« L’objectif est de ne pas être mis un jour sous tutelle de la préfecture. » Jean-Luc Gleyze, n’a pas peur des mots. Y compris ceux qui font peur. Le président du Département de la Gironde assure qu’il est à la tête d’une collectivité « au bord de l’asphyxie ». Il faut dire que le budget 2023 s’est soldé sur une perte de 150 millions d’euros sur un montant de 2,1 milliards. « Nous avons des recettes en baisse et des dépenses en hausse, l’effet ciseaux est acté. » Les rentrées d’argent du Département proviennent en effet de deux sources, les dotations de l’État qui sont fixes et les recettes dites dynamiques liées à la TVA, à la TICPE [taxe sur les produits pétroliers; NDLR] et les droits de mutation (DMTO) issus des transactions immobilières (frais de notaire).
Après une année 2022 exceptionnelle où les droits de mutation ont rapporté 550 millions d’euros sur 2 milliards d’euros de budget, la Gironde a dû faire face à une baisse de 140 millions en 2023, à la suite de l’effondrement du marché immobilier. Accusé de ne pas avoir anticipé cette chute des recettes, le président se défend. « On savait qu’il fallait faire plus de réserves sur les droits de mutation, mais c’est compliqué. Quand on accueille 1 000 collégiens de plus chaque année, il faut investir. »
70 à 150 millions d’euros d’économies
Le Plan collèges pourrait être revu à la baisse avec un ou deux établissements qui ne sortiraient pas de terre.
Après quelques mois d’exercice, le budget primitif pour 2024 voté en février ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices. Le Conseil départemental table sur 2,2 milliards d’euros. Mais dans le contexte actuel, même si la baisse des droits de mutation ralentit, il va falloir se serrer la ceinture. Chaque semaine, le président du Département étudie avec attention les courbes d’évolution des finances et ce qu’il voit le fait grimacer. « Nous allons devoir faire des économies dans l’exécution budgétaire de l’ordre de 70 à 150 millions d’euros, en fonction des recettes. » Car les dépenses contraintes liées aux missions de solidarité, comme le versement de l’Allocation personnalisée d’autonomie (APA) aux personnes âgées ou le RSA sont, elles, en hausse.
En fin d’année dernière, Jean-Luc Gleyze a invité les présidents de l’Association des maires, des maires ruraux, de la Métropole, de la Région à se réunir pour réclamer les moyens nécessaires à l’autonomie politique.