Deux grandes banderoles encadrent le portail rénové de la mairie de Bordeaux. Sur l’une d’elles, on peut lire : « Loi de finances 2025 : l’État ampute le budget municipal de Bordeaux de 16,5 millions d’euros. On les prend où ? » Un message coup de poing pour prendre à témoin l’opinion publique. « C’est une initiative rare, à la hauteur des mesures brutales que nous subissons. Nous, ce sont les collectivités de ce pays, quelles que soient leurs étiquettes », explique Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux. L’initiative rappelle le compteur qu’avait installé Philippe Madrelle, l’ancien président du Département, en 2010, comptabilisant la dette de l’État envers la collectivité sur les transferts de charges non compensées.
« Dérapage incontrôlé »
Cette fois, il est question du projet de loi de finances 2025, en cours de discussion à l’Assemblée nationale. Le gouvernement prévoit de réaliser 5 milliards d’euros d’économies en réduisant les recettes des collectivités, entre ponctions et gel des aides. Pour la Ville de Bordeaux, cela correspond à une baisse de 16,5 millions d’euros sur son budget de fonctionnement. L’équivalent des salaires annuels de la police municipale ou du coût de la cantine scolaire pour les élèves bordelais, le financement de la moitié des places de crèche…
« La Ville de Bordeaux ne refuse pas de participer à l’effort, mais les modalités adoptées sont injustes et insurmontables »
La faute au « dérapage incontrôlé et abyssal du budget de l’État. Le ministre de l’Économie a lui-même évoqué l’un des pires déficits de l’histoire. L’État fait payer sa gestion calamiteuse aux collectivités. La Ville de Bordeaux ne refuse pas de participer à l’effort, mais les modalités adoptées sont injustes et insurmontables. C’est une attaque frontale contre nos collectivités, envers la démocratie locale », ajoute Pierre Hurmic.
Maintenir l’investissement
Une sortie qui intervient à la veille du rapport d’orientation budgétaire qui sera débattu ce mardi 5 novembre en conseil municipal. « On va s’efforcer de présenter un budget en équilibre sans augmentation d’impôts, sans dégrader la qualité du service public », indique Claudine Bichet, adjointe aux finances, qui entend maintenir le cap de l’investissement. « Investir, c’est préparer l’avenir, ne pas le faire serait creuser la dette climatique », estime-t-elle. Mais avec ce tour de vis général, le budget devrait baisser de 1,8 million d’euros, notamment en raison du rabotage du fonds vert.
Dans le précédent budget, l’investissement de la Ville atteignait 153 millions d’euros : « On va se battre pour ne pas avoir à encaisser ce choc », explique Pierre Hurmic. Mais d’un autre côté, la municipalité va se préparer à des « ponctions » durables de la part de l’État. « Il faudra bien faire des économies quelque part », reconnaît le maire, indiquant qu’il n’entend pas augmenter les impôts locaux (la taxe foncière) d’ici la fin du mandat pour résoudre l’équation budgétaire.
Le salon des maires, qui démarre le 20 novembre, sera l’occasion de faire entendre la voix des collectivités. Par-delà leurs appartenances partisanes, elles sont vent debout contre ce projet de loi de finances.