Banque alimentaire de la Gironde : le profil des entreprises qui donnent
À l’occasion des 40 ans du premier réseau d’aide alimentaire en France, son antenne girondine a invité ses donateurs. Exemple de quatre sociétés aux approches complémentaires
Carrefour Lormont fait partie des principaux donateurs de la Banque alimentaire de Bordeaux et de la Gironde (BABG). En 2023, le total de ses dons dépassait les 140 tonnes, essentiellement en denrées alimentaires. « On donne des fruits et légumes, du pain, tout ce qui est épicerie, mais également des produits d’hygiène », détaille Catherine Fleck, sa responsable administrative. Du lundi au vendredi, un tri est effectué au petit matin par l’hypermarché. Pour éviter tout gaspillage, des aliments « qui vont arriver à date » sont donnés au premier réseau d’aide alimentaire en France. À 10 heures au plus tard, ils sont chargés par ses bénévoles à bord de leurs camions pour être redistribués à 22 800 bénéficiaires via 127 partenaires, associations et ou centres communaux d’action sociale (CCAS).
À l’occasion des 40 ans de la Banque alimentaire, son antenne girondine, qui a vu le jour, elle, en 1986, a invité le 16 octobre les sociétés qui lui font des dons à visiter ses vastes entrepôts de la rue Bougainville, à Bordeaux Lac, ainsi que celles qui lui vendent à tarif préférentiel des produits qu’elle aurait du mal à se procurer par ailleurs.
Lors de la visite des entrepôts bordelais de la Banque alimentaire par un groupe de donateurs.
E. C.
Besoin d’œufs
L’Œuf Gascon fait les deux. Cette entreprise familiale basée à Damazan, dans le Lot-et-Garonne, lui donne chaque année 120 000 œufs, qu’elle livre elle-même à Bordeaux. Des œufs frais, évidemment, mais plus en mesure d’approvisionner le marché. La date limite de consommation d’un œuf, en effet, est atteinte vingt-huit jours après sa ponte. Mais les contrats stipulent qu’il doit être réceptionné chez le client au minimum dix-huit jours avant cette échéance. C’est le cas de 95 % des œufs du million de poules élevées dans les exploitations de cette marque. Ceux auxquels « il manque un ou deux jours » pour pouvoir être ainsi commercialisés sont proposés gratuitement à la BABG. Les autres lui sont vendus « 30 % moins cher qu’aux grossistes », indique Didier Daste, le responsable commercial de L’Œuf Gascon. Cet approvisionnement porte sur 1,5 million d’unités par an.
« On reçoit de moins en moins de dons en produits carnés, car ils sont chers »
Pour la Banque alimentaire, se fournir en œufs est devenu crucial. « On reçoit de moins en moins de dons en produits carnés, car ils sont chers », explique sa présidente départementale, Valérie Bolze. « On est donc obligés d’en acheter. » Des œufs aussi, pour suppléer l’apport en protéines et assurer l’équilibre nutritionnel des assortiments redistribués.
Clemens répond au même besoin. Toutes les six semaines, la BABG lui achète 400 kg de chipolatas et 400 kg de merguez. « Quasiment à prix coûtant », précise Bertrand Gelley, patron à la fibre sociale qui, chaque semaine, donne entre 60 et 80 kg de saucisses et autres produits à base de viande à une association de Bazas, commune où est implantée sa société. Là aussi, la livraison est à ses frais.
Vente aux enchères
Parmi les donateurs, on trouve également Ramdam Social, dont le modèle économique est original. Il s’agit d’une entreprise à mission, en l’occurrence la lutte contre la précarité, dont le siège est à Bordeaux. « M’acheter, c’est faire un don », lit-on sur ses emballages de cookies, de sablés pour l’apéritif et de chips. « L’idée est de transformer des achats du quotidien en un geste de solidarité », expose sa représentante, Clémence Bertrand. Un paquet de cookies acheté engendre le versement aux Banques alimentaires d’une somme correspondant à « 110 grammes de fruits et légumes ». Une façon concrète de présenter les choses, qui permet au consommateur d’avoir à l’esprit les répercussions positives de son acte d’achat. Depuis sa création en janvier, Ramdam Social a ainsi pu cofinancer 130 950 repas. Le pourcentage prélevé sur les sablés va au Secours populaire et l’argent des chips au Samu social de Paris, globalement « entre 7 et 10 % du chiffre d’affaires ».
Il ne faut pas oublier bien sûr la contribution du monde du vin. Chaque premier jeudi de novembre, une vente aux enchères de grands vins de Bordeaux, donnés par des « châteaux solidaires », est animée par les commissaires-priseurs de la Maison Briscadieu au profit de la Banque alimentaire de Bordeaux et de la Gironde. En 2023, elle a rapporté quelque 180 000 euros.
Epat et pot
Cette opération de la Ville de Bordeaux aura lieu le 14 novembre. Dans tous les restaurants scolaires, les élèves se verront servir un déjeuner composé de pâtes et de compote. L’économie réalisée par rapport à un menu habituel sera remise à la BABG, qui est subventionnée à hauteur de 40 000 euros par an par le CCAS dans le cadre d’une convention pluriannuelle 2023-2025. L’an passé, une aide exceptionnelle de 20 000 euros supplémentaires lui a été attribuée. Quant à l’État, il lui a octroyé en 2023 près de 800 000 euros.