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Grève SNCF : quatre questions pour comprendre pourquoi les cheminots se mobilisent pour sauver Fret SNCF
Grève SNCF : quatre questions pour comprendre pourquoi les cheminots se mobilisent pour sauver Fret SNCF
Les syndicats enclenchent une première journée de grève, ce jeudi, avant un mouvement reconductible à compter du 12 décembre. CGT, Unsa, SUD et CFDT appellent à un moratoire sur la liquidation du transporteur ferroviaire de marchandises.
Les cheminots seront en grève le jeudi 21 novembre avant un mouvement reconductible à compter du 12 décembre pour dénoncer la liquidation de Fret SNCF.
© Jc Milhet / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP« SNCF : comment la gréviculture maison a fait dérailler l’activité fret. » Ce titre de l’article du Figaro paru le 18 novembre résume à lui seul le déraillement médiatique autour du mouvement de grève à la SNCF de ce jeudi 21 novembre. À l’appel d’une intersyndicale (CGT, Unsa, SUD, CFDT), cette mobilisation pourrait être reconductible à compter du 12 décembre. Mais le problème est ailleurs. « Notre société est celle du buzz. C’est plus simple de le faire sur les perturbations du trafic à Noël que de débattre d’une société où les transports seraient décarbonés », déplore Fabrice Charrière, de l’Unsa.
Selon la doxa libérale, un spectre hanterait donc l’Hexagone, celui d’une grève SNCF durant les fêtes. Qu’importe si, dans l’agriculture, l’industrie, la fonction publique, la colère sociale déborde. Si aucun syndicat n’appelle, pour l’heure, à se mobiliser durant les congés de fin d’année. Ce mercredi, lors d’un entretien réquisitoire sur BFM Business, Thierry Nier (CGT cheminots) résumait la situation : « Ne gâchons-nous pas le temps à parler des conséquences de cette grève, plutôt que d’évoquer ses causes ? », à savoir la liquidation de Fret SNCF.
Pourquoi la liquidation de Fret SNCF prend des allures de scandale d’État ?
Derrière cet emballement médiatique se cache un scandale d’État. L’opérateur public de transport de marchandises, Fret SNCF, disparaîtra au 1er janvier 2025. Deux filiales vont le supplanter : Hexafret, dédiée aux activités de transport de trains mutualisés, et Technis, pour la maintenance.
Une liquidation décidée par l’ex-ministre des Transports, Clément Beaune, en mai 2023. Avec ce plan de discontinuité, l’exécutif espérait éviter une condamnation de Fret SNCF par la Commission européenne à la suite de l’ouverture d’une enquête pour 5,3 milliards d’euros d’aides publiques perçues par l’opérateur entre 2007 et 2019. « Ce plan de discontinuité est le choix du pire pour l’environnement, mais aussi pour l’aménagement du territoire ! » tance Thomas Clavel, secrétaire général de la CFDT cheminots. Pour rappel, en France, les transports sont responsables de 30 % des gaz à effet de serre, dont 90 % causés par les camions.
Fin 2023 et à la demande du groupe GDR à l’Assemblée nationale, les auditions d’une commission d’enquête sur les conséquences de la libéralisation du fret ferroviaire présageaient que cette liquidation était anticipée dès 2019. Un précédent plan de discontinuité de Fret SNCF avait alors été commandé au cabinet McKinsey par les services du ministère des Transports, à l’occasion du « nouveau pacte ferroviaire », qui actait dès 2018 le désossage de la SNCF. Lors de son audition, Sylvie Charles, l’ex-directrice générale des activités ferroviaires et multimodales de marchandises de SNCF Logistics, entre 2010 et 2020, assurait que « l’étude de McKinsey ne garantissait ni la viabilité ni le report modal ».
S’appuyant sur une des recommandations du rapport de cette commission d’enquête, l’intersyndicale cheminotes réclame à l’unisson un moratoire sur l’actuel plan de liquidation de Fret SNCF. « Cette mesure permet d’évaluer l’impact sur l’outil industriel et les conséquences de la discontinuité sur le report modal », insiste, dans un communiqué, SUD rail.
Pourquoi les communistes et insoumis réclament un débat sur le moratoire à l’Assemblée ?
Dans un courrier envoyé au premier ministre, le lundi 18 novembre, André Chassaigne souligne qu’il « appartient à l’État de faire valoir que l’atteinte de l’objectif de doublement de la part de fret ferroviaire à l’horizon 2030 permettrait de réaliser 10 milliards d’euros d’économies sur ces externalités négatives dont le coût annuel global s’élève à 115 milliards d’euros ».
Le coprésident du groupe GDR et chef de file des députés communistes, tout comme sa collègue insoumise Mathilde Panot réclament à Michel Barnier, conformément à l’article 50-1 de la Constitution, « un débat suivi d’un vote sur l’opportunité de prononcer un moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF et de rouvrir les négociations avec la Commission européenne ».
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