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"Les salafistes, c'est un peu Adolf Hitler avant 1934"
"Les salafistes, c'est un peu Adolf Hitler avant 1934"
Samedi 11 Février 2017 à 12:00Propos recueillis parCodirecteur de l'Observatoire des radicalisations, Pierre Conesa a décrypté la propagande de Daech. Il réfute la thèse d'un salafisme paisible et prône une plus grande fermeté des poursuites pénales contre tous les discours de haine. Interview.Pierre Conesa ne croit pas que la salafisme puisse être "quiétiste". - IBO/SIPAL'ex-haut-fonctionnaire Pierre Conesa codirige l'Observatoire des radicalisations. Il prône une plus grande fermeté des poursuites pénales contre tous les discours de haine et l'expulsion de tous les imams suspects d'incitation au djihad.
Marianne : Avec les chercheurs François-Bernard Huyghe et Margaux Chouraqui, vous avez décrypté la propagande francophone de Daech. Quelles pistes en tirez-vous pour la lutte antiterroriste ?
Pierre Conesa : Daech communique en 11 langues différentes. Notre but était de comprendre comment sa propagande est construite à l'usage des francophones. Le type de discours articulé pour faire venir les gens s'appuie sur le sentiment de justice, le sentiment de révolte et le besoin d'évasion. Il offre à un individu en dérive un kalachnikov, une femme et une maison. Avec les filles, il joue sur l'idée que l'homme, là-bas, est un protecteur viril qui joue sa vie pour une cause. Cette propagande à champ large explique la variété sociologique du recrutement.
Quelle riposte leur opposer aujourd'hui ?
Il ne sert à rien d'imaginer une censure sur Internet. C'est un débat futile, car la contre-propagande publique est discréditée. Il faut reprendre le problème à l'envers. C'est en démantelant les cellules souches qu'on arrivera à lutter vraiment contre le terrorisme. Nous devons avoir une politique systématique de poursuites pénales contre tous les discours de haine, une politique d'expulsion d'imams. Le salafisme quiétiste est une thèse trompeuse. Les salafistes, c'est un peu Adolf Hitler avant 1934 ! Oui, je suis pour une politique de déchéance de la nationalité. Car le problème crucial, c'est le réseau de celui qui a commis l'attentat.