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    Un autre peuple victime de l'extermination : les Tsiganes

    « Et les Tsiganes ? » me demande-t-on. « Pourquoi est-ce qu'on en parle presque pas ? »

    Il faut comprendre que les Tsiganes sont un peuple de l'oral plus que de l'écrit. Aussi a-t-on beaucoup moins de témoignages de survivants. D'autre part, le racisme contre les gitans, tsiganes, gens du voyage a continué après la guerre, et de nos jours encore.

     

     

     

     

    Des camps de concentration en France

    Les Tsiganes furent, comme les Juifs, interpellés et mis dans des camps.
    Voici une carte des camps de concentration en France. Les camps pour Tsiganes figurent en bleu :

    Carte des camps en France

     

     

     

     

    Le camp de concentration pour Tsiganes de Montreuil-Bellay

    Le camp de concentration pour Tsiganes de Montreuil-Bellay

    Les Autorités mirent du temps à libérer les internés. Le camps des Alliers près d'Angoulème ne fut fermé qu'en 1946. On rendit leur liberté à des nomades qui avaient perdu leurs roulottes, leurs chevaux, leurs repères. Cette situation est évoquée dans les dernières pages du magnifique roman de Paola Pigani, N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures (voir conseil de lecture plus bas).

    Ces camps furent rapidement détruits et oubliés après la guerre. Il fallut attendre 1985 pour qu'une plaque soit apposée à Poitiers :

    Plaque commémorative apposée en 1985 à Poitiers

    Plus tard, en 1994, une plaque additive fut apposée, qui évoquait le fait que ces crimes contre l'humanité avaient été « commis sous l'autorité de fait de l'Etat français ». En effet, ces camps étaient administrés, gardés par le régime de Vichy.

    Une extermination qui a touché toute l'Europe

    La déportation des Tsiganes vers les camps d'extermination

     

     

     

    Furent exterminés :
    • plus du quart des Tsiganes de France ou de Hongrie,
    • près de la moitié des Tsiganes de Yougoslavie ou de Lettonie,
    • les trois quart des Tsiganes d'Allemagne ou de Belgique,
    • la totalité des Tsiganes des Pays-Bas, du Luxembourg  et de Lituanie .
    Femme tzigane, l'une des rares survivante d'Auschwitz. Elle porte un tatouage sur le bras.
    Femme tzigane, l'une des rares survivante d'Auschwitz. Elle porte un tatouage sur le bras.

    Expériences médicales à Auschwitz

    Enfants tsiganes castrés au cours de prétendues "expériences médicales" à Auschwitz-Birkenau, en 1944
    Enfants tsiganes castrés au cours de prétendues "expériences médicales" à Auschwitz-Birkenau, en 1944


    L'exemple du camp de Jasenovac, en Croatie

    Jasenovac

     

    Quelques Tsiganes ont été mis au travail dans le camp III C, nommé le camp tsigane. Les autres ont été exterminés à leur arrivée ou peu après. Les Tsiganes épargnés pour servir de main-d'œuvre devaient travailler dans une usine de briques, une scierie et devaient creuser des canaux d'irrigation. Ils finissaient également par mourir, battus à mort, de faim et d'épuisement.
    Les Tsiganes vivaient dans des tentes ou à ciel ouvert, affamés et les pieds nus, au soleil et sous la pluie. La nourriture qu'ils recevaient était pire encore que celle des autres détenus et les oustachis [les nazis croates] prenaient un plaisir particulier à les frapper et à les fouetter. La nuit tombée, ils en sortaient quelques-uns du camp pour les tuer.
    L'entrée du camp de Jasenovac 
    Photo d'une porte en pierre avec une voute. Une pancarte avec peinte en gosses lettres l'inscription : RADNA SLUZBA, STASKE OBRANE, SABIRNI LOGOR BR. III
    Certains détenus non tsiganes ont essayé de cacher les Tsiganes des oustachis. Parmi eux, il y avait un violoniste du nom de Jovanovic. Mais le commandant du camp, Filipovic, l'a alors découvert et tué. L'hôpital du camp ne recevait pas de Tsiganes. Le prêtre des oustachis, surnommé père Satan, avait ordonné que tous les Tsiganes malades soient exécutés.
    Certains des Tsiganes arrivés à Jasenovac étaient musiciens. Les oustachis ont créé plusieurs groupes de musiciens tsiganes. En juin 1942, les Tsiganes et d'autres prisonniers ont été forcés à jouer en concert. Ils ont été tués juste après.
    Les conditions de vie du camp III C étaient si terribles que l'on devait nettoyer le camp tous les matins de quelque 40 corps de détenus qui étaient morts de froid.
    Bozidar F travaillait à la blanchisserie du camp. Il avait pu cacher son identité. Un autre Tsigane — un violoniste du nom de Vaso — jouait dans l'orchestre du camp. Ces deux Tsiganes ont été les seuls, avec deux Tsiganes allemands de Thuringe qui avaient travaillé dans une foire comme avaleurs de feu, à survivre au carnage jusqu'aux derniers jours du camp.

    L'extermination à Ustice et à Gradina

    Un survivant, Dusan Culum, raconte :
    Tous les jours, six à douze wagons de Tsiganes arrivaient à Jasenovac. Ils devaient débarquer du train devant le camp et s'asseoir par terre. Le commandant du camp, Luburic, ou d'autres responsables oustachis leurs désignaient l'endroit où ils seraient installés pour travailler. Les oustachis prenaient d'abord les hommes et leur racontaient qu'ils seraient envoyés en Allemagne. Ils leur faisaient chanter "Béni soit Pavelic" [chef nazi croate] en les embarquant. Ils les faisaient monter sur des radeaux pour traverser le fleuve jusqu'à Ustice et les plaçaient dans des maisons dont les occupants serbes avaient été tués. Les maisons étaient entourées de barbelés et formaient un petit camp. Puis les oustachis tuaient les Tsiganes avec des maillets et les enterraient dans les jardins. Après avoir tué les hommes, ils revenaient et tuaient les femmes et les enfants.

     

     

     


  • Avant même la signature du traité de Rome, Pierre Mendès France s'inquiétait des risques d'une dérive de la construction européenne.

    Traité de Rome : il y a 60 ans, Pierre Mendès France prédisait les tares de l’Union européenne