• Fatbike, speed bike… Quels sont ces nouveaux vélos qui déboulent à Bordeaux ?

    Fatbike, speed bike… Quels sont ces nouveaux vélos qui déboulent à Bordeaux ?

     

     

    Fatbike, speed bike… Quels sont ces nouveaux vélos qui déboulent à Bordeaux ?

     

    Sur les routes, ils ne passent pas inaperçus. Depuis plusieurs années, les fatbikes, ces vélos électriques aux pneus taille XXL et aux allures de moto, se généralisent sur les pistes cyclables, entraînant un esprit de communauté et d’identification de la part de leurs usagers, mais flirtant parfois avec l’illégalité

    Les cyclistes bordelais se servant de leurs jambes pour pédaler sur les pistes cyclables se sont sûrement déjà demandé ce que sont ces engins à deux roues, les dépassant à toute allure sans aucun effort. Roues extra-larges, fourche plutôt longue, guidon « bobber », phare rond unique : non, il ne s’agit pas de nouvelles motos produites par Harley-Davidson ni de mobylettes, mais bien de vélos. Répondant au nom de « fatbikes » et essentiellement électriques, ils fleurissent depuis quelques années sur les routes urbaines de la capitale girondine.

     

    « On appelle ‘‘fatbike’’ tous les vélos qui ont des pneus faisant plus de 4 pouces de largeur », expose Romain Tywoniuk, responsable du magasin bordelais et fabricant girondin spécialisé Unikride. Venant à l’origine du Canada et du VTT, le fatbike servait à se déplacer aisément dans la neige sans trop de danger. « Il a ensuite été importé sur les plages de la côte landaise par les surfeurs pour rouler dans les sentiers des forêts jusqu’aux plages, et maintenant, il arrive en ville. »

    Communauté

    « Ce que recherchent les gens avec nos vélos, c’est une conduite très souple, pour rouler sur les pavés sans sentir les imperfections de la route. Ils sont bien plus confortables que des vélos classiques, même électriques », développe le gérant. Du « Beach cruiser » à l’esprit californien au vélo-cargo plus familial, en passant par la simili- « chopper », Unikride propose une large gamme, imaginée, conçue et assemblée à Izon en Gironde, les pièces étant fabriquées en Malaisie. Il faudra compter entre 2 500 et 3 500 euros de budget pour s’en procurer un modèle. « La plupart de nos clients ont déjà des vélos ‘‘classiques’’ mais veulent quelque chose de plus fun. Ce ne sont clairement pas des motards qui cherchent à remplacer leur moto. »Les fatbikes sont tous soumis à la réglementation des VAE : une assistance électrique maximale allant jusqu’à 25 km/h et une puissance moteur de 250 watts.

     

    D’ailleurs, tout l’imaginaire « biker », jusqu’aux fameux clubs qui traversent les États-Unis depuis les années 1950, tend à inspirer ces cyclistes d’un nouveau genre. Anthony et Cédric, confortablement installés sur leur bécane, ont monté l’année dernière la « Super Squad Bordeaux », une « squad » (ou « équipe » en français) dans laquelle ils se retrouvent pour des « rides » en bande. Seule prérogative pour y entrer : avoir un fatbike de la marque américaine Super73.

    « J’ai habité plusieurs années au Canada », raconte Anthony, qui travaille dans l’informatique. « Je voyais là-bas beaucoup de groupes se réunir avec ce type de vélo. Quand je suis revenu en France, je voulais retrouver cet esprit de communauté, faire des rencontres, découvrir des coins en ‘‘ridant’’. » Et tout ça, avec style. D’ailleurs, les engins des deux amis n’ont plus vraiment leur allure d’origine. « On a un peu tout customisé, détaille Cédric. Le guidon, la selle… Les pneus sont en 4,5 et 5 pouces, ils sont plus fat que fat ! »

    Comme les « choppers », de nombreux fatbikes sont customisés.

    Dérives

    Pourtant, à l’instar des trottinettes électriques, la démocratisation de ces fatbikes engendre inévitablement des dérives sur les pistes cyclables, avec des cycles pas toujours légaux, filant à une vitesse au-delà de celle autorisée. La réglementation est pourtant assez claire : tout comme la majorité des vélos électriques, les fatbikes sont en réalité des vélos à assistance électrique. Cette dernière aide le cycliste jusqu’à une vitesse maximale de 25 km/h, et la puissance du moteur électrique est restreinte à 250 watts.

    Au-delà, les machines, appelées « speed bikes », sont considérées comme des « cyclomoteurs ». Elles doivent donc être immatriculées et ne plus emprunter, comme les scooters, les pistes cyclables. Toutefois, bon nombre d’usagers et de livreurs à domicile usent et abusent du débridage – une pratique interdite – permettant à l’assistance de dépasser cette vitesse maximale.

    Les modèles de fatbikes d’Unikride sont assez variés, allant du style moto à celui du VTT et du vélo-cargo.Les modèles de fatbikes d’Unikride sont assez variés, allant du style moto à celui du VTT et du vélo-cargo.

    A. B.

    Cédric et Anthony jurent, eux, ne pas avoir débridé leur vélo, « même s’il existe une application qui débloque la pleine puissance du moteur, pour l’utiliser sur terrain privé », confie le premier. « Le cœur du problème, ce ne sont pas les vélos, plutôt les inconscients qui font n’importe quoi avec. C’est comme une voiture avec un gros moteur, c’est le conducteur le souci. » Même son de cloche chez Unikride où toutes les bicyclettes sont bridées. « La personne qui souhaite débrider son vélo pourra toujours le faire, c’est assez facile, admet Romain Tywoniuk. Mais on ne le conseille vraiment pas, puisque ça use beaucoup plus vite la batterie et notre garantie va automatiquement sauter. »

    De son côté, la mairie de Bordeaux reconnaît le potentiel risque accidentogène. « On peut encore se demander si c’est de la mobilité douce », lance Marc Etcheverry, adjoint au maire chargé de la sécurité. « On pousse l’usage du vélo, mais nous devons rentrer dans une phase de cohabitation avec les autres usagers et les piétons. » La police municipale pourrait dans les mois à venir généraliser des opérations ciblées de prévention, de dissuasion et de… sanction.

     

     
     
     
     
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