À cette occasion, le maire a opéré un premier changement de pied au sujet des caméras de vidéoprotection : « Philosophiquement opposé » au dispositif en début de mandat, le nombre de caméras aura quasiment doublé d’ici deux ans, passant de 136 à 255.
Municipales dans deux ans
Dans ce bras de fer, Pierre Hurmic s’est toujours montré pointilleux sur la répartition des rôles : à la police nationale la sécurité publique, à la police municipale la « tranquillité » publique. Si, hypothèse probable, il franchit le pas de l’armement, cette grille de lecture sera caduque. Les policiers municipaux joueront de fait un autre rôle dans le continuum de sécurité. C’est aussi une manière d’abandonner la posture « morale » de dénonciation en actant, sinon les carences, du moins le désengagement de l’État sur le sujet. Entre la pression de ses agents, les attentes des Bordelais – 68 % placent la sécurité comme priorité dans le dernier sondage commandé par la mairie –, le pilonnage en règle de son opposition et, plus trivialement, dans la perspective de municipales dans moins de deux ans, le maire a-t-il le choix ?
« On a beaucoup consulté et approfondi un dossier qui ne souffre pas les raccourcis ni les postures démagogiques »
« Le sujet est trop sérieux pour en faire une exploitation politicienne », balaie un membre de l’entourage d’Hurmic. « On a beaucoup consulté, approfondi un dossier qui ne souffre pas les raccourcis ni les postures démagogiques. » Reste que la question fait des remous jusque dans les rangs de la majorité. Trois adjoints en vue ont brandi la menace d’une démission si la ville venait à armer sa police… Pour justifier ces « bougés », pouvant être perçus comme des renoncements, Pierre Hurmic s’est systématiquement employé à donner des gages. En 2021, le déploiement de la vidéoprotection était assorti d’un « comité d’éthique », dont peu de monde se soucie aujourd’hui des analyses. Ce mardi, il promet de dessiner les contours d’une « doctrine d’engagement » : « Une première, ce qui n’avait jamais été fait jusqu’à présent », expliquait il y a peu Marc Etcheverry, l’adjoint à la sécurité. On saura ce mardi si les armes à feu concourent à la « ville apaisée », ce concept cher aux élus écologistes.