Un militant du syndicat cheminot Sud-Rail a été éborgné lors de la manifestation contre la réforme des retraites du jeudi 23 mars à Paris. D’après un délégué du syndicat, il ne recouvrera pas la vue de son œil gauche.
Un militant du syndicat cheminot Sud-Rail a été grièvement blessé à un œil, jeudi 23 mars, lors de la manifestation contre la réforme des retraites à Paris. « Le chirurgien lui a dit qu’il ne verrait plus de l’œil à gauche », a témoigné vendredi soir à l’AFP Christophe Huguet, le délégué Sud-Rail du Technicentre Sud-Est Européen, à Villeneuve et-Saint-Georges, où travaille le collègue blessé.
Les circonstances du drame ne sont pas connues avec précision. « Ça s’est passé à Paris, en tête du cortège, juste avant d'arriver à l'Opéra. On pense qu’il a reçu un éclat de grenade de désencerclement », a ajouté Christophe Huguet, qui se trouvait aussi dans la manifestation. La victime a été opérée dans la nuit et « on a reçu cet après-midi un message rédigé par lui via sa famille », a précisé le délégué syndical. Dans un tweet de soutien au collègue publié ce samedi matin, Sud-Rail Fédération a appelé « les cheminots à cesser le travail », estimant que « le gouvernement a franchi la ligne de trop ».
Un peu plus tôt dans la journée, le syndicat avait déjà dénoncé dans un communiqué « l'explosion des violences policières », en mettant en garde l’exécutif « sur sa stratégie de répression du mouvement social pour tenter de le faire taire ». Selon l'organisation syndicale, « à Paris, plusieurs militants SUD-Rail ont subi des attaques policières totalement incontrôlées et incontrôlables ».
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Le 23 mars, la mobilisation a connu un net regain de participation : 3,5 millions de manifestants en France selon la CGT, 1,09 million selon le ministère de l’Intérieur. Mais, depuis l’utilisation de l’article 49.3 et l’échec des motions de censure, la tension est à son comble dans les rues et les vidéos se multiplient sur les réseaux sociaux. En témoigne celle où un homme SDF est jeté par terre, plaqué au sol puis se voit intimer l’ordre de se relever (« Relève-toi gros lard »). Interrogé par Libération, le journaliste indépendant Paul Boyer témoigne avoir eu la main fracturée ce jeudi lors d’une intervention de la brigade de répression de l’action violente motorisée (Brav-M – les voltigeurs). Il a annoncé vouloir porter plainte.