viendront bientôt s'installer en Europe. Logiquement, les racistes devraient donc lutter contre l'effet de serre pour éviter cette "invasion". Hélas, ils font le contraire, tout en dénonçant un "grand remplacement" qui relève du pur fantasme.

    Lorsque les mots "collabos" ou "écolo-bobo" ne suffisent pas, ils peuvent dénoncer leur contradicteur comme étant un "algérien", ce qui semble être une insulte grave dans leur bouche, ou pire encore, une "algérienne". On peut alors lui conseiller de "rentrer au bled".

    Leurs interventions sur les forums sont stéréotypées. Un grand classique, c'est d'exploiter un fait divers, en laissant entendre que le coupable est un noir, euh pardon : un "colon". Vous abordez des questions budgétaires ? Tout l'argent part pour accueillir les "colons". Le problème du logement ? On ne loge que les "algériens". Violence à l'école ? Les "musulmans", etc. De toutes façons, leurs interventions sur les forums ne sont souvent que des prétextes, leur but étant de placer un lien vers une page un peu spéciale, dans le but d'améliorer le référencement de celle-ci. En effet, il quand même préférable d'aller à la source, vous savez, là où on défend les "français de souche" ou encore "souchiens" (sic).

    Vous ne savez pas ce qu'est un "français de souche" ? Je crois que si on posait la question aux racistes, ils seraient bien en peine de répondre. Aux États-Unis c'est pareil, certains veulent édifier un mur pour protéger les américains de souche... de l'invasion amérindienne.

    La culture de la peur est omniprésente chez les racistes. Les "colons" viendront vous chercher chez vous. Assoiffés de sang et de sexe, ils violeront les "femmes indigènes"... On se croirait vraiment au Far West. Ou peut-être en pleine guerre d'Algérie. Mais à l'époque, et ce n'est pas si loin, qui étaient les violeurs ? Et qui étaient les indigènes violées ? Le détournement du vocabulaire donne la nausée.

    Quels sont les projets politiques des racistes ? L'histoire nous les a enseignés : déportation et génocide. Pour éviter les poursuites judiciaires, les racistes ont donc inventé un nouveau mot : "remigration". C'est évidemment absurde, puisque la plupart de ceux qu'ils désignent comme immigrés sont des français nés en France. De toutes façons, l'objectif est autre.

    La révolution raciste est en marche. Pour cela aussi, ils détournent les mots. Pour nous, le terme "libération" se réfère à la fin du nazisme en France. Pour eux, c'est exactement le contraire : la "libération" interviendra lorsqu'ils prendront le pouvoir, pour imposer la "remigration".

    Si on les laisse faire, on peut craindre une issue "à la Rwandaise", dans laquelle les réseaux sociaux joueront le rôle de "Radio Mille Collines".

    Il faut les arrêter. Mardi 19 février, participons aux rassemblements contre l'antisémistisme.

    Source de l'illustration : Openclipart