Comment expliquer cette érosion ? « La peur a amené des démissions. Il y a eu aussi des ruptures conventionnelles, des licenciements. » En 2023, la mise en place d’un accord CAA (Cessation anticipée d’activité) a permis à 107 salariés de partir en préretraite anticipée, environ quatre ans avant l’âge légal. Dernièrement, un nouvel accord CAA a été signé. Qui devrait concerner plusieurs dizaines de personnes supplémentaires. « Entre 30 et 50. Le chiffre exact n’a pas été communiqué », livre Régis Labasse. Au-delà du nombre, ce dernier s’inquiète pour les pertes de compétences.
Un marché en crise
Les chaînes de MMT-B continuent de produire des boîtes de vitesses manuelles Mx65 destinées aux véhicules de la marque Ford (Focus et Puma). Le contrat court jusqu’à fin 2026. Et ensuite ? Rien n’est moins sûr. « On a appris que le constructeur américain allait peut-être prolonger, mais on attend toujours confirmation, signale le délégué FO. Va-t-on rester sur une transmission manuelle ou basculer sur une boîte de vitesses automatique pour l’électrique ? Là encore, aucune précision. » Raphaël Pellon et Lionel Gaillard, respectivement délégués CFDT et CGT et membres du CSE n’oublient pas que le marché de l’automobile va mal en ce moment : « Volkswagen veut fermer des usines en Allemagne. Ford annonce la suppression de 4 000 postes en Europe et les constructeurs français ne sont pas au mieux. Pour quelle raison on donnerait du boulot à MMT-B alors que ça coince partout ? », résument-ils, perplexes.
« Je ne voudrais pas que cela finisse comme à côté, par une démolition et un terrain de cailloux »
En outre, les essais de diversification n’ont pas été concluants jusqu’à présent. Un partenariat exclusif avec la start-up Wattpark devait déboucher sur la fabrication de 100 000 bornes de recharge par an dès 2024. Seules quelques centaines sont effectivement sorties. « Après avoir investi plusieurs millions d’euros dans une chaîne de montage, la production est aujourd’hui en stand-by. » La fabrication en série du robot-tondeuse autonome Vitirover n’est guère plus dynamique. « L’objectif n’était pas absurde. Il était de démontrer qu’une entreprise mono-produit était capable de se diversifier. On a la place et le savoir-faire. Malheureusement, le développement commercial des sociétés partenaires n’est pas au rendez-vous », déplorent les représentants syndicaux.
Prêt de 20 millions
D’autres projets de diversification (usinage et assemblage de pièces) se profilent avec Erdrich (production de baladeurs pour Mercedes) courant 2025, et Aisin (production de pignons et de couronnes pour BMW) à l’horizon 2026. Reste que le nombre d’emplois générés par ces activités complémentaires est loin de correspondre à la masse salariale existante.
Les derniers échanges avec Markus Wermers, directeur de FerrAl United, le groupe de sociétés au sein duquel se trouve MMT-B, et André Calisti, DRH de Mutares, n’ont pas permis de rassurer les syndicats sur le cap suivi. Notamment par rapport à un prêt de 20 millions d’euros assuré par MMT-B au profit de FerrAl United pour soutenir financièrement d’autres entités du groupe. « Nous n’avons aucune garantie de récupérer cette somme », plaide Régis Labasse, qui poursuit : « On est passé ici de 3 600 employés entre les deux usines (Ford Aquitaine Industries et Getrag à l’époque) à 458 en l’espace de dix ans. Je ne voudrais pas que cela finisse comme à côté, par une démolition et un terrain de cailloux. »