La menace planait déjà au-dessus de sa tête, avant même l'annonce de la composition de son gouvernement. À peine son équipe désignée, Michel Barnier, qui sera l'invité du 20 Heures de France 2 ce dimanche 22 septembre, sait qu'il va devoir faire face à la menace d'une motion de censure de son gouvernement par l'Assemblée nationale. Certains partis ont d'ores et déjà annoncé leur soutien au Premier ministre, d'autres avaient anticipé le vote d'une motion de censure quoi qu'il se passe. Quand d'autres encore temporisent, bien contents de pouvoir jouer les arbitres d'un jeu d'échecs dont l'issue est incertaine.
Les premiers coups de butoir sont venus de la gauche. Avant même la désignation du gouvernement, le NFP, l'alliance des partis de gauche, avait annoncé son souhait de censurer le gouvernement, mécontent d'être exclu des discussions. Dimanche 22 septembre, c'est un ancien chef de l'État qui est venu confirmer cette volonté : invité de France Bleu Limousin, François Hollande a fustigé le fruit « d'une composition, d'un attelage qui paraît déjà brinquebalant ».
À LIRE AUSSI Le gouvernement Barnier entre continuité macroniste et droitisationLe député de Corrèze a donc appelé à une motion de censure socialiste, « la bonne solution pour avoir un maximum de parlementaires qui s'y retrouvent », tout en demandant à « être utile et préparer la suite, avoir une solution à proposer » si le gouvernement devait tomber. Même son de cloche du côté de Boris Vallaud, président du groupe socialiste à la Chambre basse : « Les socialistes censureront cette trahison du vote des Français. » Enfin, Olivier Faure a donné « rendez-vous pour le débat de la censure ».
Un gouvernement « qui n'a aucun avenir »
Chez les Insoumis, la position est connue depuis longtemps et a été réitérée : Jean-Luc Mélenchon a appelé à se « débarrasser aussi tôt que possible » de ce « gouvernement des perdants », qui n'a selon lui « ni légitimité ni futur ». Sur BFMTV, Marine Tondelier, patronne des Écologistes, a abondé en évoquant « un gouvernement contre nature et contre la nature ». Du côté du Rassemblement national, Jordan Bardella avait déjà attaqué, samedi 21 septembre, en cinglant un gouvernement qui « signe le retour du macronisme par une porte dérobée » et « qui n'a aucun avenir ».
Mais ce dimanche matin, le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu n'a pas affirmé la participation de son mouvement à une motion de censure : « On va voir ce que Michel Barnier nous dit et en fonction du budget qui sera construit, nous nous réservons évidemment la possibilité de censurer », a-t-il expliqué. Le groupe parlementaire LIOT, s'il a affirmé rester dans l'opposition, n'a pas non plus évoqué la possibilité de censurer le gouvernement. Et pour cause : la députée Valérie Létard, élue sous l'étiquette LIOT, a été nommée ministre du Logement et de la Rénovation urbaine.
Le RN au centre du jeu
À l'heure actuelle, Michel Barnier n'est assuré que du soutien de 212 députés (Ensemble + Horizons + Les Démocrates + Droite républicaine). Très loin donc des 289 députés nécessaires pour avoir une majorité à l'Assemblée nationale et éviter ainsi le vote d'une motion de censure. La gauche ayant déjà appelé à la censure du gouvernement, cela place les cartes du jeu dans les mains du Rassemblement national (126 députés). Michel Barnier va donc avancer en terrain miné et donner des gages, notamment budgétaires, au parti de Marine Le Pen, s'il ne veut pas faire de son mandat, déjà inédit, un épiphénomène.