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"Pourquoi nous allons tester le revenu universel dans nos départements"
TRIBUNE – Huit présidents de conseils départementaux annoncent au JDD qu’ils vont tester le revenu de base sur leur territoire. Et expliquent pourquoi.
"La réflexion autour du revenu de base n’est pas nouvelle dans l’histoire de nos sociétés. Elle questionne tant les projets de vie que les rapports sociaux. Le revenu de base ne laisse personne indifférent, qu’on le défende ou qu’on le pourfende. Présidents de huit départements, nous décidons aujourd’hui de nous saisir de ce débat. Sans dogmatisme, sans certitudes, mais avec l’intuition que son émergence est l’occasion de porter un nouveau regard sur les défis du présent. Chefs de file des solidarités, nous sommes en prise avec le monde vécu et quotidien de nos concitoyens. Nous qui gérons le Revenu de solidarité active (RSA), nous mesurons tous les jours le rôle essentiel d’un filet de sécurité contre la grande pauvreté mais aussi ses limites. Sa complexité et celle de l’ensemble des minimas sociaux engendrent du non recours – plus de 30% de ceux qui ont droit au RSA n’en font pas la demande –, des ruptures de droits, des indus. Le RSA échoue à vaincre la pauvreté, qui frappe près de 9 millions de personnes en France, et suscite la stigmatisation de ceux qui le perçoivent.
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En première ligne sur la question sociale, nous sommes les témoins des profondes mutations qui affectent la société : l’intensification et la diversification de la précarité, l’éclatement du salariat, l’érosion des liens sociaux, et même la perte d’estime de soi. Nous savons que l’accès à l’emploi reste une marche essentielle vers la dignité et l’insertion sociale. Refusant la résignation, nous voulons être offensifs. Nous voulons innover socialement et redonner du sens à un projet de société.
Le revenu de base n’est pas le fossoyeur de la valeur travail
Le revenu de base renouvelle une ambition universelle, celle qui a fondé la création du Revenu minimum d’insertion (RMI) en 1988 : garantir un revenu socle pour tous.
Le revenu de base ne se réduit pas à une simple allocation de ressources, mais il pose, de fait la question de l’autonomie du citoyen, son rapport au travail, son engagement dans la société, sa vie familiale.
Le revenu de base n’est pas le fossoyeur de la valeur travail. Il est au contraire, pour celles et ceux qui passent à travers les mailles du filet de toutes les politiques publiques, une opportunité de reprendre le chemin de l’emploi.
Le Président de la République a annoncé à l'occasion du 100ème Congrès des Maires son intention de réformer la Constitution pour assouplir le droit à l’expérimentation. Trop de réformes sont élaborées "hors sol" et tombent d’en haut sans avoir jamais été confrontées avec le réel. Nous croyons aux initiatives locales pour orienter les grandes tendances qui traversent notre société et nous voulons être les "laboratoires" où s’inventent les solutions de demain.
Nous revendiquons notre rôle de défricheurs des possibles
Il y faut de la méthode. Etudier d’abord les bas revenus en France pour connaître plus finement les réalités sociales. Elaborer un modèle robuste, crédible scientifiquement, audacieux socialement et soutenable financièrement grâce à des micro-simulations. Nous voulons passer de l’étude en laboratoire au test in vivo en portant un projet d’expérimentation au Parlement. L’évaluer pour l’ajuster, avant peut-être de le généraliser.
Présidents de huit départements, nous décidons aujourd'hui de prendre nos responsabilités, et avec engagement et pragmatisme, nous revendiquons notre rôle de défricheurs des possibles pour contribuer à la refondation de notre contrat social."
Les présidents de Gironde, Jean-Luc Gleyze; Aude, André Viola; Ariège, Henri Nayrou; Gers, Philippe Martin; Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein; Haute-Garonne, Georges Méric; Ille-et-Vilaine, Jean-Luc Chenut; Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel.
Par Redaction JDD
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