• Transports en Gironde : quatre arguments pour renoncer à venir à Bordeaux en voiture en 2025

    Transports en Gironde : quatre arguments pour renoncer à venir à Bordeaux en voiture en 2025

    Le syndicat mixte Nouvelle-Aquitaine Mobilités vient de mettre en place une commission locale, dont le rôle est d’accélérer les choses pour permettre aux gens de ne pas utiliser la voiture, ou de l’utiliser moins, quand ils entrent ou sortent de la métropole bordelaise. Premières orientations

    Lancé en 2018, le syndicat mixte Nouvelle-Aquitaine Mobilités a pour rôle de coordonner l’ensemble des moyens de transport en Nouvelle-Aquitaine, et de connecter les différents territoires. Vaste mission dans la plus grande région de France, mais qui vient de faire un pas en avant en Gironde avec la mise en place d’une commission locale des mobilités. Elle est présidée par Clément Rossignol Puech, maire de Bègles et vice-président de la Métropole en charge de ce dossier des mobilités, justement.

     

    Pour faire simple, c’est une nouvelle instance de gouvernance, avec un budget à elle. C’est elle qui recevra les sommes récoltées par le biais du VMA (Versement mobilité additionnel), la taxe versée par les entreprises de 11 salariés et plus. Ça lui permet d’envisager une enveloppe de 7 millions d’euros en 2024, et de lancer de nouveaux projets dès maintenant. Rapide panorama.

    1 Quatre nouvelles lignes de cars express en 2025

    Lancé en 2019, le car express Créon-Bordeaux est une réussite, selon Renaud Lagrave, président de Nouvelle-Aquitaine Mobilités. Cette ligne 407 qui effectue le trajet en cinquante minutes grosso modo, avec une fréquence de quinze minutes du lundi au vendredi, attire 200 000 voyageurs par an, « alors que les études nous en annonçaient 100 000 ». Une alternative heureuse à la voiture sur un trajet qui n’est pas desservi par le train : depuis le 8 janvier 2024, la solution existe aussi entre Blaye et Bordeaux, avec les mêmes attentes.

    55 % des usagers « pourraient prendre leur voiture mais privilégient le car express pour des raisons de coûts et de sérénité »

    Et d’ici à septembre 2025, la commission locale veut lancer quatre nouvelles lignes vers le Médoc, le Nord-Bassin, le Val de l’Eyre et autour de l’agglomération bordelaise, entre l’aéroport de Mérignac et Villenave-d’Ornon. Montant de l’investissement : 14 millions d’euros, apportés avec l’aide du Conseil régional et de Bordeaux Métropole.

    « Les études ont montré que ce sont ces corridors qui ont le plus de potentiel », indique Clément Rossignol Puech. Les mêmes causes produisent-elles les mêmes effets ? Une autre étude, menée auprès des usagers de la ligne Bordeaux-Créon, établit que 55 % d’entre eux « pourraient prendre leur voiture mais privilégient le car express pour des raisons de coûts et de sérénité ».

    2 Covoiturage et vélo en libre-service : à l’étude

    En parallèle, deux lignes de covoiturage sont en cours d’étude sur les autoroutes A10 et A62, respectivement dans les sens Bordeaux-Paris et Bordeaux-Toulouse. Ça ne peut pas se faire sans créer des voies réservées et des panneaux de signalisation spécifiques. Le lancement sera donc progressif. Nouvelle-Aquitaine Mobilités n’indique d’ailleurs aucune date à laquelle il sera possible de partager la même voiture, ni aucun lieu pour cela. Mais l’intention existe.

    Même chose pour les cyclistes. Il est question d’installer des abris vélos sécurisés et des sites où des vélos en libre-service seront proposés. Là encore, on n’en est qu’à la phase d’analyses, mais Nouvelle-Aquitaine Mobilités promet qu’elles seront « rapides et partagées » : « Une initiative similaire a été lancée entre Cognac et Royan et ses résultats sont encourageants. »

    3 Un seul billet pour le train, le tram et le vélo

    Ce qui est plus concret, en revanche, c’est la perspective d’utiliser un seul support – carte ou application smartphone – et avoir un seul billet pour les déplacements en TER, en tram, en bus et même à vélo libre-service. Un même logiciel pour réserver un moyen de transport et planifier son utilisation : plus simple, plus rapide. Clément Rossignol Puech évoque la mise en place de cette mesure à l’horizon 2025.

    « Nous aimerions même offrir la possibilité de payer directement avec une carte bancaire, sans avoir besoin de prendre un billet »

    « Le site modalis.fr (créé par Nouvelle-Aquitaine Mobilités pour donner des informations sur les modes de transport et le covoiturage dans la région, NDLR) va être entièrement refondu en 2024, dit-il, et des fonctionnalités vont être ajoutées à l’application. À terme, nous aimerions même offrir la possibilité de payer directement avec une carte bancaire, sans avoir besoin de prendre un billet, comme ça se fait déjà à Londres. » Une limite à cette démarche, toutefois : elle ne concernera pas les TGV et les trains Intercités. SNCF ne s’y associe pas. Au moins pour le moment.

    4 Et à terme, des couloirs réservés aux cars sur l’autoroute

    Enfin, l’aménagement de couloirs spécifiques pour les cars est à l’étude sur l’A10, l’A62 et la rocade bordelaise. Mais en l’occurrence, rien de concret n’est envisagé avant 2027 ou 2028. Attendre et voir.

