• «C’est chez moi et pourtant on me fiche à la porte» : à Rosny, les expropriés du Grand Paris

    «C’est chez moi et pourtant on me fiche à la porte» : à Rosny, les expropriés du Grand Paris

    Par Romain Boulho, Photos Denis Allard 2 janvier 2021 à 10:20
    Fabienne et Jean-François Boullet dans le quartier de la rue Philibert Hoffmann, à Rosny-sous-Bois, le 29 décembre. Vingt-cinq propriétaires doivent être expropriés de leur domicile pour le chantier de la future ligne 15. Photo Denis Allard pour Libération

    Dans la commune de Seine-Saint-Denis, 25 propriétaires sont forcés à déménager par la Société du Grand Paris. Pour beaucoup, ces maisons représentent des décennies de souvenirs.

    Joëlle Béauce foule de ses pantoufles son jardin plein d’eau et de feuilles mortes. Elle resserre sur elle sa robe de chambre épaisse, montre ses arbres fruitiers. «Ils vont être rasés.» Son cerisier «peut-être centenaire», qui donne «peut-être des Napoléon», ces fruits charnus et bicolores, elle ne sait pas exactement. Son figuier, qui livre ses fruits deux fois dans l’année, en juin et en septembre. Et puis le pêcher, l’abricotier et d’autres encore. Ce n’est qu’un bout de jardin, avec une balançoire jaune et verte, «trois chiens enterrés», un carré de terrasse où sa fille adorait petit-déjeuner, déjeuner, prendre le soleil. «C’est pas grand-chose mais…» Joëlle Béauce parle en bribes.

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    Comme 25 propriétaires de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), elle a reçu au cœur de l’été une lettre, «même pas recommandée». Une lettre qu’on ne prend pas au sérieux, qu’on lit d’un trait, «sans y croire».

     
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