• « Nous sommes devenus la vitrine de ce qu’il y a de pire dans le macronisme » : les salariés de France Travail en grève

    « Nous sommes devenus la vitrine de ce qu’il y a de pire dans le macronisme » : les salariés de France Travail en grève

    Précarisation, suppression de postes, salaires en berne, surcharge de travail induite par la loi plein-emploi… Les agents franciliens de l’opérateur public ont fait grève ce mardi, à l’appel d’une intersyndicale. Ils dénoncent un démantèlement des conditions d’exercice de leur métier, source de souffrance tant pour les agents que pour les usagers.

     

     

    Manifestation des salariés devant la direction générale de France Travail ex Pôle emploi.
    © LAURENT DEMARTINI

    « Un cercle infernal ». L’image revient avec insistance dans les propos des manifestants qui ont convergé en une foule compacte, ce mardi 12 novembre, devant le siège de France Travail (20e arrondissement de Paris), à l’appel d’une intersyndicale réunissant la CGT, Force ouvrière, la FSU et Solidaires. Les agents franciliens de l’opérateur public, auxquels le député FI Hadrien Clouet s’est joint pour leur apporter son soutien, sont venus dire leur colère face à de nouvelles secousses menaçant d’ajouter une couche supplémentaire à un empilement de maux déstabilisant leurs conditions de travail.

    Sommés de « faire plus avec moins », ils dénoncent notamment la non-reconduction des CDD recrutés lors des jeux Olympiques ainsi que la suppression programmée de 500 équivalents temps plein, inscrite dans le projet de loi de finances 2025.

    Le tout sur fond de salaires qui stagnent, en raison du gel du point d’indice et du refus opposé par la direction de toute augmentation, lors de la négociation annuelle obligatoire (NAO). « Plus de 60 % de nos collègues gagnent moins de 1 600 euros net par mois, la plupart ne peuvent même pas se loger », s’insurge Khalid Makhout, délégué FO en Île-de-France, qui dénonce la prévalence des emplois précaires et mal payés au sein des agences franciliennes.

    Mise en place au forceps de la loi plein emploi

    À ces difficultés s’ajoute le surcroît de travail engendré par la mise en place de la loi dite plein emploi. Adoptée en novembre 2023, elle obligera, dès janvier prochain, les 2 millions d’allocataires du revenu de solidarité active (RSA) à s’inscrire à France Travail, sous peine de sanctions. « Tout cela va provoquer un afflux massif dans les agences, sans que la direction générale nous dise comment on pourra y faire face », pointe Guillaume Bourdic, représentant syndical à la CGT France Travail.

    Pour Danièle, une militante à la FSU, ces mesures s’inscrivent dans la droite ligne de la politique ultralibérale menée par Emmanuel Macron : « France Travail est devenu la vitrine de ce qu’il y a de pire dans le macronisme », analyse-t-elle. Au guichet, les agents sont en effet en première ligne pour gérer les ravages des contre-réformes successives de l’assurance-chômage, mises en place depuis 2017, qui ont drastiquement réduit les droits des chômeurs, soumis par ailleurs à un système de contrôles massifs : de plus de 500 000 aujourd’hui, ces contrôles gérés par des plateformes dédiées devraient passer à 1,5 million d’ici à 2027.

    « Une perte de sens »

    « Tout ceci génère une perte de sens dans nos métiers », analyse Francine Royon, déléguée CGT Île-de-France, qui pointe par ailleurs l’injonction croissante pesant sur les conseillers chargés de l’accompagnement à orienter les demandeurs d’emploi vers des « boîtes privées » : « Envoyer en prestation, c’est devenu le mot d’ordre de la direction, qui se cache derrière le manque de moyens pour justifier la sous-traitance à tout-va. » Ses collègues chargés de l’indemnisation ne sont, à ses yeux, pas mieux lotis : « Depuis que le travail a été individualisé, ils ont des portefeuilles énormes et ne s’en sortent plus. »

     

     

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