• Gironde : un homme entre la vie et la mort après avoir reçu des coups de couteau

     

    Gironde : un homme entre la vie et la mort après avoir reçu des coups de couteau

     

    L’agression a été commise dimanche 28 avril, en milieu d’après-midi. Le pronostic vital de la victime était engagé. Deux suspects sont en garde à vue

    Deux Albanais de 23 et 24 ans sont en garde à vue depuis dimanche soir, 28 avril, au commissariat de Bordeaux pour des faits de tentative de meurtre. Le premier est soupçonné d’avoir porté plusieurs coups de couteau à un jeune homme de 19 ans avec la complicité de son cousin. L’agression a eu lieu rue Durcy à Bègles.

    Il est environ 16 h 15 ce dimanche 28 avril lorsque les deux Albanais invectivent un groupe de jeunes dans la rue au pied d’un immeuble HLM. Le ton monte et les deux hommes descendent pour un face-à-face qui tourne vite au pugilat. Des coups de poing sont échangés, mais très vite l’un des Albanais sort un couteau et en porte cinq ou six coups dans le dos de la victime qui est très grièvement blessée. Les secours sont alertés et évacuent cette dernière au CHU dans un état jugé très préoccupant. Son pronostic vital était engagé.Pendant ce temps, l’auteur présumé de l’agression et son cousin disparaissent. Ils seront localisés et interpellés très rapidement par la police alors qu’ils s’apprêtaient à prendre le train en gare Saint-Jean vraisemblablement pour rejoindre la Belgique où réside leur famille. L’enquête a été confiée à la division de criminalité territoriale (DCT). Les investigations sont en cours.


  • Traite d’êtres humains dans les vignes : en Gironde, la justice s’est saisie du phénomène

    Traite d’êtres humains dans les vignes : en Gironde, la justice s’est saisie du phénomène

    Ces derniers mois, le tribunal de Libourne a prononcé deux condamnations dans des affaires de traite d’êtres humains dans le vignoble. Une première. D’autres dossiers seront bientôt jugés. Une manière de mettre la pression sur les sociétés de service qui participent à un système bien rodé

    Trois ans de prison dont deux avec sursis, c’est la peine prononcée en mai 2023 par le tribunal judiciaire de Libourne à l’encontre d’un Marocain, installé de longue date en France et patron de deux entreprises de prestations de service dans les vignes du Grand Libournais, reconnu coupable de traite d’êtres humains à l’égard d’étrangers. Au-delà de la peine, c’est la condamnation que les politiques, le milieu viticole et le parquet retiennent. Une première.

     

    D’autres dossiers ont suivi : en octobre, sept personnes ont été interpellées à Castillon-la-Bataille, Saint-Émilion et Capian toujours pour traite d’êtres humains et, au printemps 2024, deux grosses affaires ont été renvoyées à l’automne pour des raisons de procédure. Autant de mises en garde pour les employeurs malhonnêtes, d’autant que la parole se libère peu à peu.  « C’est loin d’être des dossiers habituels. On a mis longtemps à ce que les plaignants se considèrent comme victimes. C’est tout un processus », livre Élodie Blier, vice-procureure à Libourne, en charge de ces dossiers qui émergent. « Enfin », diront certains car si ces procédures sont récentes, le phénomène existe depuis bien longtemps.

    Un système de dépendance

    « Ce qui a changé, c’est qu’on arrive à sortir des procédures », constate Élodie Blier. L’une des particularités de la traite, c’est que les victimes n’ont souvent pas conscience d’en être. « Il y a la peur du gendarme, la peur d’être renvoyé, l’espoir que la situation va s’arranger et cette histoire du contrat payant », analyse la magistrate. Les victimes, originaires quasi exclusivement du Maroc, déboursent en effet de l’argent contre la promesse d’un CDI de trois ans, d’un hébergement et d’une carte de séjour. Son coût : de 10 000 à 12 000 euros pour la France, contre 6 000 euros pour l’Italie ou 14 000 euros pour l’Allemagne. Certains vendent des terres, d’autres font appel à la solidarité familiale. « Ça les empêche moralement de revenir en arrière. C’est un peu la honte de s’être fait avoir. »

    « On a mis longtemps à ce que les plaignants se considèrent comme victimes »

    En mai et octobre 2023, deux dossiers liés à des affaires d’exploitation par le travail dans le milieu agricole ont abouti à des condamnations.En mai et octobre 2023, deux dossiers liés à des affaires d’exploitation par le travail dans le milieu agricole ont abouti à des condamnations.

    Philippe Belhache

    Car si les contrats saisonniers leur permettent bien de rentrer légalement sur le territoire avec une carte les autorisant à travailler, les victimes sont d’emblée dépendantes. « C’est l’employeur qui donne son adresse, c’est lui qui fait les démarches pour renouveler les papiers… », indique Marie, éducatrice de l’association bordelaise Relais urbain d’échanges et de lutte contre l’exploitation (Ruelle), qui a contribué à l’émergence de la première affaire du genre en Libournais. Quant aux contrats, ils durent la plupart du temps de quatre à six mois, avant de basculer vers une exploitation à des taux horaires indécents, quand il y a salaire, avec toute une illégalité qui se met en place aussi bien du côté de l’employeur, le prestataire de services, que des victimes, contraintes d’accepter des conditions de vie indignes faute de papiers en règle et se laissant aller parfois à de menus larcins pour survivre.

    Des condamnations encore rares

    À l’association Ruelle, en 2023, les cas d’exploitation par le travail concernaient 50 % du public reçu. « Depuis deux ans, c’est devenu le plus gros de notre travail », relate Marie. En 2023, l’association a ainsi suivi 21 procédures pour 46 personnes victimes. Créée en 2011, elle a réussi à créer un véritable réseau de partenaires de confiance. Aussi bien du côté des Cellules opérationnelles de lutte contre les trafics (Colt), que du côté des hébergeurs d’urgence, indispensables pour extraire les potentielles victimes lorsqu’elles se décident à parler. « L’objectif, c’est d’être rapide et de gagner en efficacité », explique l’éducatrice. Charge au parquet ensuite de caractériser l’exploitation par le travail. « Toutes les situations ne rentrent pas dans cette case. Notre rôle, c’est justement d’être le plus rigoureux possible », éclaire Élodie Blier. Un statut favorable est en effet offert aux victimes qui obtiennent une carte de séjour le temps de la procédure. Et si condamnation il y a, une carte de séjour est accordée aux parties civiles et à leur famille. Une information qui a rapidement circulé par le bouche-à-oreille, d’où une nécessaire justesse. La difficulté étant de caractériser ces délits pour lesquels peu de traces écrites existent. « C’est tout l’intérêt d’avoir plusieurs victimes qui racontent la même chose », souligne la magistrate.Les condamnations restent encore rares. « Grâce aux récents dossiers libournais et ceux à venir, une jurisprudence va commencer à s’installer », indique la vice-procureure. En la matière, Libourne et sa région sont considérées comme un laboratoire expérimental et un territoire précurseur.





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