-
Tempête Ciaran : deux mois après, les agriculteurs attendent toujours de l’aide
Tempête Ciaran : deux mois après, les agriculteurs attendent toujours de l’aide
Depuis la tempête Ciaran qui a touché la Bretagne début novembre, les contours de l’intervention de l’État promise aux sinistrés s’esquissent enfin. Une aide « plus que bienvenue » mais jugée « insuffisante » par la Confédération paysanne.
lougastel-Daoulas (Finistère), correspondance particulière.
Des légumes éparpillés sur le sol, en piteux état. Au loin, une bâche en plastique éventrée et de longs bouts de ferraille pliés par les rafales. Depuis la tempête Ciaran survenue début novembre, la petite exploitation agricole de Sandrine Gawron fait peine à voir. Dans le Finistère et ailleurs en Bretagne, bon nombre d’agriculteurs ne sont toujours pas remis des dégâts occasionnés par un épisode météorologique d’une rare intensité. « Quand mon mari est arrivé sur les lieux, il s’est effondré », se souvient la maraîchère, installée à Plougastel-Daoulas depuis 2019.
Loi des finances 2024 : « Les paysans sont les victimes de ce nouveau 49.3 », estime Olivier Morin ( Modef)
La Première Ministre a de nouveau dégainé l’article 49.3 de la Constitution, ce jeudi 14 décembre, faisant ainsi passer sans vote la partie recettes du projet de loi de finances (PLF) 2024. Ce texte législatif ne répond pas aux attentes des petits exploitants agricoles, déplore Olivier Morin, secrétaire national du Modef et agriculteur biologique dans l’Indre.
« Rien n'est prévu pour faire face aux difficultés des producteurs bio », dénonce Olivier Morin, secrétaire national du Modef
Maylis Rolland / Hans Lucas via AFPChampagne pour la FNSEA, soupe à la grimace pour l’agriculture paysanne. En faisant adopter en force la partie recettes du projet de loi du budget de l’Etat (PLF) 2024, via une vingt-et-unième utilisation du 49.3, Elisabeth Borne a fait une heureuse jeudi dernier. La fédération patronale a obtenu un amendement de dernière minute revenant sur une hausse de taxes destinées à limiter l’usage des pesticides et les prélèvements d’eau.
Pas de quoi cependant ravir tout le monde paysan. « Ce budget est néfaste pour l’agriculture familiale », a dénoncé le Modef qui a manifesté contre jeudi dernier. Et ce n’est pas le « projet de loi d’orientation et d’avenir » censée assurer la souveraineté alimentaire, que le ministre Marc Fesneau dévoile par petits bouts ces derniers jours avant un éventuel examen au Parlement au premier trimestre, qui rassure le syndicat revendiquant une « agriculture rémunératrice, solidaire, durable et responsable »
Vous avez organisé un rassemblement ce jeudi 14 décembre devant l’Assemblée nationale pour dénoncer les faiblesses du PLF 2024 concernant les agriculteurs. En quoi ce texte ne répond-il pas aux attentes du monde paysan ?
Le budget du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire s’établit pour 2024 à 7 milliards d’euros, dont 2 milliards pour l’enseignement agricole. C’est largement inférieur aux besoins. Prenons l’exemple des mesures agro-environnementales et climatiques (MAEC) que les agriculteurs contractent via les crédits de la Politique agricole commune (ces financements concernent un ensemble de mesures permettant de soutenir des exploitations agricoles qui s’engagent dans le développement de pratiques agro-environnementales telles que l’entretien des haies, des mares… ndlr).
Les crédits de paiement pour ces pratiques baisseront de 35 % par rapport à 2023, alors que les budgets actuels sont déjà insuffisants pour honorer les contrats signés. Par exemple, en Bretagne, le budget pour 5 ans est de 90 millions d’euros, alors que les besoins estimés s’élèvent à 150 millions d’euros.
Vous êtes aussi très remontés au sujet du bio
L’agriculture biologique se trouve en grande difficulté du fait de la baisse de consommation de ses productions, conséquence de l’inflation et de la perte de pouvoir d’achat. Aujourd’hui, les ventes de bio reculent. Sa part dans la surface agricole utile stagne à 10,7 %, alors que le gouvernement s’était quand même fixé un objectif de 15 % pour 2022 et 18 % pour 2027. La tonne de blé bio est vendue presque au même prix que celle en agriculture conventionnelle : 230 euros contre 200 euros. Mais les coûts de production sont bien supérieurs en bio. Cela fait longtemps que nous réclamons une fixation du prix des denrées alimentaires, notamment des céréales, par des conférences annuelles entre les différents acteurs. Rappelons que 100 000 exploitations agricoles ont disparu entre 2010 et 2020 et que 45 % des agriculteurs devraient cesser leur activité d’ici à 2026. Il y a donc urgence à agir.