Circulation en Gironde : congestion et ras-le-bol au sud-est de la métropole bordelaise
De Langoiran à Latresne, de Cénac à Saint-Caprais, l’accès routier pour les scolaires et leurs parents est chaque matin et soir source d’inquiétudes et de retard. Les maires interpellent le Conseil régional
Onze communes au bord de la Garonne ou sur son coteau proche, au sud de la métropole bordelaise, rive droite. Un territoire au séduisant cadre de vie qui a attiré depuis trente ans nombre de ménages friands de campagne à des prix alors abordables, à 15 km en moyenne de Bordeaux. Quelque 22 000 habitants depuis des années confrontés aux embouteillages dus à un réseau insuffisant. La communauté de communes (CdC) de l’Entre-deux-Mers, jadis eldorado des jeunes ménages, est aux portes de l’agglomération mais y entrer est une galère.
« Début décembre, je suis parti à 7 heures de Langoiran, je suis arrivé à 9 h 10 à la préfecture », raconte Jean-François Boras, maire de la commune. Chaque matin (et chaque soir dans l’autre sens), des milliers de voitures, camions et bus forment une file continue sur plusieurs kilomètres. Facteur aggravant cet automne : des travaux sur la D10, entre Latresne et Bouliac, ont reporté tout le trafic sur la D113 qui en est toujours (chantier terminé fin janvier) à 30 000 passages quotidiens.
Stress
Les retards sont inévitables pour les adultes actifs, pour les collégiens et lycéens du secteur qui doivent se rendre à Claudel (collège de Latresne) ou Mauriac (lycée de Bordeaux rive droite). « Mon fils est rentré en seconde à Mauriac en septembre, explique Laetitia Fresneau de Cambes. Il est à 6 h 45 sur le bord de la route pour prendre le bus mais ils sont très souvent déjà pleins et trois d’affilée peuvent passer ainsi ! Ces retards sont facteurs de stress, surtout pour une première année au lycée. »
Bus classiques et scolaires pris dans la nasse de l’embouteillage quotidien.
Y. D.
« Sans voie ferrée, notre seule alternative à la voiture sont les transports en commun ou les déplacements doux », explique Lionel Faye, maire de Quinsac et président de la CdC. Avec ses dix collègues, il vient de signer un courrier au président du Conseil régional pour l’alerter sur cette « saturation » des cars régionaux dans le secteur. « Les familles […] ne comprennent pas qu’alors que nous sommes collectivement incités à privilégier les transports en commun, ces manquements s’intensifient au cours des derniers mois », peut-on y lire.
« Rupture d’égalité »
« Nos habitants sont en vraie souffrance et nous, maires, sommes assez démunis », déplore Rose Pedreira Afonso, maire de Cambes. « Une vraie rupture d’égalité devant les transports publics et l’éducation. » « Anormal et injuste », renchérit Jean-Philippe Guillemot, maire de Camblanes-et-Meynac. À Saint-Caprais, Tania Couty relève « la contradiction entre injonctions à densifier et interdiction d’artificialiser, donc de développer de l’emploi proche pour les habitants ».
Neuf des élus de la CdC des Portes de l’Entre-deux-Mers (de gauche à droite et de haut en bas) : Lionel Faye (Quinsac), Tania Couty (Saint-Caprais), Pierre Buisseret (Lignan), Jean-Philippe Guillemot (Camblanes), Hélène Goga (Tabanac), Céline Goeury (Latresne), Catherine Veyssy (Cénac), Jean-François Boras (Langoiran), Rose Pedreira Afonso (Cambes).
Y.D.
« Sans voie ferrée, notre seule alternative à la voiture sont les transports en commun ou les déplacements doux »
Pour la Région, « il n’est pas identifié par notre transporteur de problèmes ‘‘récurrents’’ qui pourraient générer une alerte. […] En raison d’utilisation de la ligne régulière par les scolaires en lieu et place des renforts dédiés mis en place sur les lignes 403, 405 et 501, il peut arriver que le car se présente complet dans les communes des Portes-de-l’Entre-deux-Mers. » Avec les travaux de l’automne, ce ne serait que ça, le problème ? Pointages horaires et comptages sont annoncés en ce début d’année.
Marge de manœuvre
« Je travaille à Pessac et j’ai choisi d’embaucher très tôt là-bas », explique Delphine Cassin, diététicienne du CHU Haut-Lévêque qui habite Cambes. « On essaie de trouver des solutions, avec le covoiturage par exemple, mais les alternatives de transports sont inadaptées. Il n’est pas normal qu’un samedi matin, il se passe deux heures quarante sans bus 501 vers Bordeaux. Nous habitions à Paillet, nous sommes venus à Cambes pour faciliter le transport des enfants mais cela ne change rien ! Et financièrement, on ne peut pas se rapprocher plus de Bordeaux. »