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55 jours de confinement et mes voisins n’ont jamais cessé de fumer leur crack...
J'ai le nez qui saigne tous les matins, les voies respiratoires qui brûlent, des céphalées, des nausées, je ne sens plus les odeurs...serai-je atteint du coronavirus ? Non, mes voisins fument du crack...
Pour préciser d'emblée, j'appelle crack tout ce qui se fume et n'est pas du cannabis. La cocaine basée donc, à l'ammoniac ou au bicarbonate de soude, la méthamphéamine etc, tout ce qui dégage une odeur chimique nauséabonde et qui constitue aujourd'hui la défonce banale des jeunes. La freebase, ça n'existe pas : c'est juste le recyclage avec un packaging linguistique nouveau de cette vieille came qu'est le crack, qui a bousillé toute une génération d'afro-américains dans les années 80 : on a parlé d'épidémie à l'époque. Aujourd'hui, elle est ici. Bien sûr, d'aucuns ergoteront que le crack, c'étaient des déchets de cocaine, que là, il s'agit de cocaine plus pure et feront le distinguo subtil entre crack et freebase etc ... comme si on pouvait accoler le mot pureté à un truc, qui sent l'usine pharmaceutique et le caoutchouc brûlé. Non, la différence entre la free base et le crack, c'est que la free-base est faite "maison". Chimiquement, c'est kifkif. Par contre, ils ont raison sur la puissance du produit : c'est plus "pur" donc, plus fort et invasif !
Je continue donc : si la mort aux rats avait une odeur, ce serait celle-là, qui entre dans mon appartement tous les jours, quand je mange, quand je dors, quand je me lève...elle me réveille la nuit, me donne des nausées, des malaises aussi. Les effets de stress qu'a sur moi ce matracage chimique ne concernent que moi : comme dit le pharmacien, on a des réactions très différentes selon les individus avec la drogue. Ah bon ?
Une idée reçue pour ceux qui découvrent : le crack (appellons donc les choses par leur nom !), ça se passerait à Stalingrad ou porte de la Chapelle, avec pour usagers les fameux "marginaux" chers à la presse locale ou autre migrants, qui ont toujours bon dos, quand il s'agit de désigner l'autre. Que nenni ! Venez donc faire un tour à Nancy ! Pas besoin d'aller visiter notre célèbre ville haute et ses belles barres d'immeubles...non, le plein centre-ville. J'habite le centre-ville et -surprise !- mes voisins ne sont ni antillais, ni nord-africains même de troisième génération, mais nos chères têtes blondes bien du coin, fraîchement sortis du nid douillet et campagnard de chez papa-maman, à qui l'opulente famille paie des apparts à 500 balles par mois, pour faire leurs études à Nancy. Les chérubins ont donc opté pour le régime minceur plutôt que pour les frites du resto-u, et ça ne vaudrait pas la peine que j'en fasse un article, si ce n'était la proportion d'adeptes de la nouvelle fumette. Il y a un par étage : pas difficile à compter en ces temps de confinement, les camés sont ceux qui sont restés, les autres sont en cure dans les verts paturages lorrains, où loge la famille. En gros, 30% des gamins qui sont passés par cette maison en trois ans fument du crack ! Comment je sais cela ? Les escaliers sont envahis quotidiennement par les odeurs. Et ceux que les effluves du Bhopal permanent dérangent se sauvent vite...
La bonne idée serait vraiment pour les pouvoirs publics de s'occuper un peu de cette autre épidémie, une bombe à retardement, qu'est la consommation de cette saleté qu'est la coke basée/crack. Alors, on peut lire çà et là, que finalement, ce ne serait pas aussi addictif ou même si nocif que ça. J'ai aussi entendu récemment une histoire de masque, qui au bout du compte, n'était pas aussi inutile contre une autre épidémie....Expliquez-moi donc, comment quelque chose qui a tué déjà 4 personnes autour de moi (on meurt évidemment d'un problème cardiaque dans ces cas-là, pas d'overdose...), ne serait pas nocif pour ces gamins et - j'insiste -pour leur environnement, alors qu'on sait ces substances bien plus concentrées que par le passé. Je soutiens, par mon expérience quotidienne, qu'un fumeur de crack régulier pollue toute une maison, pour un peu qu'elle soit vétuste, que l'impact des émanations chimiques sur le système nerveux des individus récepteurs passifs ( irritabilité, agressivité, insomnie, anxiété...) n'a jamais été évalué mais n'est certainement pas neutre pour autant (et qu'on ne me dise pas que les américains ont mis leurs précieux dollars dans des évaluations de ce type pour mesurer cet impact, vu que les années Reagan avaient d'autres ambitions que l'étude des ghettos afro-américains concernés). Je soutiens, que si votre voisin du dessous fume du crack la nuit, vous ne dormirez pas ou mal, vous serez irritable, vous aurez la gueule de bois le matin, sans avoir rien bu la veille etc...sans parler des douleurs thoraciques, de l'irritation des voies respiratoires (par l'ammoniac ou autre, il est une telle liste de composants...), des maux de têtes...avec, je suppose, des variations selon les personnes, mais vous serez certainement plus que juste incommodé.
Il serait étonnant par ailleurs, que Nancy soit la seule ville concernée par cette invasion de crack (il faut le répéter, la cocaine basée est du crack...), d'autant que j'ai cru noter que mes jeunes voisins, pour certains au moins, étaient déjà accrocs à leur arrivée. Ce qui suppose que dans les villages et les petites villes environnantes, on apprend la défonce et la fabrication de la défonce jeune, très jeune. En tout cas, à Nancy, on ne sent plus guère l'odeur des pétards. Les rares ivrognes de rue près de la gare sont en quasi permanence cernés de voitures de police. En revanche, quand on s'y promène l'été et que les fenêtres sont ouvertes, les rues débordent de ces émanations chimiques...normal... le crack à Nancy est la came normale...
55 jours de confinement donc, et il ne s'est pas passé de jour sans crack. Crack is back, comme disent les américains et les journaux pourraient quand même cesser de faire faire mine de s'étonner que son usage ne soit pas cantonné porte de la Chapelle, comme les pouvoirs publics ne cessent d'en faire la promesse. L'épidémie est bien là. Contrairement aux prévisions, il n'y a pas eu de problème d'approvisionnnement pour mes chers voisins. Alors peut-être Nancy est-elle un ilôt "privilégié" posé sur un container de cocaine ? (Nancy serait l'autre montagne du crack...) Peut-être les kilos de cocaine qui n'ont pas été consommés par le million de parisiens émigrés dans leurs maisons de campagne, ont-ils été déversés sur la ville de Stanislas ? En tout cas, malgré le couvre-feu de 22h à 5h, le service de livraison à trois heures du mat' ne connait pas la crise. Elle est pas belle, la vie de province confinée ?