• Pourquoi les Français ont peur qu’on leur pique leur Doliprane

    Pourquoi les Français ont peur qu’on leur pique leur Doliprane

     

    Pourquoi les Français ont peur qu’on leur pique leur Doliprane

     

    Le Doliprane vendu aux Américains ? La perspective affole les Français : le médicament à la boîte jaune est le plus consommé de France. Que représente cet antidouleur, anti-fièvre dans notre vie quotidienne ? Décryptage avec Mathieu Molimard, pharmacologue au CHU de Bordeaux

    C’est presque un totem de notre société contemporaine : 415 millions de boîtes de Doliprane sont vendues chaque année en France. Pourquoi à ce point ?

    C’est simple, cet attachement est lié au fait que c’est un médicament dont on ressent les bénéfices, sans discuter. Il est efficace pour faire tomber la fièvre et calmer la douleur. Il est adapté pour les bébés, les enfants et les adultes. En effet, il est le médicament le plus vendu chaque année en France, 415 millions de boîtes achetées, pour autant le paracétamol est un médicament très populaire partout dans le monde.

    À partir de quand le paracétamol est devenu le médicament-référent en France ?

    Dans les années 1980 en France, nous avons basculé de l’aspirine au paracétamol, le Doliprane s’est imposé en une décennie. Avant, l’aspirine était l’antipyrétique et antalgique de première intention, il existait alors une alternative, la phénacétine, analgésique retiré du marché en 1983 car pouvant générer des pathologies rénales parfois graves. Cette phénacétine a été remplacée par le paracétamol, son métabolite, plus fiable, présentant moins d’effets indésirables.

    Le professeur Mathieu Molimard est pharmacologue au CHU de Bordeaux.Le professeur Mathieu Molimard est pharmacologue au CHU de Bordeaux.

    I. C. / SO
    « Comme tout médicament, le Doliprane n’a rien d’inoffensif, il doit être consommé avec raison »

    Pourquoi préférer le paracétamol à l’aspirine, qui pourtant avait fait ses preuves ?

    L’aspirine, qui est aussi un médicament référent, a un effet anti-inflammatoire, il peut générer des douleurs d’estomac et peut faire saigner, à savoir que le risque d’hémorragie existe, dans l’estomac justement, les intestins… Les effets indésirables de l’aspirine ont toujours été connus, ils sont non négligeables, même si l’aspirine à petites doses pour les patients qui ont besoin de « fluidifier » le sang est une bonne option. On sait aujourd’hui que ces effets anti-inflammatoires peuvent entraîner des complications infectieuses. L’ibuprofène a été une alternative à l’aspirine dans les années 90 environ, mais le médicament a les mêmes inconvénients que l’aspirine en dehors d’un impact sur la coagulation du sang. Ces effets indésirables n’existent pas avec le paracétamol.

    Pourtant en 2018, l’ANSM (agence du médicament) a sensibilisé les patients sur les risques de toxicité liés au paracétamol.

    En effet, les recommandations ont évolué. Le Doliprane peut être toxique pour le foie, lorsqu’il est consommé à haute dose. Il ne faut pas dépasser les 4 gr par jour, et espacer les prises de médicament toutes les 6 heures. L’intoxication au paracétamol est une des premières causes de greffe hépatique pour cause médicamenteuse, à l’origine de plusieurs dizaines de décès chaque année en France. Comme tout médicament, celui-là n’a rien d’inoffensif, il doit être consommé avec raison.

    Pourquoi les Américains ont voulu acheter le Doliprane à Sanofi ?

    Il n’existe pas de groupe générique pour le paracétamol seul, les pharmaciens ne sont pas tenus de substituer une ordonnance de Doliprane par un générique du paracétamol. En clair, si le médecin a prescrit du Doliprane, le pharmacien doit normalement délivrer du Doliprane, ce qui fait de ce médicament une rente, malgré la présence d’autres marques proposant du paracétamol. On est donc sur un marché protégé qui intéresse les Américains. En France, on sait faire les comprimés de paracétamol, un groupe générique risque d’être créé, mais la matière première, on doit encore et toujours l’acheter en Chine ou en Inde.

     
     
     
     
     
     
    « Sécurité à Bordeaux : Pierre Hurmic redemande à Bruno Retailleau l’implantation d’une compagnie de CRS à demeureVIDEO. Colère des agriculteurs en France : « Tic-tac », le monde paysan va-t-il ressortir les tracteurs cet hiver ? »