Adieu téléphone fixe et ligne ADSL ! Orange accélère le démantèlement de son réseau cuivre d’ici 2030
À l’horizon 2030, le réseau cuivre, qui permet encore à certains foyers d’accéder à la téléphonie fixe et à internet en ADSL, disparaîtra au profit de la fibre optique. Décryptage d’un changement d’ère
Dans la plupart des foyers français, elles font de la résistance. « Elles », ce sont les vieillissantes prises en T, témoignages de plus en plus désuets d’une époque bientôt révolue. D’ici 2030, dans les quelque 44 millions de foyers français qui en sont équipés, ces prises, sur lesquelles se branchent, via le réseau cuivre, les lignes de téléphone fixe et les routeurs internet en ADSL, n’auront plus d’utilité. C’est déjà le cas dans « 39,3 millions » de ces foyers, raccordés ces dernières années à la fibre optique.
Dans le cadre du plan très haut débit, lancé en 2013 puis révisé en 2021, le gouvernement s’est engagé à ce que la fibre optique couvre l’ensemble du territoire français d’ici 2025. Une fois cet objectif atteint, le réseau cuivre bénéficiera d’un répit de cinq ans avant sa disparition en 2030 : « Ça n’a pas de sens ni économique, ni écologique, de maintenir, en plus de la fibre, un deuxième réseau alors qu’il est moins performant et plus consommateur en énergie », jusqu’à « quatre fois plus que la fibre », justifie Bénédicte Javelot, directrice des projets stratégiques et du développement chez Orange France.
Sept lots de communes
Réseau de télécommunication historique de la France, propriété d’Orange, le réseau cuivre s’est généralisé dans le pays au milieu des années 1970. Il représente « plusieurs dizaines de millions de kilomètres de câbles », enterrés ou soutenus par « 18 millions » de poteaux. Vieux de plus d’un demi-siècle, il est coûteux en entretien, « environ 500 millions d’euros par an », souffle Bénédicte Javelot. Programmé de longue date, le processus de « dépose » du cuivre sera progressif, le retrait de ce métal convoité, une opération coûteuse, étant notamment financé par sa « valorisation », assure Orange.
Chaque année jusqu’en 2030, des « lots » de communes seront déconnectés. Le 31 janvier 2025, le réseau cuivre s’éteindra dans 162 villes (211 000 logements), dont quatre dans le Sud-Ouest, en Charente-Maritime. Puis, le 27 janvier 2026, ce sera au tour de 835 villes du deuxième lot (un million de logements), dont 70 dans le Sud-Ouest, avant, le 31 janvier 2027, un troisième lot comprenant 2 150 communes (2,5 millions de logements), dont 253 dans le Sud-Ouest. Quatre autres lots, dont la composition n’est pas encore arrêtée, suivront, chacun concernant 8 à 10 millions de logements.
Quand votre commune sera-t-elle concernée ?
Comment ces communes ont-elles été sélectionnées ? « Il y a plusieurs critères, reprend Bénédicte Javelot. La première condition, c’est la complétude de la commune en fibre. Pour pouvoir fermer le cuivre, il faut qu’il y ait une solution très haut débit, que les foyers soient raccordables. Le 2e critère, c’est qu’on doit avoir une pondération entre les différents opérateurs d’infrastructures. Ensuite, il y a une concertation avec les élus. C’est un processus assez long… »
La fibre se déploie
Alors que « 10 millions de lignes cuivre sont encore actives en France », selon la responsable d’Orange, tout l’enjeu de « la bascule » en cours réside dans le fait de rendre la fibre accessible partout en France. Au 30 juin 2024, l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) faisait état de « 89 % » du territoire national raccordable à la fibre. 11 % des logements, soit « 5,1 millions », restaient donc encore en attente… « Selon le discours de la présidente de l’Arcep, on y sera sur presque tout le territoire fin 2025 », positive Bénédicte Javelot, concédant que certaines communes sont « un peu en retard », principalement dans des territoires ruraux.
Que se passera-t-il, à l’horizon 2030, si ces communes ne sont pas prêtes ? « Pour celles qui ne sont pas complétées mais qui ont un projet fibre, on va décaler la fermeture commerciale du cuivre d’un délai qui reste à négocier avec l’Arcep, le temps que ces villes montent à bord », assure la responsable d’Orange. Là où aucun projet d’équipement en fibre n’est lancé, « soit il s’en crée un localement, soit on apportera des solutions technologiques, comme la clé 5G +, la clé 4G ou des solutions satellites ».
Problème : les chantiers de raccordement à la fibre, avec parfois des tranchées à creuser sur des dizaines de mètres lorsque le logement est isolé, peuvent être coûteux, et donc constituer un « frein » pour les particuliers. « Aujourd’hui, les opérateurs et l’Arcep appellent l’État à mettre en place des aides pour accompagner économiquement ces foyers », répond Bénédicte Javelot. Une chose est sûre, plus aucun opérateur ne pourra vendre à ses clients une offre sur le réseau cuivre à partir du 31 janvier 2026. Pour les derniers retardataires, le compte à rebours est lancé.