• Mélenchon engrange, Macron piégé par la Hollandie

    Pendant que Mélenchon engrange les sentiments favorables (1), Macron ne peut repousser le baiser qui tue de Valls, tandis que Fillon n’en démord pas, malgré la mise en examen de sa femme Penelope. Le grand chambardement peut commencer. Lesquels, de Mélenchon, Fillon, Macron et Le Pen, resteront en lice le 23 avril ? Tout est possible !

    Les gens commencent à y voir plus clair. Le temps de la décantation est venu. Ce temps, disons les trois dernières semaines avant le scrutin, où les intentions de vote changent d’état, pour se cristalliser sur l’un ou l’autre des candidats. Mélenchon, qui n’a pas oublié la campagne de 2012, a planté ses banderilles au bon moment. La sauce a commencé à prendre, après le rassemblement de la place de la République, pour une 6ème République.

    Adoptant une attitude gaullienne, il a évité intelligemment les ornières, mêlant ses convictions de gauche à un attachement patriotique qui a rassuré. En politicien averti, il a intégré les scénarii possibles, après avoir réussi le passage délicat de l’entrée dans cette dernière ligne droite, au bout de laquelle beaucoup de prétendants à l’Elysée ont été carbonisés : Balladur, en 1995, Chirac, en 1981, et plus récemment Sarkozy, trop sûr de lui, en 2012.

    Une humiliation que Hollande a eu le nez d’éviter, en n’y allant pas. Parmi les scenarii, prévisibles, la fronde des « faux » socialistes contre le frondeur Hamon donne raison à sa stratégie de non compromission avec le vainqueur de la primaire socialiste, trop minoritaire dans son camp, pour être en mesure de lancer une dynamique de campagne, susceptible de rassembler et de gagner.

    Macron le candidat de la Hollandie… malgré lui

    La bulle Macron, telle la grenouille qui voulait se faire plus grosse qu’un bœuf, s’est chargée d’avaler les déçus (pour ne pas dire les aigris) du 29 janvier. En clair, les troupes vallsistes. Impossible pour eux de résister aux chants des sirènes macroniennes, tant ils sont proches du « rothschildien ». Ne manquait plus à l’appel que leur orgueilleux « matador », cuisamment défait par Hamon, Manuel Valls en personne. Petite vengeance, au passage, contre la gauche du PS ?

    C’est chose faite depuis ce mercredi 29 mars. L’ancien Premier ministre de Hollande « ne se rallie pas » (comme c’est astucieusement dit), mais il apporte sa voix, les voix de ses fans, à Macron. En espère-t-il un retour ? Non. C'est le baiser qui tue. Manuel n'oublie pas que ce cher Emmanuel ose marcher sur ses brisées. C'est aussi une façon de reprendre la main, en se positionnant, dans la perspective des législatives de juin, pour s’assurer la mainmise sur ce qui restera d’un parti socialiste éparpillé.

    Son soutien, dès le premier tour, sonne aussi comme une mise en garde à Macron, dont l’ambition de lancer des candidats sous la bannière « majorité présidentielle » obligerait les encartés à délaisser le PS. Ce faisant, Valls signifie clairement à Macron qu'il devra compter avec les réalités locales, avec des élus locaux socialistes bien implantés, qui n’entendront pas lâcher comme çà leur circonscription, sous prétexte de laisser la place à des visages neufs encartés « En Marche ». Qu’il le veuille ou non, Macron, qui est majoritairement porté par la Hollandie -apparemment, "en dépit de son plein gré"-, devra passer par ces marchandages de boutiquiers, s’il veut parvenir à constituer une majorité pour gouverner.

    Trois mises en examen n’y font rien : Fillon imperturbable

    Le piège semble donc se refermer sur l’un des deux candidats des riches, dont l’euphorie des dernières semaines pourrait, comme ce fut le cas pour Balladur en 1995, se briser sur l’implacable réalpolitique, à laquelle ses « faux amis » du moment, Valls en tête, sont rompus.

    Quant au second candidat des riches, François Fillon, le politicien qui lave plus blanc que blanc, il croit toujours en sa bonne étoile, s’appuyant sur les analyses Filteris qui le placent devant Macron avec 22,18 %, contre 21,47% pour le candidat de la Hollandie. Malgré la mise en examen de son épouse Penelope Fillon, -ce qui porte à trois mises en examen, dans cette affaire d’emplois fictifs présumés, avec la sienne et celle de son ex-suppléant Marc Joulaud-, il ne détèle pas. 

    Vieux briscard de la politique, buriné par le sarkozysme, dont il a été dix années durant un des penseurs et fers de lance, c’est tout dire, il s’accroche, tel un damné ! Se raccrochant probablement à la ferveur manifestée par les petits possédants apeurés de voir arriver « l’ogre stalinien » Mélenchon. Les mêmes qui, si par une pirouette du destin Fillon se retirait, se jetteraient, sans l’ombre d’une hésitation, dans les bras de Marine Le Pen.

    « Même s’ils le mettent en prison, je voterai pour Fillon » ! La morale des catholiques n’est décidément plus ce qu’on pensait qu’elle devait être.

    Mélenchon, pour entrer dans une ère respirable

    Le grand chambardement a commencé. Le Pen, Fillon, Macron, Mélenchon… En recoupant toutes sortes de sondages et analyses, à trois semaines de l’élection, il apparait que ces quatre acteurs occupent les rôles principaux. Le rideau tombera une première fois le 23 avril, à la fin de ce premier acte. Lesquels resteront en scène pour le second et dernier acte ?

    Les Français ont le choix entre pérenniser le piétinement de la morale, en votant Fillon, ou avaliser le début de l’ère de la restriction des libertés avec Le Pen, ou encore consacrer la toute-puissance des riches sur la vie publique avec Macron.

    Le quatrième choix, et certainement le plus sain, c’est Mélenchon, avec derrière lui la France Insoumise, dont la volonté est d’en finir avec une cinquième république dévoyée, vérolée par la corruption, et d’entrer dans une ère plus respirable, à tous points de vue !

    (1) « … le candidat de la France insoumise soutenu par le PCF a vu sa cote de confiance monter à 40 % , ce qui le place pour la première fois à la deuxième place du classement, derrière Emmanuel Macron. 38 % des sondés s’estiment surpris « en bien » par Mélenchon . » Source : Mélenchon gagne en popularité

     

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