• la tension monte à Ambarès autour des projets de mosquée

     

    Le maire d’Ambarès-et-Lagrave, Nordine Guendez. © Crédit photo : Y. D.

    Les projets concurrents de centre culturel et cultuel dans la commune ont, sans surprise, jalonné les débats du conseil municipal ce mardi 12 novembre

    Le sujet est sur la table dès les « interpellations citoyennes » précédant la séance du conseil municipal d’Ambarès. On y évoque, ce mardi 12 novembre, les invasions des tigres du chêne, les rodéos urbains empoisonnant le quotidien des avenues du Chemin de la Vie, du Roy, de Jourdane, ou encore de la rue de Formont. C’est au 44 de cette voie à l’est de la ville, près de Bassens, qu’est projeté un centre culturel et cultuel musulman par l’association Ibn Sina, qui a déposé le 7 août dernier un permis de construire pour un bâtiment de 1 200 mètres carrés avec un étage, comprenant des salles de classe et de conférences ou prières, d’une capacité de 695 personnes pour 40 places de parking.

    Le projet de centre cultuel porté par l’association Ibn Sina, rue de Formont.Le projet de centre cultuel porté par l’association Ibn Sina, rue de Formont.
    Visuel de l’association Ibn Sina

    Ne pas avoir informé la population avant septembre de ce projet en gestation dès le printemps (cagnotte en ligne, gala de collecte) est, en façade, le principal reproche des trois groupes d’opposition au maire Nordine Guendez (PS), alors qu’un deuxième programme de mosquée, concurrent, est annoncé depuis ce mois d’octobre par le Centre musulman de Bordeaux (CMB) de l’imam Tareq Oubrou, dans la salle des fêtes privée de la Mansoura, à l’ouest, près de Sainte-Eulalie. « Pour le dossier de la rue de Formont, j’ai attendu le dépôt de permis de construire. Pour celui de la Mansoura, j’ai attendu la déclaration d’intention d’aliéner (1) signifiée le 22 août », persiste Nordine Guendez.

    Lors du conseil municipal d’Ambarès ce mardi soir.Lors du conseil municipal d’Ambarès ce mardi soir.

    Y. D.

    Protection fonctionnelle

    Une trentaine de personnes garnissent un public habituellement clairsemé. Le sujet revient un peu plus tard dans l’ordre du jour avec l’octroi au maire d’une protection fonctionnelle (prise en charge des frais en cas de procédure judiciaire) liée à cette polémique. « De questions insidieuses en propos pouvant prêter à une interprétation outrancière, malsaine voire haineuse, les raccourcis rapides fleurissent sur les réseaux sous couvert d’anonymat », déclare le premier adjoint Alain Cazaurang. « Monsieur le maire y est […] attaqué personnellement dans sa vie privée et son intégrité. Ces propos sont totalement illégaux. »

    David Poulain, élu d’opposition.David Poulain, élu d’opposition.

    Y. D.

    L’opposant David Poulain dénonce les « mensonges à répétition » du maire, demande sa démission sous les applaudissements de ce public exceptionnel. À droite et à l’extrême droite, le groupe Unis pour Ambarès (huit élus) évoque « la torture psychologique » des riverains de la rue de Formont, tandis que l’instruction du permis de construire, confidentielle comme le veut la loi, se poursuit. Et laisse David Poulain s’insurger d’une rencontre entre Nordine Guendez et des jeunes de l’association musulmane Millî Görüs, « ennemie de la République et de la France », lors de la campagne législative de 2022 (lire ci-dessous).

    Rencontre avec les porteurs de projet

    La protection fonctionnelle est néanmoins approuvée par tous les élus, ceux d’Unis pour Ambarès s’abstenant au nom d’une démarche générale sur ce conseil (transmission des documents de la séance jugée trop tardive), démarche contredite par un vote positif sur une dernière délibération. Le sujet des mosquées revient une dernière fois lors des questions orales de l’opposition où David Poulain réitère ses accusations, relevant aussi les intersections politiques et familiales avec la mairie de Cenon, ville dont la mosquée saturée (malgré son agrandissement) a motivé les projets ambarésiens.

    La salle de la Mansoura, où le Centre musulman de Bordeaux envisage aussi un centre culturel et cultuel.La salle de la Mansoura, où le Centre musulman de Bordeaux envisage aussi un centre culturel et cultuel.
    Y. D.

    « Je laisse le soin à la justice […] d’examiner le potentiel pénal de la teneur de certains de vos propos », répond Nordine Guendez qui confirme une prochaine rencontre commune avec les deux porteurs de projet de centre culturel et cultuel musulman, et annonce courrier et réunion publics à l’issue de l’instruction du permis de construire d’Ibn Sina.

    (1) Déclaration obligatoire d’un propriétaire souhaitant la vente d’un bien immobilier sur une zone de préemption.

    Une rencontre polémique

    La rencontre évoquée par l’opposant David Poulain entre le maire d’Ambarès remonte à sa campagne aux législatives en 2022, aux côtés d’Alain David (PS). Les deux hommes, sollicités par des jeunes de Millî Görüs, se rendent à Latresne pour un échange relaté par les protagonistes sur les réseaux. Gérant 71 mosquées en France, l’association d’origine turque, prônant un islam sunnite conservateur, a des membres élus au Conseil français du culte musulman créé par Nicolas Sarkozy. Elle a été mise en cause en 2021 par Gabriel Attal et Gérald Darmanin (alors porte-parole du gouvernement et ministre de l’Intérieur) comme allant « à l’encontre des valeurs de la République », voire comme « ennemis de la République ». « Je rencontre tous ceux qui me sollicitent en campagne », argue Nordine Guendez, qui ajoute que « cette association est toujours active et n’a pas fait l’objet de condamnation ou de dissolution ».

     

     
     
     
     
    « Cinq jeunes jugés à Bordeaux pour meurtre : jusqu’à trente ans requis après « la mort d’un retraité sans histoires »Le port autonome de Bordeaux : 100 ans d’histoire en images »