• Mérignac : des salariés de l’Ehpad Les Parentèles dénoncent une « maltraitance institutionnelle »

    Mérignac : des salariés de l’Ehpad Les Parentèles dénoncent une « maltraitance institutionnelle »

     

    Mérignac : des salariés de l’Ehpad Les Parentèles dénoncent une « maltraitance institutionnelle »

    Le changement de huit directions en deux ans et demi, les problèmes de sous-effectif, le manque de matériel et la dégradation de l’état des résidents ont poussé les salariés de cet Ehpad à faire grève depuis le vendredi 20 septembre

    Après deux grèves en 2022, des salariés de l’Ehpad Les Parentèles, à Mérignac, sont de nouveau en grève depuis vendredi 20 septembre pour dénoncer leurs conditions de travail. Devant l’entrée de cet établissement spécialisé pour les malades d’Alzheimer, inauguré en 2017, les pancartes témoignent du mal-être des salariés et des résidents. « Dénutrition, manque d’hygiène, repas inadaptés, déshydratation, sous effectif chronique, locaux délaissés, insécurité des résidents », est-il inscrit sur l’une d’entre elles.

    La vingtaine de salariés grévistes, sur la cinquantaine d’employés au total, se plaint surtout d’un manque d’effectif et se dit épuisée. « Ici, chacun doit faire le boulot de tout le monde. La direction veut rouvrir un secteur, avec le même nombre de salariés, alors que certains jours, nous sommes à moins sept sur le planning », assure Guillaume (1), aide soignant et membre du CSE.

    Sur le même sujet
    Bordeaux. « Du mieux pour les vieux » : en déambulateur et fauteuil roulant, ils réclament des moyens à Michel Barnier
    Bordeaux. « Du mieux pour les vieux » : en déambulateur et fauteuil roulant, ils réclament des moyens à Michel Barnier
    Dans le cadre d’une mobilisation nationale, portée par 18 fédérations du grand âge, des résidents d’Ehpad étaient ce mardi 24 septembre dans la rue, partout en France, et notamment à Bordeaux. Ils portent une revendication qui s’adresse au nouveau gouvernement : des moyens pour les personnes âgées

    Turnover

    « Parfois, il n’y a qu’un seul aide-soignant pour 14 résidents. On n’a pas le temps de s’occuper de tout le monde et on a même l’impression d’être maltraitants envers eux, malgré nous », ajoute-t-il. Les salariés dénoncent une « maltraitance institutionnelle » qui touche à la fois les résidents et les salariés. Les malades d’Alzheimer peuvent se retrouver seuls en pyjama à 14 heures, désorientés dans les couloirs, selon leurs dires. « Même les familles, qui payent pourtant 4 000 euros par mois, se plaignent du traitement de leurs proches. Mais ils comprennent la situation et nous soutiennent », selon Julie (1), aide-soignante.

    Ils regrettent également un manque de considération, de dialogue et de transparence avec la direction, qui a changé à huit reprises en deux ans et demi. « Depuis l’arrivée de la dernière directrice, en juillet, il y a beaucoup de turnover », assurent-ils.

    Selon eux, les conditions de travail se sont dégradées depuis l’arrivée du groupe Domidep en tant qu’actionnaire majoritaire (le groupe Almage est devenu minoritaire) et d’une nouvelle directrice « en phase avec la stratégie de ce groupe ». « On a appris lors d’une réunion que l’Ehpad n’était plus un centre Alzheimer mais une maison de retraite médicalisée, pour faire entrer plus de personnes. On voit des malades arriver avec des pathologies lourdes, alors que nous n’avons pas le matériel pour nous en occuper », prennent-ils en exemple.

    Agression sexuelle et rapport

    Dans ce contexte déjà pesant, une résidente a été agressée sexuellement par un employé en CDI en mai 2023, selon nos informations. Ce dernier a été licencié et une plainte a été déposée rapidement par l’établissement. Même si cette affaire n’est pas évoquée dans le mouvement de grève actuel, « elle a affecté le moral des salariés. Beaucoup sont partis depuis », raconte Julie.

    En parallèle, une inspection du Département et de l’ARS menée en mai 2023 pointait dans son rapport « une instabilité liée au changement régulier de direction et une pénurie de personnel, car cet Ehpad demande des moyens humains supplémentaires en raison de sa structure ». Pourtant, la directrice Yélise Yapmis a répondu par écrit que « le nombre de salariés est supérieur à celui en vigueur dans ce type d’établissement » et que le dialogue a « toujours été maintenu », sans s’attarder sur les accusations de maltraitance. Le CSE extraordinaire du mardi 24 septembre n’a abouti à aucun compromis.

    (1) Les prénoms ont été modifiés.

     

     
     
     
     

     

    « Agriculture : la Coordination rurale et les antispécistes s’opposent à l’abattoir LDC de BazasHandicap : 6 millions de personnes gênées dans leurs déplacements en France, Bordeaux cherche des solutions »