• Kamala Harris ou Donald Trump ? Quand la Chine examine avec attention les deux candidats à la Maison-Blanche

    Donald Trump ou Kamala Harris, sur quel candidat mise la Chine ?

    Donald Trump ou Kamala Harris, sur quel candidat mise la Chine ?
    Shutterstock/SIPA - Arizona Republic-USA TODAY NETWO/SIPA

    Kamala Harris ou Donald Trump ? Quand la Chine examine avec attention les deux candidats à la Maison-Blanche

    D’un côté, Donald Trump et ses coups de menton en direction de Pékin. De l’autre, Kamala Harris avec un discours plus mesuré à l’endroit du grand rival asiatique. Comme souvent entre les deux grands de ce monde, la réalité semble plus compliquée que les postures de campagne. Sous sa présidence, l'ex-président républicain a négocié. Quant à la vice-présidente, s’inscrira-t-elle dans la lignée de Joe Biden, plus dur que son devancier républicain sur les questions commerciales et sur les droits de l’Homme ? Ce sont les questions que se pose Laure Pallez, directrice associée du cabinet de conseil Mascaret, ancienne élue des Français de l’étranger à Shanghai et en Floride.

     

    « Les États-Unis sont une puissance du Pacifique et ils y sont pour de bon », déclarait, en 2011, Barack Obama, alors président des États-Unis, pour défier la Chine. Il a été l’initiateur du Partenariat transpacifique (TPP), ce traité multilatéral de libre-échange dans l’Indo-Pacifique qui excluait la Chine, selon la stratégie dite de containment (« endiguement »). Alors qu'il avait été signé le 4 février 2016, les États-Unis s’en retirent en 2017 : il s'agissait d'une promesse de campagne de Donald Trump.

    Si la relation entre les États-Unis et la Chine a pu apparaître à la fois frontale et sujette à multiples transactions sous la présidence Trump, c’est sous l’administration Biden que le contrôle des exportations américaines vers la Chine s’est durci. Pendant un temps, il ne s’agissait plus de dissocier l’économie américaine de l’économie chinoise, mais de réduire le risque d’exposition dans quatre secteurs stratégiques, c’est-à-dire développer un plan B pour l’approvisionnement des produits pharmaceutiques, les minerais rares, les batteries et les semi-conducteurs.

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    Aux États-Unis, la perception générale de la Chine des deux côtés de l’échiquier politique est passée en moins de cinq ans de gros client à grande menace. Les démocrates ont adopté la responsabilisation pour violation des droits humains avec la loi américaine sur la prévention du travail forcé des Ouïghours en 2022 et mené l'offensive économique avec la hausse des droits de douane sur les produits chinois. Côté Républicains, les réponses de Washington vis-à-vis de Pékin varient mais sont toujours conflictuelles.

    Kamala Harris cherchera à poursuivre la politique de l'administration Biden visant à responsabiliser la Chine pour ses violations des droits de l'homme et ses pratiques économiques jugées déloyales. Avec un bémol : elle est influencée par ses conseillers, notamment Philip Gordon, qui prône une approche pragmatique, différente de la confrontation directe observée sous Joe Biden.

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    La campagne de Donald Trump met l'accent sur la réduction du déficit commercial américain et la protection des industries américaines. S'il est réélu, Donald Trump devrait accentuer les mesures tarifaires et les restrictions technologiques contre la Chine, notamment dans le champ des semi-conducteurs​. On le constate partout : la géopolitique s’invite de plus en plus sur le plan intérieur, aux États-Unis comme ailleurs, et chaque camp joue sa partition internationale avec cet enjeu en tête.

    Le climat : une note d’espoir ?

    Si les droits humains et le commerce mondial semblent être des facteurs de tension entre les deux pays, la question environnementale devrait pourtant fédérer les nations. Les rivaux pourraient bien coopérer sur la question climatique si elle est perçue comme une menace commune et pouvant générer des gains communs… en tout cas, c’est désormais la stratégie de Pékin qui observe de près les accords de Paris sur le climat dans une démarche multilatérale.

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    Or, pour élargir sa base électorale, Kamala Harris semble ne plus donner la priorité à la question climatique en déclarant par exemple qu'elle ne bannirait pas la fracturation hydraulique. Tendance de fond au sein du Parti démocrate ou une simple stratégie de campagne pour l'élection de 2024 ? En conclusion, aujourd’hui, aucun des deux pays ne semble vouloir une guerre avec l’autre ni de découplage complet : chacun sait que nul ne surpassera l’autre. On est donc entré dans une phase de « coopétition », une forme de stabilisation dont la durée est difficile à mesurer. Et alors que la sécurité nationale reste la plus grande menace à la coopération verte entre les États-Unis et la Chine, le discours environnemental jouera probablement contre le découplage entre les États-Unis et la Chine. C’est en tout cas le pari de Pékin.

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