     


  • « Le service est lamentable » : les usagers du train Bordeaux-Langon-Agen grondent les responsables de la SNCF

    « Le service est lamentable » : les usagers du train Bordeaux-Langon-Agen grondent les responsables de la SNCF

    Les représentants de SNCF Voyageurs et de la Région ont accepté de rencontrer des voyageurs en colère vendredi 16 février à Langon. « Nous mettons tout en œuvre pour améliorer le service », promet l’exploitant de cette ligne de plus en plus fréquentée

    Il ne faut pas oublier d’accrocher les wagons de courage et de diplomatie pour rencontrer des usagers du rail exaspérés. Surtout après une période de trois mois de dysfonctionnements récurrents sur la ligne TER 44 Bordeaux-Langon-Agen dont la fréquentation augmente de 10 % chaque année. « Je suis comme une cocotte-minute », prévient une abonnée, présente lors de la réunion de conciliation organisée vendredi 16 février à la brasserie de la gare de Langon.

    Sur les bancs des accusés : deux responsables de SNCF Voyageurs (exploitant de la ligne) et un représentant de la Région Nouvelle-Aquitaine (autorité organisatrice des transports). Une vingtaine d’usagers, la plupart abonnés et membres du collectif Déter, ont pu témoigner de « l’enfer du rail » vécu ces dernières semaines à cause des retards et suppressions de trains à répétition.

    Annulations en série

    Arriver en retard ou manquer un jour de travail à cause d’un train défaillant n’est pas un drame. Mais quand cela se répète plusieurs fois par semaine… Les lésés du TER : lycéens qui arrivent après la sonnerie, employés obligés de rattraper des heures de travail, parents qui ne peuvent pas venir chercher leur enfant à l’heure à la garderie le soir, etc.

    Les usagers ont pu lister leurs doléances devant les représentants de la SNCF et de la Région.Les usagers ont pu lister leurs doléances devant les représentants de la SNCF et de la Région.

    A. D.

    Une abonnée de Saint-Pierre-d’Aurillac s’étrangle : « Quand on vous annonce au dernier moment que les trois premiers TER de la journée sont annulés, on finit par craquer sur le quai. Le service rendu aux usagers est lamentable. » Le cahier de doléances est épais depuis trois mois.

    Les excuses de la SNCF

    Le directeur régional adjoint de SNCF Voyageurs Jérôme Attou fait profil bas : « Nous vous présentons nos excuses. » Le directeur de la ligne 44 Cyril Chanu reconnaît : « Il y a des fois où on merde (sic). » Les exploitants ferroviaires rappellent que les retards et les suppressions de trains ne s’expliquent pas uniquement par les grèves de conducteurs : « Il y a aussi les aléas climatiques, les chocs extérieurs (animaux, suicides, etc.), la dégradation des voies, les problèmes du fret et des TGV. »

    J’ai dépensé 600 euros d’essence et de péage en voiture ces dernières semaines pour compenser les suppressions de TER »

    Pas de quoi rassurer les usagers du train du quotidien : « On se fiche de savoir qui est responsable, c’est votre tambouille interne. Nous payons un abonnement, nous attendons un service derrière », fulmine un habitué de la gare de Cérons. Comme lui, certains ont participé à une grève symbolique en attendant deux minutes avant de montrer son titre de transport au contrôleur.

    Une voisine sort sa calculette : « J’ai dépensé 600 euros d’essence et de péage en voiture ces dernières semaines pour compenser les suppressions de TER. » Les usagers lésés n’ont pas touché, ou très rarement, de dédommagements malgré l’existence d’une garantie fiabilité. « Cette garantie, c’est une vaste blague », tacle une Langonnaise. La Région demande à la SNCF un geste commercial suite aux annulations en série. « Nous ferons une proposition rapidement », avance Jérôme Attou sans trop s’avancer.

    La fiabilité du train en question

    Les utilisateurs du train régional vident leur sac : manque d’arrêts dans les petites gares, correspondances difficiles à Bordeaux, absence de cars de substitution, etc. « Ma voiture vieille de 21 ans est plus fiable que vos trains », vise un habitué de la gare de Beautiran. « J’ai fait le choix du train pour des raisons écologiques mais aussi financières. Comme beaucoup de Sud-Girondins, je n’avais pas les moyens d’acheter une maison à Bordeaux, près de mon lieu de travail. Pourquoi la SNCF et la Région n’ont pas anticipé cette réalité démographique ? » complète une voisine en soufflant : « Nous souffrons d’un fort sentiment d’abandon. »

    « Les perspectives d’amélioration sont réelles », positive SNCF Voyageurs. Si ce n’est pas le cas, le prochain comité de ligne programmé à Agen le 8 avril devrait être animé.

    Pourquoi tous ces retards ?

    SNCF Voyageurs explique la forte dégradation du service sur la ligne 44 par trois raisons principales : des travaux sur la ligne, de forts coups de vent et un conflit social qui oppose conducteurs et direction. « Pourquoi ne pas nettoyer la voie avant de faire rouler les trains ? » demande un abonné. « Il y a des chutes d’arbres parfois trois jours après les tempêtes », répond SNCF Voyageurs. L’objectif des 90 % de trains à l’heure n’a pas du tout été atteint ces trois derniers mois. « Cela va beaucoup mieux depuis une semaine. 95 % des trains atteignent les objectifs. La situation sociale s’est apaisée. J’espère maintenant pouvoir tenir mes promesses et recruter de nouveaux conducteurs. Cela ne se fait pas en claquant des doigts, il y a une pénurie de main-d’œuvre au niveau national », partage le directeur de la ligne.




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