• Armement de la police municipale à Bordeaux : la droite et l’extrême gauche demandent un référendum

    Armement de la police municipale à Bordeaux : la droite et l’extrême gauche demandent un référendum

     

    Armement de la police municipale à Bordeaux : la droite et l’extrême gauche demandent un référendum

    En écho à la violente rixe du dimanche 29 septembre à Saint-Michel, le Conseil municipal de Bordeaux s’est saisi du sujet sécurité, et plus particulièrement de l’armement de la police municipale

    « Choquant », « surréaliste », « un cap a été franchi ». À chacun ses qualificatifs pour parler des échauffourées du dimanche 29 septembre dans le quartier Saint-Michel. Cette rixe entre bandes rivales sur fond de trafic de stupéfiants a transformé le conseil municipal de Bordeaux de ce mardi 1er octobre en caisse de résonance de l’émotion suscitée en ville en ce début de semaine. Le sujet ne figurait pas à l’ordre du jour, mais les oppositions ont pris des chemins buissonniers pour aborder les questions liées à la sécurité et l’une de ses excroissances : l’armement de la police municipale. Une option qui figurait dans les revendications des agents bordelais dans le cadre d’un droit d’alerte sociale déposée cet été. « Sur l’armement, vous n’avez pas réagi. J’y vois une raison : nous ne sommes pas construits pareil, nous n’avons pas les mêmes diagnostics, pas les mêmes visions », assure Nicolas Florian. Il lance au maire Pierre Hurmic : « Si vous avez un problème de conscience, organisez un référendum d’initiative locale. »

    « Pas la recette miracle »

    Fabien Robert (MoDem), qui fut son premier adjoint, précise : « L’armement, ce n’est pas la recette miracle contre la délinquance. Nous ne dirons jamais cela. Mais c’est un signal envoyé à ceux qui ne se reconnaissent pas dans les règles de la République. Paris a fait un référendum pour les trottinettes, nous pouvons le faire à Bordeaux pour un sujet bien plus grave. Faites comme pour la vidéoprotection : vous étiez contre, vous avez multiplié les caméras. L’urgence, c’est d’agir. Je forme le vœu que ça aille vite. »

    Lors de sa conférence de rentrée, Pierre Hurmic expliquait qu’il allait prendre une décision sous peu. Interrogé ce lundi 30 septembre, il expliquait être toujours en train de « maturer ». Sans se ranger derrière l’idée d’un référendum, Catherine Fabre, du groupe d’opposition Renouveau Bordeaux, veut ouvrir le débat sur l’armement et réclame « un virage. Il faut cesser d’attendre, il faut sortir des positions dogmatiques et regarder la réalité. La sécurité se dégrade et on n’arrive pas à mettre plus de policiers municipaux dans les rues. »

    « Délires sécuritaires »

    Le débat dessine une fracture avec l’opposition d’extrême gauche. Philippe Poutou s’emporte contre « les délires sécuritaires. Je suis écœuré par ces discours. Il faudrait plus de police ! C’est une absurdité, cela fait des années qu’on a plus de police, la situation ne s’arrange pas. Il faut prendre à bras-le-corps la question sociale. On se fait bouffer par des discours ultra-violents, ‘‘ultra-réacs’’. C’est une évolution dangereuse ».

    « La lutte contre la délinquance, le trafic de stupéfiants, c’est la responsabilité de l’État, pas de la police municipale »

    Myriam Eckert estime que « l’armement crée de l’insécurité. Nous avons besoin de policiers pacificateurs, pas une surenchère dans la violence ». Elle interpelle le maire : « Vous dites que la sécurité est la première des libertés. Il est écrit dans la Constitution que l’État doit garantir notre sûreté. Ce genre de glissements est dangereux. » Et de rallier la position de Nicolas Florian, mais pour d’autres raisons : « Tous ici, nous sommes mal élus, avec 60 % d’abstention. Il serait responsable de savoir ce qu’attendent les Bordelais avec un référendum d’initiative locale. »

    Doctrine

    Côté majorité, l’idée du référendum ne tient pas la corde. Pierre Hurmic s’agace : « Sur les événements de Saint-Michel, certains essaient de faire un lien avec la police municipale et l’armement. Mais il n’y en a pas ! Le maintien de l’ordre est une compétence de l’État partagée. La lutte contre la délinquance, le trafic de stupéfiants, c’est la responsabilité de l’État, pas de la police municipale. » Depuis le début du mandat, le maire se montre tatillon sur la répartition des rôles entre policiers nationaux et municipaux. Marc Etcheverry, adjoint à la sécurité, prend le relais, non sans avoir loué « la grande qualité du travail de nos services au quotidien. La preuve que nous savons avancer sans idéologie sur le sujet de la sécurité ».

     

    Il décoche quelques flèches à l’opposition (de droite) : « Nous sommes rattrapés par la politique du fait divers, cela alimente le brouhaha médiatique. Nous sommes en responsabilité depuis quatre ans, nous payons les pots cassés du sous-investissement dans la police municipale, avec des effectifs clairement pas au niveau pour une ville de cette taille. » L’adjoint assène : « Vous traitez le sujet de façon restrictive et lacunaire. Vous abordez le sujet par l’équipement. C’est mettre la charrue avant les bœufs. On veut sortir par le haut, bâtir une réponse construite. Nous travaillons un plan de transformation de notre police municipale en mettant en place une doctrine d’emploi. Cela n’a jamais été fait. Après, il y a les missions, la répartition des compétences, l’organisation puis viendra ensuite l’équipement. » Pas de réponse à chaud sur un débat brûlant.

     

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