-
Bordeaux : le meurtrier présumé du jeune Nabil arrêté au Maroc, un « soulagement tardif » pour la famille
Bordeaux : le meurtrier présumé du jeune Nabil arrêté au Maroc, un « soulagement tardif » pour la famille
Aux Aubiers, à Bordeaux, chacun soutient un camp depuis les faits. N’acceptant pas l’omertà qui règne dans le quartier, quelques habitants et proches des familles concernées s’expriment
Encore une fois, c’est « Radio cité » qui a annoncé le scoop. L’auteur présumé du meurtre de Nabil, le 3 mai 2024, dans son quartier des Aubiers à Bordeaux, a été interpellé au Maroc, où il vivait d’hôtel en hôtel. « Ce n’est que le lendemain que la famille a eu la confirmation par la police », explique une connaissance des parents de la victime.
« Mais on savait où il était, on le suivait sur les réseaux, et c’était une souffrance supplémentaire de le savoir en liberté. Cette arrestation, c’est un soulagement, mais un soulagement tardif. Maintenant, on veut la justice. »
« Il lui a dit qu’il revenait de suite et elle ne l’a jamais revu vivant »
Nabil Hedhli avait 18 ans. Ce jour-là, partant au secours de son petit frère aux prises avec un jeune du quartier, il a juste eu le temps d’embrasser sa mère de retour de Tunisie. « Il lui a dit qu’il revenait de suite, et elle ne l’a jamais revu vivant », raconte un proche. Le petit frère s’était déjà fait taper dessus et avait rendu des coups de poing, quand Nabil est arrivé au pied de son immeuble.
Il a reçu un coup de couteau dans le thorax, sur la place Ginette-Neveu. L’auteur présumé, 22 ans, s’est littéralement volatilisé. Selon un proche des parents de Nabil, « l’omertà dans le quartier a couvert sa fuite » et ralenti, voire entravé le travail des policiers.
Des complicités
La rixe aurait fait un autre blessé au couteau. Il ne s’est pas signalé. L’arme n’a pas été retrouvée, évacuée de la scène de crime avant l’arrivée de la police. La cavale a été financée, reste à savoir par qui. « Des gens ont vu et entendu des choses, depuis la rue ou les fenêtres, mais ils se taisent », soupire un habitué du quartier. « Pour des petites histoires d’accord, mais là on parle de la vie d’un enfant. Comment ils peuvent vivre tous les jours et se regarder en face ? » Il aimerait que les langues se délient sur ces complicités directes et indirectes.
« Des gens ont vu et entendu des choses, depuis la rue ou les fenêtres, mais ils se taisent »
« Tout ce temps passé, ça a eu des conséquences sur eux », soupire une connaissance de la famille de Nabil. « Son père a fait deux infarctus, son petit frère est parti en vrille et est actuellement en prison, sa mère ne sort plus par-devant, pour ne pas voir l’endroit où son fils est mort et pour ne pas avoir de la pression des gens. » La famille a fait une demande pour changer de logement.
Chacun son camp
Dans le quartier, depuis les faits, chacun soutient un camp. « Évidemment, c’est impardonnable ce qu’il a fait ce jeune, mais on ne peut pas reprocher à ses amis et sa famille de l’aimer quand même et de le soutenir », estime un habitant. « La maman de la victime, oui elle a perdu un fils, mais on ne va pas la plaindre pour le reste. Elle profite, elle va en Tunisie comme on va à Auchan et ils ont plein de délinquants dans la famille », gronde une habitante.
« La maman du jeune meurtrier, c’est pas elle qui a tué l’enfant, elle n’y est pour rien », souffle une autre. « Alors pourquoi elle a été menacée et cambriolée ? » La dame fait allusion à la « visite domiciliaire » opérée dans l’appartement par des copains de Nabil à la recherche de preuves. « C’est pas un trafic de mamans, cette histoire, c’est un trafic de drogue. »
De nationalité française, le meurtrier présumé pourrait être extradé rapidement. Son audition par les policiers de la division de la criminalité organisée et spécialisées (DCOS), – à l’affût de la moindre trace numérique depuis quatre mois –, ce qui a permis son arrestation, est en tout cas très attendue.
« La gendarmerie de la Gironde pointe une hausse des escroqueries par SMSVendanges du rouge en Bordelais : « Cette année, nous avons tous la pression » »